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Critique : Doctor Who (2005) 10.01

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"The Pilot" permet d’offrir un nouveau départ à Doctor Who grâce à la nouvelle compagne, Bill, tandis que Peter Capaldi entame sa dernière saison.

L’introduction d’un compagnon est toujours une étape importante dans Doctor Who. Ce serait un euphémisme de dire que des compagnes telles qu'Amy, River ou Clara ont influencé le cours de la série durant leur run : elles ont littéralement dicté la direction du show ! Que l’expérience fût bonne ou pas, il est temps de passer à autre chose. Après deux intermèdes de Noël plus ou moins réussis, Doctor Who est de retour après un an et demi de pause et lance un mini-reboot comme on n’en avait plus eu depuis The Bells of Saint John, voire même depuis The Eleventh Hour, le premier épisode de Matt Smith. Que vaut donc notre pilote ?

 

~~~

 

Bill Potts

 

La grosse caractéristique de l’épisode, c’est bien sûr l’introduction du personnage de Bill Potts, la nouvelle assistante de Twelve. Après une scène d’introduction proche du malaise télévisuel, où l’on se demande si le scénariste n’a pas voulu trouver le moyen le plus forcé de l’histoire pour marquer le fait que Bill soit le premier compagnon ouvertement gay de la série (reconnaissant même dans son dialogue que cela n’a aucun rapport avec l’intrigue et que Bill "espérait que ça allait déboucher sur quelque chose" – ou est-ce le scénariste qui parle ?), Bill arrive à nous charmer immédiatement ensuite. Son personnage est rafraîchissant, on sent qu’elle a tout à fait le profil d’une compagne, étant très curieuse, optimiste, avide de découvertes. C’est d’ailleurs pour ces raisons que le Docteur s’intéresse à elle – et c’est la première fois depuis Martha que c’est dans ce sens-là que la rencontre se fait, et non pas la compagne qui s’impose au Docteur !

 

Bill Potts

"This is the most exciting thing that's ever happened to me in my life. The only exciting thing !"


Pearl Mackie est également charmante, elle fait parfois preuve de subtilités dans son jeu qui corrige certaines lignes maladroites du script (le passage où elle cite une phrase de sa mère même si elle ne l’a jamais connue sonne assez faux sur le papier, mais Pearl Mackie adopte une retenue et un regard qui fait marcher la scène – cf. image juste au-dessus). L’alchimie avec Peter Capaldi est immédiatement présente et la dynamique professeur/étudiante avec le Docteur fonctionne très bien. Sans être aussi brillante ou originale que le concept "ami imaginaire" pour Amelia Pond ou celui de "fille impossible" pour Clara Oswald, l’idée de laisser passer plusieurs mois dans la relation entre Twelve et Bill est ingénieuse et permet déjà d’instaurer une relation de confiance.

Toute la suite de l’épisode se déroule, bien sûr, comme une introduction pas à pas à l’univers de la série. Si vous connaissez des amis qui n’ont jamais vu Doctor Who, c’est le bon moment pour leur faire découvrir cette pépite de série par cet épisode ! Tout le passage de la découverte du TARDIS est excellent ; Moffat se plaît à détourner certaines étapes obligatoires du show et nous avait déjà offert une parodie de scène de découverte du TARDIS d’anthologie dans The Husbands of River Song. Pour le baptême du TARDIS de Bill, la caméra de Laurence Gough et le travail sur la lumière lorsque l’étudiante entre pour la première fois à l’intérieur est particulièrement belle à voir (cf. image plus bas). La réalisation de l’épisode au sens large était plutôt bonne dans l’ensemble ; elle instaure en tout cas une ambiance qui se distingue de l’ère précédente, même si on n’atteint pas les niveaux de l’ère Eleven (ma découverte de TARDIS préférée reste visuellement celle de The Snowmen).

La dernière originalité de Bill, c’est qu’elle a déjà conscience de certains éléments de science-fiction. Après une Clara qui ne savait même pas se servir du wifi, ça fait du bien ! Ce petit trait de personnalité lui ajoute directement une étiquette de compagne moderne, en phase avec son époque, et donne lieu à de nombreux petits passages comiques, sans pour autant retirer à son émerveillement face à la découverte des éléments clés du show.

 

TARDIS dans l'obscurité

"Look, I know you know lots of stuff about, well, basically everything, but do you know any sci-fi ?"

 

En dépit de toutes ces originalités, Bill reste une compagne plutôt classique. The Pilot en dresse néanmoins un portrait assez fouillé et complexe. Bill mène une vie qu’elle aime bien mais qui la rend parfois malheureuse, Bill a un passé intéressant et souffre du fait de ne pas avoir connu sa mère biologique, Bill semble proche de sa mère d’adoption mais ne lui a toujours pas dit qu’elle est gay, Bill sert des frites mais aspire à étudier à l’université, Bill pose plein de questions mais a un sens du détail qui se détache de l’ordinaire tout en restant réaliste, Bill est assez peureuse sur les bords mais très curieuse… En un seul épisode, on peut dessiner un portrait plus complet sur elle que sur n’importe quelle autre compagne du show au même stade ! Et tant mieux car, si j’ose dire, il n’est pas dit qu’elle reste aussi longtemps que les autres dans la série.

On pourrait arguer qu’elle reste la jeune londonienne classique qui voyage avec le Docteur. Seulement, même si elle rentre beaucoup dans le modèle des compagnes typiques, il est indéniable qu’après les compagnons d’Eleven et de Twelve, une compagne un peu classique ne fait pas de mal, bien au contraire ! Ces dernières années, les personnages "normaux" étaient plus devenus l’exception que la règle, ce qui permettait des histoires peut-être plus riches et originales, mais qui n’était pas un modèle viable à long terme pour une série de cette envergure. De toute façon, Doctor Who est un show cyclique, il était inévitable de retourner à quelque chose de plus simple au bout d’un moment, et il serait stupide de le condamner. Surtout quand un personnage est aussi bien et aussi vite caractérisé et qu’il présente en plus certains traits originaux. Il faut laisser respirer les caractéristiques phares du show parfois, et avoir de simples aventures avec une simple compagne. La banalité apparente de Bill est ainsi paradoxalement rafraîchissante et permet déjà d’entrevoir de nombreuses facettes de son personnage. Bienvenue dans le TARDIS, Bill Potts, tu es déjà acceptée !

 

 

Le pilote de Doctor Who ?

 

L'autre vocation de l’épisode, c’est de relancer la série sur des bases simples et saines. Le scénario du jour, simple et pas très original mais efficace, est ainsi typiquement le reflet de cet état d’esprit.

Avec quelques bonnes idées recyclées, Steven Moffat s’amuse assez facilement et ne se casse pas trop la tête pour sa menace extra-terrestre du jour. On imagine une créature à la The Waters on Mars (tremper quelqu’un de la tête au pied, c’est pas cher à faire !), on lui donne une voix menaçante et on lui fait répéter ce qu’un autre personnage lui dit à la Midnight (des éléments qui ne seront jamais expliqués), on prend un élément de la vie réelle qu’on va transformer en menace (très grosse caractéristique de Moffat) : les flaques d’eau, on ajoute une histoire de fuite de carburant intelligent provenant d’un vaisseau spatial qui cherche un pilote avec l’envie de voir le monde pour décoller (exactement comme dans The Lodger !), s’ensuit une petite course poursuite à travers l’univers (The Chase). Le tour est joué, vous avez un scénario ! C’est du recyclage plutôt bien fait car les inspirations sont très nombreuses et qu’il y a quelques nouvelles idées sympathiques, comme le "faux-reflet". Mais concrètement, on est en présence d’une flaque magique qui voyage dans le temps et qui est au fond gentille, ce qui rétrospectivement rend incohérente son attitude menaçante – oui, on pourra toujours arguer que c’est juste une "façon de communiquer", mais cela a été clairement fait dans le but de nous tromper de façon un peu malhonnête.

 

Life

Un des très bons passages visuels et dialogues de l’épisode : le cours du Docteur sur la linéarité du temps, discours classique chez Moffat (The Girl in the Fireplace, Blink…).

 

L’idée que la créature ne soit pas véritablement méchante et qu’elle était juste guidée par l’amour – du moins, on nous laisse le doute – est cependant plutôt originale. Avant la saison 8, il n’y avait jamais eu un seul épisode de la série sans ennemi à affronter, c’est dire à quel point il y a encore du potentiel à ce niveau-là. Et il y a un joli parallèle assez subtil de l’histoire du jour avec la série et les personnages, comme souvent avec Moffat : l’entité veut partir loin, faire découvrir l’univers à un passager qui s’avère être Bill, et lui montrer les merveilles de l’univers malgré le danger qu’elle représente. La métaphore est cependant un peu bancale et n’est d’ailleurs jamais rendue explicite, ce qui ne nous incite pas vraiment à creuser. Le scénario du jour est volontairement sacrifié pour un développement des personnages. Cela reste un deal honorable, d’autant que la menace alien n’a jamais une place très importante dans les épisodes d’introduction de compagnon, ce qui est compréhensible. Le scénario est d’ailleurs habilement modelé en ce sens : par exemple, la deuxième partie de l’épisode permet de justifier de multiples déplacements du TARDIS afin de faire voir à Bill tout ce qu’il y a à voir dehors. Un procédé qui n’est pas sans rappeler The Bells of Saint John, quand Eleven avait fait bouger le TARDIS dans un avion en crash puis le lendemain matin, histoire de montrer à Clara le B.A-BA du voyage spatio-temporel. Là encore, le recyclage est plutôt malin et il faut vraiment être un fan hardcore qui connaît tous les épisodes par coeur (hem hem) pour le voir, mais la trame est belle et bien la même, et on ne peut pas en vouloir à Moffat puisqu’elle fonctionne très bien.

 

Pearl et Twelve face à un Dalek

La vidéo d’introduction de Pearl Mackie est d’ailleurs habilement intégrée au récit de l’épisode et permet de faire figurer les cultissimes Daleks, complétant encore plus la dimension "pilote pour néophyte" de l’épisode.

 

Enfin, il me reste tout juste quelques lignes avant que cette critique ne devienne officiellement trop longue, pour aborder le fil rouge, un gros point positif de l’épisode. Le coffre-fort que garde le Docteur depuis cinquante ans m’intrigue énormément. Très différent des fils rouges habituellement ultra voyants des saisons de Steven Moffat, cette intrigue est plutôt discrète, intégrée à l’histoire sobrement au milieu de l’épisode. Elle ne risque pas d’apparaître à chaque épisode de la saison, mais peut resurgir à tout moment (le Docteur a dit qu’il recevra un message sur son papier psychique si quelque chose cloche, ce n’est pas anodin).

Ce fil rouge est une idée de mystère jamais vue dans le show à ma connaissance. Même si on en sait pour le moment très peu, on peut émettre l’hypothèse raisonnable que le coffre-fort a quelque chose à voir avec Gallifrey ou les Seigneurs du Temps (il en a le look). Contient-il un objet que le Docteur veut éloigner des Seigneurs du Temps ? Une arme ? Quelqu’un de dangereux, façon Pandorica ? (Missy, peut-être ?) Parler de tous ces éléments me semble limite hors-propos tant l’épisode qu’on vient de voir est hors de la continuité habituelle du show. Tout ce que l’on sait, c’est que le Docteur garde un oeil dessus depuis cinquante ans et que cela peut potentiellement intéresser d’autres créatures de l’univers (comme la flaque de l’épisode).

 

The Pilot relance la série avec de nouvelles bases solides, à travers une histoire certes un peu faible, mais qui est un prétexte pour présenter la nouvelle compagne Bill Potts, déjà prometteuse. Le plaisir de retrouver Doctor Who sous une autre forme est une sensation toujours inégalée !

 

J’ai aimé :

 

  • Bill, joli mélange de compagne traditionnelle et de modernité.
  • Le fait que l’épisode soit un mini-reboot du show et une sorte de tutoriel pour de nouveaux spectateurs.
  • Une réalisation à l’image de l’épisode : simple mais efficace, pas hyper originale mais différente, donc rafraîchissante dans la série.
  • Jolie bande son, elle aussi assez rafraîchissante, même si comme toujours avec Doctor Who elle est très intrusive dans les scènes.
  • Quelques détails très bien placés dans l’épisode qui apportent un petit plus – j’en parle dans le Coin du Fan plus bas.
  • Sans déconner, Peter Capaldi est vraiment excellent, quel dommage qu’il parte déjà !

 

Je n’ai pas aimé :

 

  • Scénario du jour simpliste et pas tout à fait cohérent rétrospectivement.
  • De légers bouts de dialogues forcés ou pas naturels.
  • Nardole (cf. plus bas).

 

Ma Note : 14/20.

 

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Bonus : le Coin du Fan

 

Même si The Pilot ne détrônera pas The Magician’s Apprentice de la saison précédente comme le premiere le plus référencé de l’histoire de la série, il comporte tout de même bon nombre de clins d’œil pour le fan averti, même si bien sûr la nature de l’épisode fait qu’une personne n’ayant jamais vu la série pourra sans problème tout comprendre.


  • Cela n’a échappé à aucun fan, des photos de River (sa femme) et Susan (sa petite-fille) sont disposées sur le bureau pour aider le Docteur à avoir quelques bons souvenirs durant ses années sur Terre. De multiples tournevis soniques d’anciens Docteurs, une statue de corbeau, un buste de Beethoven et son air à la guitare sont également tous présents.

 

Susan et River

 

  • Bill mentionne l’incohérence des initiales "TARDIS" qui n’ont du sens qu'en anglais alors que le Docteur vient d’ailleurs. La réponse, on l’a dans la série classique : c’est en fait Susan, passionnée par l’histoire des humains, qui a inventé le mot à partir des initiales de la phrase "Time And Relative Dimension In Space", répétée plusieurs fois dans l’épisode.

 

  • Ma référence préférée : lorsque le Docteur pense à effacer la mémoire de Bill, cette dernière lui fait changer d’avis en lui disant d’imaginer ce que ça ferait si quelqu’un lui faisait ça à lui. Le Docteur laisse alors Bill partir. Tout cela faisant bien évidemment référence aux événements de la fin de Hell Bent avec le double-effacement de mémoire. À ce moment, le thème de Clara se fait même entendre (Murray Gold, ce génie !). Ce n’est pas la seule référence musicale de l’épisode : lors du plan où Bill découvre l’intérieur du TARDIS et où la console centrale s’illumine, une variante du thème "A Mad Man With a Box" (le thème du Onzième Docteur) est jouée !

 

  • Le titre original de l’épisode, "A Star in Her Eye", était lui aussi un titre à double-sens : il faisait référence aux yeux vairons d’Heather qui sont un indice dans le mystère de la flaque de l’épisode, et dans un sens plus imagé, à la découverte de l’univers par Bill.

 

Out Of Order Reference

 

  • Petit hommage à William Hartnell : la pancarte "Out of Order" sur le TARDIS est exactement identique à celle laissée par le premier Docteur dans l’épisode The War Machines. Ce n’est pas la plus grande référence à William Hartnell, cela dit. Le diminutif de William étant… Bill. Cela vous paraît anodin ? Et si je vous disais que la femme de William Hartnell s’appelait… Heather, tout comme le crush de Bill dans cet épisode (que nous serons peut-être amenés à revoir) ?

 

  • L’excellente explication du "c’est plus grand à l’intérieur !" avec les deux boîtes que Nardole fait brièvement à Bill provient d’un dialogue de l’épisode classique The Robots of Death, histoire très appréciée des fans. Le quatrième Docteur tentait à l’époque de l’expliquer à sa compagne, Leela :

 

Leela : So, explain to me how this Tardis is larger on the inside than the out.

Doctor : Hmm ? All right, I'll show you. It's because insides and outsides are not in the same dimension. (The Doctor gets two boxes from a cupboard.) Which box is larger ?

Leela : That one.

Doctor (he leaves the larger box on the console then goes over to Leela with the other) : Now which one is larger ?

Leela : The same one.

Doctor : But it looks smaller.

Leela : Well, that's because it's further away.

Doctor : Exactly. If you could keep exactly that distance away and have it here, the large one would fit inside the small one.

Leela : That's silly.

Doctor : That's transdimensional engineering, a key Time Lord discovery.

 

  • Autre référence à l’ère du quatrième Docteur : le peuple affrontant les Daleks n’est autre que les Movellans, ennemis dernièrement vus dans Destiny of the Daleks, la dernière histoire de Four. Ils ne sont pas particulièrement mémorables.

 

 

Bonus 2 : le Coin du Nardole

 

J’en ai pour l’instant autant parlé dans ma critique que Nardole avait d’utilité dans l’épisode (c’est-à-dire : pas du tout). Attention, je vais donc faire un peu mon hater – et ce sera sans doute la seule fois où je parlerai sérieusement de Nardole cette saison.

Nardole, c’est l’élément inconnu de cette nouvelle saison 10 qui se veut fraîche et attractive.

Nardole, c’est le vestige d’une ancienne ère du show mais le témoin d’une nouvelle direction "fun" de la série.

Nardole suit le Docteur comme un toutou mais part à droite quand ce dernier part à gauche, lolilol, c’est comme dans les cartoons.

Nardole répète les phrases du Docteur et ajoute en changeant de tonalité de voix à chaque réplique : "I don’t like thaaat".

Nardole évite les tirs des Daleks parce qu’il est trop fort ce Nardole ! Mais sinon il évite l’action, quand même, ce n’est qu’un simple androïde (qui va aux toilettes et laisse de mauvaises odeurs…).

Nardole connaît tellement bien le Docteur par cœur (c’est vrai qu’ils ont fait au moins deux aventures ensemble, c’est ouf !!! Rose, Sarah Jane, Amy et Clara n’ont qu’à aller se rhabiller !!!) qu’il peut faire de jolies phrases sur le Docteur. Phrases qui font tout sauf naturelles : "the Doctor never notices the tears"– ouais, même si plus tôt dans l’épisode, le Docteur voit immédiatement les problèmes de cœur de Bill et lui demande ce qui ne va pas, puis veut s’assurer de son bonheur en allant prendre des photos de sa maman et en les lui offrant (très belle scène par ailleurs). Cette phrase, c’est une pathétique tentative de rendre Nardole attachant et de faire une punchline gratuite au passage, c’est le naturel de Moffat qui continue de transparaître (la recherche constante de la punchline) et qui sonne faux par rapport au reste de l’épisode.

En bref, Nardole, c’est quelque chose d’inutile. Prévu pour être relégué au second plan pendant les premiers épisodes de la saison le temps d’introduire Bill – une sage décision qui va néanmoins aggraver le problème du "mais qu’est-ce qu’il fout là ??" pendant encore un temps – Nardole n’est qu’une pièce rapportée à la saison et va probablement plomber cette dernière (oui oui). La seule bonne solution aurait été de le virer de la série, ou bien au moins de centrer vraiment le Noël sur lui afin de donner à son personnage un peu de fondement AVANT la saison. Maintenant, les autres scénaristes devront juste assumer cette erreur de Steven, aveuglé par le talent comique de Matt Lucas (alors qu’il n’y a vraiment pas de quoi, soit dit en passant, son jeu faisant même partie des choses qui rendent le personnage insupportable à mes yeux). Les "comic reliefs", personnages purement là pour la blague, ça marche bien dans la série (j’adore Strax). Mais pas H24.

 

Nardoleusement vôtre, rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !


Critique : Sense8 2.01

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Séries Mania nous a permis de voir en avant-première le premier épisode de la saison 2 de Sense8. Avant-goût de ce qui nous attend le 5 mai !

Ce mardi 18 avril était diffusé à l’UGC des Halles de Paris le tout premier épisode de la deuxième saison de Sense8, la série de Netflix créée par les Wachowski. Il existe malheureusement un embargo contre la divulgation du contenu précis de cet épisode ; néanmoins, rien n’empêche de vous mettre un peu l’eau à la bouche.

 

Sense 8 2.01

Image non issue du season premiere


Déjà, une chose est claire, ce season premiere est dans la même veine que ce qui a précédé : discours politique engagé, humour bon enfant, montages musicaux et grande émotion humaniste qui se dégage de l’ensemble. L’épisode reprend où le Christmas Special s’était arrêté, à savoir une position de danger toujours plus grande pour les sensitifs vis-à-vis de Christopher qui, on le rappelle, est parvenu à créer une connexion néfaste avec Will afin de déterminer où lui et Riley se cachent. Mais les sensitifs sont loin d’avoir dit leur dernier mot, et suite à une triste découverte liée au passé de Will, sont d’autant plus prêts à en découdre.

Cette saison pourrait bien être celle qui inverse la tendance, où le positif prend le pas sur le négatif, à l’image de cette fin d’épisode particulièrement jouissive. L'épisode dans son ensemble propose quelques dialogues sur la nécessité de rester positif dans un monde parfois terrible, la série gardant ainsi toujours son ton humaniste parfois naïf mais qui fait du bien au cœur. Mais vraiment, cette fin propose un basculement jusque là assez inédit. On défie d’ailleurs quiconque de ne pas se jeter immédiatement sur l’épisode 2 après cette fin. C’est tout l’avantage de la diffusion Netflix, et le terrible fardeau de votre humble serviteur qui devra patienter jusqu’au 5 mai.

Autant vous prévenir tout de suite, on verra très peu Sun dans cet épisode de reprise ; en revanche, la présence des autres personnages est savamment dosée avec toujours une fluidité exemplaire. Cette fluidité, elle est due à la parfaite osmose entre le lien émotionnel des personnages et le montage, qui fait se répondre des situations en y dégageant une émotion commune. Dans cet épisode il s’agira du courage et de la question de l’identité, mais bien entendu on vous laisse découvrir dans quel contexte. Du coup vous l'aurez compris, le spectateur aura droit à une grande scène de réunion dans cet épisode, le genre de scènes qui fait tout le sel de la série.

 

En tout cas, ce season premiere est sans défaut majeur, reprenant les bonnes bases de la saison précédente pour mieux continuer à les développer (car pour ma part, le Christmas Specialétait handicapé par son format long, rendant répétitives certaines séquences). Il ne fait a priori pas de doute qu’il ravira les fans de la série, même s’il ne possède pas vraiment de moment qui ressorte particulièrement du lot à part sa fin extatique. Tout va bien dans le meilleur des mondes, quoi.

 

Ma note : 13/20.

Critique : Better Call Saul 3.02

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Où on se tend des pièges.

Depuis le début on savait. On savait que ce moment arriverait. On a attendu en vain l'an dernier. Cette année, après un épisode de mise en bouche, cette fois ça y est : Gus Fringe is back.

 

 

Los Pollos Hermanos

 

Dans Better Call Saul, la question a davantage été celle du comment, que du pourquoi. On sait quel admirable psychopathe au sang froid est Gus Fringe. Un homme affable en apparence qui peut, en un éclair, égorger au cutter un de ses hommes. Un homme qui est surtout la personne la plus rigoureuse et méthodique qui soit du "Breaking Bad-verse". Alors forcément, lorsque Jimmy se pointe dans son restaurant avec la finesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, ses soupçons s'éveillent immédiatement.

Il faut ici saluer l'admirable mise en scène de cette séquence muette d'environ sept minutes. Contrairement à la rencontre Walter-Gus, cette fois nous savons précisément qui chercher. Découle alors, en introduction, un superbe panoramique qui balaye l'ensemble du fast food, nous laissant bien le temps de regarder partout. Par la suite, à chaque fois que quelqu'un va apparaître flou en arrière plan, la caméra va systématiquement prendre le soin de faire la mise au point sur celui-ci. S'ensuit un espèce de jeu entre Vince Gilligan (qui dirige l'épisode) et le spectateur omniscient, jeu dont ne fait absolument pas partie Jimmy, qui fait ici figure de témoin badaud (celui du titre) totalement placé en position d'infériorité.

 

Gus, Saul et Mike

 

Là où la mise en scène (peut être la plus belle depuis le début de la série) touche au sublime, c'est que même en ayant accès à toutes les informations, au final on ne sait rien. Gus a-t-il repéré Jimmy à cause de sa faible discrétion ? Ou a-t-il quand même procédé à l'échange en récupérant dans sa balayette le contenu de la drogue ? Tout nous a été donné à voir et nous n'avons rien vu. Gus est un homme qui non seulement retourne le piège de Mike contre lui, mais en plus, parvient à vaincre le spectateur tout puissant.

 

 

Los Abogados Hermanos

 

Chuck parvient également à battre Jimmy sur son propre terrain. J'avais déjà évoqué ce point, dans ma critique du dernier épisode de l'an dernier : le grand frère doit se mettre au niveau du petit frère pour le vaincre. Ce qu'apporte cet épisode en plus, c'est que l'appétit de fraude, de mensonge et d'arnaque semble bel et bien être commun aux deux McGill. Les frères ne sont en réalité pas si différents que cela. Chuck en tant qu'avocat a probablement dû faire des coups tout aussi retords que son frère. La différence entre les deux tient surtout au fait que Jimmy sous-estime largement la haine que Chuck lui porte, et que ce dernier sous-estime l'amour de son frère. Les deux étant dans des dynamiques complètement opposées, tout cela ne peut malheureusement que mal finir.



Épisode brillamment mis en scène, porté par deux fabuleuses séquences (le restaurant et la fin) et une flopée de références de caméo. Gus is back, et l'excellence aussi.

 

J'ai aimé :

 

  • Michael McKean et Bob Odenkirk. Sans une telle alchimie entre les deux acteurs, la série ne serait pas là où elle en est. La performance de Bob en colère à la fin est un délice.
  • "No wonder Rebecca left you." La précision chirurgicale du scénario lâche une précieuse information au détour d'une phrase. Non, la femme de Chuck n'est pas morte. Ils ont simplement divorcé. Reste maintenant à savoir pourquoi...
  • Encore une fois la mise en scène. Au-delà de la scène de rencontre entre Gus et Jimmy, certains des plans de la traque de Mike en début d'épisode sont de véritables tableaux de maître.

 

Je n'ai pas aimé :

 

  • Une petite pensée ici pour les spectateurs qui n'ont pas vu la série mère (ils existent). L'épisode perd quand même vachement en impact.
  • Kim. L'actrice est irréprochable sur le coup, mais je trouve que sa couverture de Jimmy commence à aller plus loin que sa moralité semblait lui permettre en saison 1 et 2. Même si c'est sûrement volontaire, je trouve que cette évolution du personnage manque un peu de finesse.
  • Cet ami qui m'a indiqué la chose suivante dans le courant de la semaine : "Le sourire de Chuck après son interaction avec Ernesto montre indéniablement que tout cela n'est qu'un piège". Phrase annihilant tout suspens et qui m'a en partie gâché la fin d'épisode.

 

Ma note : 16/20.

 

 

Le Coin du Fan

 

Cette semaine, c'est carnaval ! Une véritable avalanche de références et de caméos. Procédons dans l'ordre :

 

  • Gus. Cet épisode marque la première apparition officielle du gérant de fast food. Dans Breaking Bad, Saul avait introduit le personnage avec la phrase suivante : "Je connais un type qui connaît un type... Qui connaît un type". Cela laissait à penser que Saul n'avait jamais rencontré Gus. Alors même si ce n'est pas encore officiellement le cas (puisque Jimmy ne sait pas encore qui c'est), on peut supposer que cette affirmation va rapidement devenir fausse. Cela ferait alors de Saul un menteur (pas la première fois, vous allez me dire). Là où ça devient un peu plus complexe, c'est qu'il semblait très surpris de découvrir dans Breaking Bad que Mike bossait pour Gus.

 

  • Toujours Gus. Comme dans Breaking Bad, ce dernier apparaît tout d'abord comme un personnage flou, avant de prendre la lumière :

 

    1ère apparition de Gus dans Breaking Bad

       

      • La voiture de Gus. Sur le parking du fast food, on peut apercevoir la voiture de Gus, modèle Volvo 70. Il conserve le même moyen de transport dans Breaking Bad. Hank aura d'ailleurs la réflexion suivante : "Un type riche aux millions qui se balade dans la même voiture pourrie depuis des années !"

       

      La voiture de Gus dans Better Call Saul

      La voiture de Gus dans Breaking Bad

       

      • Toujours à propos de voiture. Celle que Mike achète dans cet épisode (un modèle "Buick") est celle qu'il possède encore dans la série-mère :

       

      La voiture de Mike dans Breaking Bad

       

      • Pas vraiment un easter egg, mais plutôt un clin d'œil, disons. Difficile en effet de ne pas voir un parallèle entre Jimmy errant dans le fast food et Gene travaillant dans une chaîne franchisée similaire des années plus tard.

       

       

      • Lorsqu'il colle son logo, Jimmy fait référence aux Sandias Moutains. On voit cette chaîne de montagne à la toute fin de l'épisode :

       

      Sandias Moutains

       

        • Oui, la Francesca que Jimmy met tant d'empressement à recruter est bien cette même personne (aka "Honey Tits") qui travaille toujours pour lui dans Breaking Bad et qui a acquis un caractère disons.... Plus fougueux. Comme a pu en témoigner Walter :

         

           

          • À propos de Francesca : Saul menace à plusieurs reprises, dans Breaking Bad, de la renvoyer bosser pour le DMV. Des fans avaient fait remarquer à l'époque que c'était une erreur puisque la législation particulière du Nouveau-Mexique appelait ce service : MVD (pour Motor Vehicule Division). Vince Giligan n'a pas oublié ce fait et il transforme l'anecdote en dialogue dans cet épisode où Kim corrige Jimmy sur son erreur.

           

          • À noter que Giligan avait déjà procédé de la sorte dans Breaking Bad avec l'épisode de la pizza sur le toit. Des fans avaient démontré qu'il était strictement impossible pour une pizza découpée de rester intacte après un tel lancé. Plus tard, Badger commande dans le même restaurant et le livreur lui explique que la pizza non-découpée fait partie de leur signature de marque.

           

           

          Le bureau de Saul

           

          • Le jeu des parallèles entre les deux shows peut continuer très loin. Dans le deuxième épisode de la saison 3 (comme celui-ci, donc), Walter vit à l'hôtel. Il a dû quitter sa femme, son fils et sa fille. Saul vient le voir et le dialogue suivant s'enchaîne :

          Walt : "Elle m'a quitté. Tu comprends ? J'ai perdu ma famille. Tout ce que j'avais de plus précieux.

          Saul : – Hey l'ami. C'est terrible. C'est une calamité. Mais bon dieu, ça va pas te tuer !" 

          (Saul qui perd dans le présent épisode la seule famille qui lui reste parlait donc en connaissance de cause.)

           

          • Victor, l'homme de main de Gus qui apparaît brièvement à la fenêtre de sa voiture, fera plusieurs apparitions remarquées dans la série-mère où il finira par se faire violemment tuer par son boss. On peut quand même supposer qu'on risque de le voir agir prochainement en duo avec Mike.

           

          Victor

           

          • "Give me a dollar. Ok, I'm your lawyer now.". La même réplique est utilisée par Saul la toute première fois qu'il rencontre Walt et Jesse. C'est la seconde fois qu'on découvre que l'avocat véreux faisait référence à Kim dans Breaking Bad (après le film Ice Station Zebra) :

           

          Saul supplie Mike et Jesse

           

            À la semaine prochaine ! Comment Mike va-t-il finir par travailler pour Gus ? Que va faire Kim ? Comment Saul va-t-il réussir à rester avocat ? Aurons-nous un caméo encore plus important cette année ?

            Critique : Doctor Who (2005) 10.02

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            Alors cet épisode ? :D, :p, :/, ^^ ou :s ?

            Frank Cotrell Boyce (né en 1959 à Liverpool) est un scénariste et écrivain britannique. C’est un romancier pour la jeunesse. On lui doit en tant que scénariste Bienvenue à Sarajevo, Hilary et Jackie et le troisième volet de la trilogie de la honte de l’ère Capaldi avec Hell Bent et The Return of Doctor Mysterio.

            Auteur au style acéré, à l'écriture vive, à l'imagination foisonnante, Boyce écrit des histoires drôles pleines d'émotion et utilise pour cela le langage convaincant des adolescents (ce n’est pas moi qui le dit, c’est Wikipédia). Ce qui explique sans doute pourquoi l’on se retrouve avec des robots emojis en tant qu’antagonistes principaux de cet épisode (là par contre c’est bien une supposition personnelle).

            Épisode qui, au-delà de proposer ce genre d’ennemis mignons (que mine de rien on ,'avait plus vu depuis longtemps dans la série), se positionne également en tant que première véritable aventure de notre nouvelle compagne Bill. Tout un programme donc, avec un risque de ratage d’autant plus élevé qu’une réelle possibilité de réussite était là malgré le triste antécédent Whovien de son auteur.

            D’autant que, l’espiègle Whovian que je suis s’étant enfilé les 3 saisons de l’ère du Septième Docteur juste avant la saison 10, n’a pas pu s’empêcher, à travers les images promotionnelles de ce complexe assez beau, de ses points d’eau alléchants et de son personnel robotique, d’y voir un rapprochement avec Paradise Towers. Un très mauvais épisode de Seven où ce dernier et sa compagne cherchaient à se relaxer dans un complexe hôtelier avec piscine, géré par des robots et qui va partir en vrille en partie à cause de ces derniers…

            En fait il s’avère que je m’étais gouré. Franky n’a au final pas du tout cherché à repomper le concept de Paradise Towers pour éventuellement nous en fournir une meilleure version. Non, l’épisode de Seven qu’il a repris, c’est The Happiness Patrol. Au rabais.

             

            Une Jolie Construction Privée de Fondations

             

             

            Emoji-bot !


            En effet, la première chose qui marque au sortir de l’épisode, c’est à quel point le scénario se révèle superficiel sur ses sous-textes alors qu’il avait un potentiel assez dingue à sa portée. L’épisode bénéficiait d’un beau contexte pour développer une histoire solide avec des thématiques fortes et intéressantes et ne se contente que d’énoncer ses idées pour à peine les effleurer par la suite, restant toujours à la surface de ces dernières sans jamais ne les creuser une seule seconde.

            Et cela est surtout incarné ici par les robots emojis. Visuellement ils sont très réussis (j’en veux un pour mon prochain anniversaire, ils sont trop choupis) et parviennent même à constituer une menace sérieuse durant l’épisode, avec le concours de ces robots abeilles qui forment le mur de la station. Il est dès lors très dommage de constater qu’ils ne resteront que des ennemis on ne peut plus lambdas de la série, quand ils auraient pu apporter quelque chose de bien plus intéressant. La très efficace introduction laissant sous-entendre une éventuelle dictature du bonheur ? Il n’en sera au final rien, cette dernière n’étant presque plus jamais ressentie de l’épisode. Le fait d’être dans un bâtiment qui peut à tout instant se métamorphoser pour vous tuer, avec une rapidité d’exécution qui mettrait le Docteur sérieusement en danger et engendrerait de belles scènes de tensions ? Non plus. Et alors n’espérez surtout pas que Franky développe quoi que ce soit d’intéressant à propos du langage à travers les emojis…

            Non, comme avec l’écologie pour In the Forest of the Night, au bout du compte, Frank Cotrell Boyce ne se sert ici du langage emoji que comme d’un vulgaire gadget dans l’air du temps, une caution de modernité à son histoire qui ne dépassera jamais ce stade. Et c’est fort dommage car c’est ce qui aurait pu permettre à l’épisode de tirer son épingle du jeu pour devenir bien meilleur et réellement marquant. Si Franky est un scénariste qui sait assurément insérer des éléments et des sujets qui parlent à ses contemporains, il lui manque en revanche manifestement le talent nécessaire pour parvenir à en tirer la substance qui lui permettrait de rendre ses récits plus spécifiques et intéressants.

             

             

            Colonie d'humains dans Smile

             


            Et ce n’est malheureusement pas le seul défaut d’In the Forest of the Night qui refait ici surface, Franky ayant toujours sa conception très à lui du rythme. L’épisode est en effet foutrement mal rythmé, avec une exposition interminable et un dénouement balourdé à l’arrache en moins de 5 minutes. Pourtant, vidé de toute thématique intéressante à développer et bourré de meublages dont on se serait bien passé (le passage avec la chaudière …), l’épisode n’a absoluement aucune excuse pour être aussi mal dosé sur ce point, les interactions Docteur/Bill ne prenant clairement pas suffisamment de place au sein de l’épisode pour qu’on puisse dire que ça se fasse au détriment du reste. Même l’intro et la scène finale qui sont respectivement une extension des épisodes précédents et suivants ne peuvent être ici mis en cause ! (joli clin d’œil à l’ère Hartnell de la série Classique - que j’affectionne tout particulièrement d’ailleurs - la pratique d'une scène finale teasant l’aventure suivante étant en effet couramment répandue dans les épisodes du 1er Docteur)


            Et à côté de cela, il est à noter que l’épisode est impeccable visuellement parlant. Que ce soient les décors, les effets spéciaux où la réalisation, tout a été mis en œuvre pour offrir un rendu optimal et particulièrement soigné tels qu’on n’en a que trop peu eu dans les épisodes « mineurs » de ces dernières saisons. Du coup, l’épisode est ironiquement un peu à l’image de la colonie de son histoire : beau mais assez creux, au fond aussi volatile que les robots abeilles qui le compose…

             

             

            Adventure Time

             

            Bon, l’épisode n’a certes pas vraiment brillé de par son histoire de base, mais a-t-il pour autant déçu sur toute la ligne ? Son deuxième grand aspect, le fait qu’il s’agisse de la première aventure de Bill, l’a-t-il réussi, au moins ?

            Eh bien oui… et non à la fois.

            Je m’explique : Peter Capaldi et Pearl Mackie font indéniablement partie des points qui tirent cet épisode vers le haut, pour ne pas carrément dire qu’ils le sauvent du précipice. Leurs interactions se suivent avec grand plaisir et dynamisent fortement un récit qui, mal rythmé comme il est, aurait non seulement déçu mais aussi plongé indéniablement son spectateur au cœur d’un ennui mortel (qu’on ressent par soubresauts malgré tout le talent de nos comédiens). Bill, pleinement écrite ici comme une vraie humaine avant tout, offre de par ce simple fait une dynamique et une alchimie rafraîchissante avec le Docteur après 5 saisons de Moffateries en tous genres portées par des compagnons plot-devices qui n’existaient jamais que dans ce qui les rendaient exceptionnels aux yeux de son showrunner/du Docteur. Si The Pilot tendait à la désigner comme la possible lueur d’espoir de la fin du run de Moffat, cet épisode semble confirmer la tendance pour ce personnage qui va peut-être bien pouvoir être la vraie bonne surprise de la saison, si le big Moff ne fait pas tout foirer dans la dernière ligne droite encore une fois.

             

             

            Bill dans Smile

             

            Mais… force est de constater qu’en tant que première aventure d’une nouvelle compagne, cet épisode ne remplit pas vraiment le contrat. C’est tout d’abord dû au fait assez dommage que Bill est, en termes d’action, tout compte fait incroyablement passive dans cet épisode. En effet, si la jeune femme excelle dans son rôle d’élève du Docteur tel qu’établi dans The Pilot, elle est en revanche scénaristiquement inutile à la progression de tout l’épisode. Elle n’intervient significativement en rien dans les avancées de l’enquête du Docteur, ne participe d’aucune manière à sa résolution et ne crée même pas par maladresse de situations qui la mettent en réel danger ! Elle ne fait qu’apprendre pleins de choses tout du long, sur le TARDIS, sur le Docteur, sur l’univers, sur les robots… mais ne sort jamais de ce carcan. Et le côté rushed et sans réel aboutissement du dénouement de l’intrigue du jour (comme dans, ô surprise, In the Forest of the Night !) ne risque pas de l’aider davantage à en sortir…

            Du coup, logiquement, l’épisode ne nous apprend absolument rien sur elle qu’on ne connaissait déjà à l’issue du season premiere. Cet épisode n’est fondamentalement révélateur en rien de ne serait-ce qu’une infime parcelle de sa personnalité. Certes les précédentes compagnes n’ont pas toujours été des modèles d’action dans leur première aventure, reste qu’on avait même dans les pires des cas au moins ça à se mettre sous la dent.

            La première aventure de Bill aurait donc dans le fond pu être interchangée par n’importe quelle autre, tant elle semble avoir eu peu d’impact sur son personnage. Et si en définitive ce n’est pas la mort non plus, c’est moche quand même. D’autant plus que c’est ici sans doute dû à l’incapacité de son auteur à réussir à inclure réellement un compagnon dans son aventure (je n’ai en effet pas le souvenir que Clara ait joué un plus grand rôle que Bill dans l’autre épisode de son auteur)…

             

            En définitive, Smile est un épisode qui loupe ses deux principaux coches, sans pour autant retomber pleinement dans les méandres de la médiocrité d’In the Forest of the Night. Si Frank Cotrell-Boyce ne corrige fondamentalement pas les problèmes déjà présents dans l’écriture de son précédent opus, l’épisode du jour peut au moins se targuer d’avoir suffisamment d’éléments appréciables pour ne pas rejoindre son grand frère dans l’abîme, comme un visuel réussi, un main cast très en forme et des idées scénaristiques sans doute trop bonnes et pures à la base, de sorte qu’un saccage de leur potentiel et la présence de facilités scénaristiques regrettables ne suffisent pas à elles-seules à réduire à néant leurs aspects positifs. Un épisode assez oubliable en somme, bien que limitant suffisamment la casse pour ne pas être désagréable sur l’instant…

             

            Boom !?

            L'avenir whovien que l'on espère pour Frank Cotrell-Boyce

             

            J’aime :

             

            • Un épisode très réussi visuellement
            • Un casting au top, vecteur d’énergie
            • Bien que sous et mal exploités, j’adore les Robots Emojis
            • La scène finale mini-teasing de l’épisode suivant, très Hartnellienne
            • Moins d’une minute de Nardole

             

            Je n’aime pas :

             

            • De belles idées et thématiques qui restent au stade embryonnaire
            • Un épisode mal rythmé
            • Un scénario creux, faible et facile, à la résolution trop abrupte
            • Une première aventure quelconque au possible pour une Bill trop passive

             

            Note = 11/20

             

            Le Coin du Fan par Galax

             

            Peu de références directes cette fois-ci :

            • Bill s'interroge sur le sort de l'humanité quand ils partent coloniser le reste de l'univers. Le Docteur évoque même avoir croisé quelques vaisseaux en route. Cela fait référence à The Beast Below et dans une moindre mesure The Waters on Mars pour la nouvelle série, et The Ark, The Ark in Space ou encore Frontios pour la série classique.
            • Quand Bill tombe sur le grimoire retraçant l'histoire humaine, des images de Stonehedge et Vincent Van Gogh sont vues, deux symboles bien connus des Whovians remontant tous les deux à la saison 5.
            • A un moment dans l'épisode, le Docteur récupère un crâne et arrivent à "voir" la mort de la personne. Les compétences psychiques du Douzième Docteur ont par le passé été montrées comme plus puissantes que ses anciennes incarnations (cf Listen, Heaven Sent...)

             

            "A un ami chauve" - Le Coin du Nardole, par Koss

             

            Petit être chauve venu d'on ne sait où

            Avec toi le Docteur se balade un peu partout

            Inoffensif au tout début

            Ton mystère peu à peu s'intensifie

            De comic relief gênant, tu es devenu

            Mère du docteur par une Moffaterie

            En espérant que tu finisses par acquérir un but

            Et enfin de sortir de ce rôle de rebut

            Énième compagnon et très cher Nardole

            Fait en sorte de rendre cette saison un peu plus folle.

            Previously on Twin Peaks

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            Retour sur les moments marquants des deux premières saisons de Twin Peaks.

            Avertissement : cet article est garanti 100% spoilers. Si vous ne voulez rien savoir des deux premières saisons de Twin Peaks, vous lisez cet article à vos risques et périls. De plus, si vous n'avez encore jamais découvert ce chef-d'œuvre, nous ne pouvons que vous conseiller de vous ruer dessus sans plus tarder. Vous ne le regretterez sans doute pas !

             

            Twin Peaks : c’est la série dont tous les sériephiles aguérris ont déjà entendu parler au moins une fois, sans nécessairement l’avoir vue. Elle est aujourd’hui considérée par de nombreux analystes comme la série des séries, l’une des plus influentes et originales qui soit. Twin Peaks a marqué le début des années 90 de son empreinte, de par son audace, mais aussi de par ses exigences artistiques. En seulement trente épisodes, non dénués de défauts, la série de David Lynch et de son acolyte Mark Frost a su déployer un univers d’une incroyable richesse. Le tout en réinventant les codes de la série télévisée.

            Ici, les personnages sont souvent des antihéros, bourrés d’imperfections et de défauts, mais qui se révèlent finalement très attachants. Les protagonistes sont nombreux, les intrigues aussi. Plusieurs histoires s’entremêlent dans des genres complètement différents. Le drame y côtoie le fantastique, l’horreur y rencontre la comédie, le normal fréquente le paranormal, la normalité frôle l'excentricité, l’ordinaire rejoint l’extraordinaire. Twin Peaks, c’est le chef-d’œuvre télévisuel qui a montré que les séries pouvaient aussi être innovantes, complexes et ambitieuses, tout en restant divertissantes. Nombreuses sont les séries aujourd’hui à utiliser ces codes devenus récurrents.

            À l’occasion de la diffusion prochaine de la très attendue troisième saison de ce monument télévisuel, et pour vous préparer au mieux à ce retour inespéré, nos rédacteurs et certains de nos membres ont réuni pour vous les meilleurs moments des deux premières saisons. Parce que cette série est riche en personnages, en intrigues et en scènes cultes, on s’est dit que c’était un excellent moyen de dresser un panorama de cette œuvre unique en son genre, à travers ses moments les plus marquants... ou les plus absurdes. Bien entendu, cette sélection est purement subjective et vous trouverez sans doute certains manques. N’hésitez donc pas à commenter cet article, pour partager avec nous votre expérience Twin Peaks, vos moments favoris et vos attentes en vue de la prochaine saison.

             

             

            Notre sélection :

             

             

             

            La découverte du corps de Laura Palmer (1.00)

             

             

            Bien souvent, pour commencer en beauté, une série – surtout si elle est dramatique – va choisir de s’introduire par une scène forte. Que ce soit via une scène de forte tension (Breaking Bad), quelque chose de choquant ou d’insolite (Desperate Housewives, Les Sopranos...) ou encore par la pose d’éléments mystérieux (X-Files, Game of Thrones...), le but est de capter immédiatement l’intérêt du spectateur et de le plonger dans l’univers de la série. Twin Peaks a, à ce titre, une superbe introduction puisqu’elle parvient sans peine à réaliser tout cela en même temps, dans la plus grande fluidité et tranquilité par dessus le marché.

            Passé l’aussi magnifique qu’envoûtant générique culte de la série, nous suivons le prolongement direct des dernières images de ce dernier pour découvrir une bâche blanche flottant sur le lac, dans lequel se déversait les magnifiques chutes que nous venions juste de quitter. Cette bâche cristallise alors notre attention car l’on comprend instantanément, sans même connaître vraiment les lieux ni ses habitants, qu’il s’agit d’une anomalie dans cet havre de tranquillité que nous a si bien vendu le générique. On pressent déjà qu’il s’agira de quelque chose qui va avoir un impact dévastateur, sans même avoir concrètement la moindre information sur l’univers de la série autre que de jolis paysages montagnards et de belles installations en bois, et on en redoute l’arrivée. Qui va bien sûr finir par se faire, une fois échouée sur le rivage. Le vieux Pete Martell la trouve et l’ouvre pour découvrir, dans un plan mondialement culte et de toute beauté, le cadavre, à la fois terrifiant et presque enivrant de sérénité de la jeune Laura Palmer. Et bien que pourtant on ne sache pas encore qui elle est, on est déjà fort pris d’effroi et intrigués par cette nouvelle.

            L’épisode dévoilera ensuite aux proches de Laura, dans une tournée funèbre de presque trente minutes, son triste sort. Et c’est ainsi, dans des larmes et une douleur que l’on sait pourtant pertinemment inhabituelle en ces lieux, que l’on va découvrir l’univers si contradictoire, fascinant et attachant de la ville de Twin Peaks et de ses habitants, avec presque l’impression de faire déjà partie des leurs, comme si l’on avait toujours été là et qu’on prenait nous aussi de plein fouet la nouvelle. Et c’était tout de même brillant et osé d’ouvrir une série de la sorte (d’autant plus à l’époque d’ailleurs, où la plupart des séries présentaient leurs univers dans un contexte normal avant de se mettre à le perturber), et de prendre le risque de nous immerger dans la série au cœur de la détresse et de la vulnérabilité la plus totale de ses protagonistes. Quoi qu’il en soit, Lynch a ainsi réussi à offrir à sa série culte une introduction inoubliable.

            *Dewey*

             

             

            L'arrivée de Dale Cooper à Twin Peaks (1.00)

             

             

            Twin Peaks sans Dale Cooper, ce serait comme un beignet sans sucre, un café sans caféine, une tarte aux cerises sans son supplément de crème… Ce serait un peu trop fade. Il manquerait ce petit quelque chose qui pourtant fait toute la différence. Il faut dire que cet agent du FBI, personnage principal de la série, aura marqué les esprits par sa singularité et ses méthodes d’investigation très originales. Excentrique, maniaque et décalé, il se distingue également par son sens de l’humour bien à lui et son goût prononcé pour le café et les tartes. Dès son arrivée à Twin Peaks, qui marque aussi sa première apparition dans la série, Dale Cooper dégage une certaine aura qui le poursuivra tout au long des épisodes. Dans sa voiture, il s’adresse à la mystérieuse Diane via son magnétophone : il lui parle de l’endroit où il se trouve (la ville de Twin Peaks), du paysage, de la météo, de sa jauge d’essence, de son déjeuner… ou du gâteau aux fraises qu’il a trouvé très bon. Les bases du personnage sont ici posées et on devine qu’il ne sera pas un agent du FBI commes les autres. Là où cette présentation est intéressante, c’est qu’elle intervient juste après la présentation de la ville de Twin Peaks et de certains de ses habitants, tous plus excentriques les uns que les autres. Dale Cooper vient de trouver l’endroit parfait où il pourra se faire une place. D’une certaine manière, nous assistons ici à la rencontre quasi fusionnelle entre un homme et une ville, et l’un et l’autre semblent complémentaires. Twin Peaks sans Dale Cooper serait bien fade, mais Dale Cooper sans Twin Peaks serait bien triste…

            *Cail1*

             

             

            Le "premier" rêve de Dale Cooper (1.02)

             

             

            Une pièce aux rideaux rouge. À son centre : un vieil agent Cooper, le fantôme de Laura Palmer et un nain qui danse et qui parle à l’envers. Kamoulox ? Pas vraiment. C’est plutôt le tout premier signe de la folie de Twin Peaks. La série a toujours été partagée entre le réalisme de Mark Frost et l'ésotérisme de David Lynch. Pour la première fois, Lynch appose sa patte sur la série en nous livrant une introduction à la "Black Lodge" pleine de mystères, de rêves et de cauchemars. Assurément culte.

            *Koss*

             

             

            La démonstration de la méthode tibétaine d'investigations de Dale Cooper (1.02)

             

             

            Il y a un meurtre – celui de Laura Palmer – c’est bien, il faut faire avancer l’enquête maintenant. Tel est le challenge de Twin Peaks au début de la première saison. Dans les séries modernes, les NCIS ou CSI, les enquêteurs se servent de preuves scientifiques, d’échantillon d’ADN ou d’un type de végétation ou de boue trouvée sur la victime qui (comme par hasard) ne se trouve qu’à un seul endroit au monde, toujours pas loin en plus. Ce qui est bien pratique. Point de ça à Twin Peaks ; à la rigueur et au rationnel, la série préfère l’intuition ou l’onirisme (les rêves, toujours des moments forts, donnent à chaque fois énormément d’indices). Dans la scène dont on parle, l’agent du FBI Dale Cooper explique qu’un rêve avec des Tibétains lui a donné un sixième sens qu’il a développé. Ainsi, des cailloux, une bouteille en verre posée à une distance exacte, une liste de noms de personnes commençant par la lettre J et en avant la musique pour une scène de folie et de génie. Le principe est simple : Cooper lance un caillou à l’énoncé de chaque personne et tous (le spectateur inclus) attendent de connaître sur quel nom la bouteille va être touchée. Avec cette séquence qu’on retrouve en intégralité ici (mais l’image est vraiment de mauvaise qualité), Twin Peaks fait coup double. Elle aiguillonne l’enquête dans une nouvelle direction et montre sa spécificité et sa volonté de sortir des sentiers battus, loin des raisonnement terre à terre des Columbo ou Arabesque de l’époque. Et cet épisode 3 qui se termine par le rêve de Dale Cooper, est vraiment l'un des plus réussis de la série, celui qui nous fait définitivement comprendre que Twin Peaks n’est vraiment pas une série comme les autres.

            *Nicknackpadiwak*

             

             

            L'enterrement de Laura Palmer (1.03)

             

             

            Mine de rien, la série aura pris son temps avant d’enterrer Laura Palmer. Choisissant une unité de temps proche du temps réel et chaque épisode reprenant directement (à quelques exceptions près) là où le précédent s’était arrêté, il a fallu passer par les phases de nouvelles, de condoléances, de présentation des personnages, d’installation de l’enquête policière à l’autopsie de Laura… Bref, cette scène clé de la série se sera fait attendre. Et d’autant plus qu’il s’agit de la première scène à réunir la quasi totalité du casting de la série en un même temps et un même lieu. L’endroit rêvé, donc, pour nos petits esprits suspicieux d’enquêteurs en herbe ravis de pouvoir analyser les réactions de chacun et commencer à dresser nos listes de suspects dans un petit coin de nos têtes, en plus de se délecter de la puissance émotionnelle de la scène. À titre très personnel, c’est la toute première scène qui m’aura fait commencer à suspecter la personne qui se révèlera être bel et bien coupable du crime phare de la série. Mais, au cas où vous passeriez sur cet article sans avoir vu la série, je ne vous dirai rien de plus. Ou plutôt : foutez le camp et allez me regarder ce chef-d’œuvre asap, pauvres fous ! Les spoilers rôdent ici et ne sont plus très loin...

            *Dewey*

             

             

            La fête en l'honneur de Léo (2.06)

             

             

            Dans Twin Peaks, il y a des créatures surnaturelles et maléfiques. Mais au sein de cette ville se cachent d’autres monstres plus ordinaires, des humains tout aussi effrayants. Leo Johnson est de ceux-là. Vilain type trempant dans tout ce qui est illégal (trafic de drogue, prostitution), il est aussi un mari violent qui frappe Shelly (qui trouve quelques réconforts dans les bras de Bobby Briggs). À la fin de la saison 1, après avoir incendié la scierie, Leo est abattu par Hank Jennings. Il survit, mais se retrouve dans un état végétatif. Pour toucher l’argent de l’assurance, Bobby et Shelly décident de le ramener à la maison. D’où cette scène où les deux amants "fêtent" le retour du tortionnaire à la maison. Sauf que même légume, Leo reste une menace.

            Par la suite, Leo retrouvera ses esprits (une partie du moins), puis se fera capturer par Windom Earle, le méchant en toc de la saison 2, qui en fera son esclave et le traitera pire qu’un chien. Au point qu’on finisse par ressentir de la pitié pour cette ordure de Leo Johnson. Bel exploit.

            *Nicknackpadiwak*

             

             

            L'assassinat de Maddy (2.07)

             

             

            Il y a certaines scènes qui vous marquent à vie. Des scènes qui, à la simple évocation du nom de l’œuvre dans laquelle elles prennent part, vous reviennent instantanément et violemment en flash dans votre tête. Presque comme si ces œuvres existaient avant tout pour ce segment plus que pour la totalité de leur être, et ce peu importe les raisons aussi diverses et variées pour lesquelles elles ont pu si particulièrement vous marquer.

            Twin Peaks est l'une des rares œuvres qui puisse se targuer d’avoir un sacré tas de ces scènes me concernant (peut être bien l’une des œuvres qui en a le plus, avec le recul), mais parmi celles-ci, ils y en a deux ou trois qui se distinguent vraiment dans le registre effrayant, et celle-ci tout particulièrement. C’est bien simple, si je devais faire un classement des scènes m’ayant le plus effrayé, elle serait sans doute dans le top 5.

            Déjà, parce qu’elle prend totalement par surprise. La scène arrive presque comme un cheveu sur la soupe au sein d’un épisode jusque là tellement banal qu’on n'aurait jamais cru que Lynch et Frost puisse le choisir pour être celui dévoilant la vérité sur le meurtre de Laura Palmer, comme ça, sans prévenir. On y voit en effet Sarah Palmer, inconsciente près du salon de sa maison dans un silence de mort uniquement perturbé par le son du tourne disque tournant à vide, son malaisant qui rythmera toute la scène. La caméra se rapproche alors du hall d’entrée, nous dévoilant un Leland Palmer arborant un sourire des plus maléfiques, se contemplant dans le miroir. Miroir qui ne reflétera non pas son image, mais celle de Bob. Après un effet de superposition jumpscare qui semblerait kitsch à souhait en temps normal mais qui ici arrive à être parfaitement terrifiant dans son exécution, la jeune Maddy fait l’erreur de se retrouver à côté de son oncle. S’ensuit un joyeux festival de jeux de lumières, surexposition de sons, hurlements d’acteurs dépassant allègrement la limite du surjeu mais qui, ici, sont combinés et mis en scène par Lynch de telle manière qu’ils ne rendent le tout qu’encore plus effroyable à regarder, où l’on assiste impuissant au meurtre de la cousine de Laura et à l’enfoncement dans la déchéance d’un homme qui se sera laissé posséder par le mal. Une scène surprenante, sur laquelle le temps n’a pas d’emprise (s'il ne la renforce paradoxalement pas en donnant de l’âge à tous ces effets qui n’en deviennent que plus décalés et gênants) et d’une puissance brute contenant un degré rare de violence et de terreur pure. Assurément un passage inoubliable de la série, au plaisir de nos cauchemars...

            *Dewey*

             

             

            "It is Happening Again" (2.07)

             

             

            Cette séquence se déroule en parallèle du meurtre de Maddy chez les Palmer. Dans le cadre de leur enquête, Dale Cooper et le Shérif Truman ont décidé de se rendre au Roadhouse. Sont présents également plusieurs habitants de Twin Peaks. Parmi eux, James et Donna, les amis de la jeune fille, ainsi que la femme à la bûche et Bobby. Soudainement, Cooper voit apparaître sur la scène le mystérieux géant qu’il est le seul à voir. Ce dernier lui annonce la mort de Maddy au cours d’un moment d’une forte intensité émotionnelle.

            Cette séquence, c’est l’exemple typique du savoir-faire de David Lynch : rien ne nous est réellement montré, tout est dans la suggestion, dans l’imaginaire et dans l’onirisme. C’est un moment hors du temps, en décalage total avec la réalité. Il n’y a pas de réelle logique dans la manière dont les choses s’enchaînent dans cette séquence. C’est comme si nous assistions finalement à une prise de conscience, d’abord individuelle avec cette nouvelle rencontre entre Dale Cooper et le Géant qui l’informe du meurtre de Maddy, puis collective avec ce moment d’émotion partagée. Le message est assez clair : il n’y a plus de mots pour expliquer ce qui est en train de se dérouler en parallèle de ce spectacle. La forte intensité émotionnelle de cette scène est justement décuplée par ces sous-entendus et ces longs moments de silence. Ici, les regards sont amplement suffisants pour comprendre la gravité de l’instant et son impact sur les gens présents.

            Il y a une forte dimension symbolique dans cette manière de mettre en scène la mort : la salle de spectacle devient une espèce d’antichambre, un passage du monde des vivants vers celui des morts, un passage aussi du monde réel au monde des rêves. C’est en grande partie ce qui explique la mélancolie qui imprègne cette séquence. Comme très souvent dans Twin Peaks, nous sommes dans un entre-deux, partagés  entre diverses émotions et sensations. On devine que quelque chose se joue et que rien ne sera plus pareil.

            Tout ceci est aussi rendu possible par le son, qui joue un rôle déterminant. Avec la musique d’abord, qui pose d’emblée un cadre et accentue presque instantanément cette atmosphère mélancolique.  Avec les silences aussi. Sans parler des effets sonores. Tout est fait pour accentuer la gravité de l’instant, et apporter un aspect solennel à ce moment clé. Dans cette séquence, il ne se passe quasiment rien à l’image et presque tout est raconté par le son, la musique, les lumières, les couleurs… Il y a une symbiose totale entre l’image et le son, une véritable démonstration d’art total auquel on associe très souvent Lynch. En bref, un véritable coup de génie qui rappelle à lui tout seul que Twin Peaks n’est définitivement pas une série comme les autres.

            *Cail1*

             

             

            Les confessions de Leland Palmer (2.09)

             

             

            La vraie fin de la série. Ou plutôt, le moment précis où elle aurait dû s’arrêter. Lynch voulait ne jamais répondre au grand mystère de la série : "Qui a tué Laura Palmer ?". Frost estimait, de son côté, que le spectateur pouvait quelque peu se lasser, à force. C’est le second qui remporte la manche et qui nous donne à voir cette scène de confession de Leland Palmer.

            Dans la prison, il crie son désespoir afin de se libérer de Bob. Le mal étant parti, Leland peut alors mourir dans les bras de Cooper : "Oh my god, I killed my daughter ! Forgive me !". Et Cooper de répondre : "Look at the light. Find the light. Into the light Leland". Un moment absolument déchirant de la série, accompagné par le thème musical principal du show qui n’a jamais aussi bien collé.

            Plus tard, lors de la scène finale, les trois représentants de l'ordre (Palmer, Shérif Harry S. Truman et Hawk) s'interrogeront sur ce qu’il vient de se passer : "Que mieux vaut-il ? Vous imaginer qu'un homme ait violé et tué sa fille, ou que Bob existe ?".

            Tout est là, et la série se "conclue" alors de la plus belle des manières par l'envol du hibou ; hibou qui était présent à chaque fois qu'il s'y est passé quelque chose (James qui retrouve son pendentif, Cooper qui sauve Audrey du One Eyed Jack, etc.). "Les hiboux ne sont pas ce que l'on pense" avait dit dès le début le Géant. La boucle est bouclée.

            *Koss*

             

             

            La première rencontre avec Denise "Dennis" Bryson (2.11)

             

             

            Ah, David Duchovny... *étoiles dans les yeux* C'est l'agent trognon un peu barré de X-Files, c'est l'écrivain sexy dont les femmes raffolent dans Californication... Mais c'est également l'agent Dennis, dit Denise dans Twin Peaks.

            La découverte de cet agent est aussi fantasque que surprenante. Lorsque Dale présente son compagnon, on se dit que nous allons assister à l'arrivée d'un personnage lambda, un peu barré parce qu'on est dans Twin Peaks, mais pas plus. Son entrée est un coup de tonnerre. Denise est travestie et l'assume. On sent Truman et Hill sous le choc, avec une réaction à la limite de la potacherie, et c'est précisément ce décalage qui rend la scène délicieuse au visionnage. Ce sentiment est renforcé par le fait que Denise est beaucoup plus grande que tous les autres protagonistes, que sa perruque n'est pas forcément des mieux réussies, que son maquillage est grossier, et que son attitude féminine semble très gauche.

            David Lynch réussit ici à introduire, au début des années 90, un personnage travesti dans un show devenu culte. Rien que pour cela, la performance de David Duchovny mérite d'être saluée.

            *Jo_*

             

             

            Benjamin Hornes rejoue la Guerre civile (2.15)

             

             

            Benjamin Horne, le papa de la torride Audrey, est l’homme le plus riche de Twin Peaks, mais aussi un propriétaire magouilleur, louchant sur la scierie de Catherine Martell et trompant sa femme allègrement (parfois avec des prostituées, dont Laura Palmer). Longtemps suspect principal, il aura un véritable choc lorsqu’il découvrira l’identité du tueur. Au point de sombrer dans une dépression et se croire revenu à l’époque de la Guerre Civile des USA. Persuadé d’être un général sudiste, il s’enferme avec de petites figurines de soldats et rejoue l’Histoire en faisant gagner les confédérés. Sous les conseils du Docteur Jacoby, la famille Horne se déguise et rejoue en live le traité de ratification. Et voici une scène délicieusement décalée, un vrai bol d’air frais dans cette traversée du désert que fut la deuxième partie de la saison 2.

            *Nicknackpadiwak*

             

             

            Cette scène qu'on croyait être la dernière de la série (2.22)

             

             

            Dernière minute de la série. Après un gros quart d'heure dans la Red Room, après avoir tremblé pour Dale, on le retrouve dans une scène on ne peut plus banale, en pyjama en train de se laver les dents.

            À le voir vider compulsivement son tube de dentifrice dans l'évier, on se doute bien que quelque chose ne tourne pas rond. Puis vient son regard, complètement différent de l'habituel, presque habité, possédé... Avant même de (refuser de) comprendre, Cooper s'explose le crâne sur le miroir, laissant apercevoir Bob. S'ensuivent alors les secondes qui sont pour moi les plus terrifiantes de la série, où Dale se trouve dans un état de transe, riant aux éclats de manière compulsive, complètement hystérique, éclats de rire ponctués par des "How's Annie"à vous glacer le sang. Le plus frustrant dans tout ça ? Se dire (à l'époque) que cette scène est la dernière de la série. Qu'on ne sait pas ce qu'il advient de Cooper, de Harry (qui est dans la pièce d'à côté, rappelons-le), d'Annie... Merci Laura pour ton "I'll see you again in 25 years", qui nous permettra j'espère d'y voir plus clair. Ou pas, d'ailleurs. On parle de David Lynch ici, ne l'oublions pas.

            *Jo_*

             

             

            Les apparitions de Killer Bob

             

             

             

            Le 15 avril 1991, Twin Peaks débarquait à la télévision française, sur feu la Cinq.

            J’y étais.

            Puis, à cause des audiences qui ne feront que décroître, la série fut déplacée le vendredi à 22h30. Et là, c’était plus compliqué d’y être. Il faut rappeler qu’à l’époque, les téléspectateurs n’avaient pas le droit à l’erreur. Pas de streaming ou de téléchargement, il fallait être présent devant son écran. Et louper un épisode de Twin Peaksétait prendre le risque de louper le train en marche et ne plus comprendre grand-chose. On pouvait, bien sûr, l’enregistrer avec un magnétoscope, mais en acceptant le risque de mal calculer le temps restant sur la K7 (et de ne jamais voir les dernières minutes) ou d’oublier d’éteindre l’appareil (dans ce cas, le programme ne s’effectuait pas). Pour moi donc, à l’époque, pas le choix, Twin Peaks devint une institution, voire une addiction. Le vendredi soir, j’annulais tous mes rendez-vous, je fermais les volets, j’éteignais le portable (ah bah non, cela n’existait pas encore à l’époque), j’engrenais mon jeune frère (il avait dix ans) et nous regardions religieusement la série de Lynch pour prendre notre dose hebdomadaire d’étrangeté et de folie douce.

            De Bob, lors de sa première apparition (premier extrait), on ne savait rien, juste une apparition inexplicable de deux secondes d’un homme un peu inquiétant. Par contre, lorsqu’il apparaît à Maddy, dans son salon, (extrait n°2), on en sait plus. On sait qu’il est une entité démoniaque, un esprit maléfique et meurtrier. Et ce plan d’une simplicité redoutable (Bob entre dans le champ et s’approche de la caméra), l’intrusion du Mal incarné dans le cadre rassurant du foyer des Palmers (et du mien par ricochet) m’a effrayé comme jamais. Avec mon frère, nous avons eu si peur que nous nous sommes jeté dans les bras l’un de l’autre. Nous avons probablement crié aussi, car cela avait réveillé ma mère qui nous avait engueulés de faire autant de bruit si tard dans la nuit (même si cela l’avait intriguée, car lorsque des années plus tard je me suis procuré l’intégrale de la série en DVD, elle a insisté pour l’avoir en prêt. Et pourtant, l’univers décalé de Twin Peaks n’est pas son genre de came, à la base).

            À la revoyure des années plus tard, Franck Silva qui incarne Killer Bob, en fait trop, il grimace, gesticule, éructe, cela frôle parfois le grotesque et coupe un peu l’effet effrayant. Mais il restera toujours l’acteur d‘une de mes plus grosses terreurs télévisuelles. À jamais.

            *Nicknackpadiwak*

             

             

            Les animaux de Twin Peaks

             

             

             

             

            Tous les rédacteurs l’ont certainement dit, les évènements de Twin Peaks prennent racine dans un meurtre. Un meurtre central, mais aussi prétexte autour duquel gravitent les tortueuses histoires d’une petite bourgade et de ses habitants. Lynch a un grand talent (parmi d’autres) : créer le décalage et l’inattendu. Caution humoristique (rencontre entre Dale et le lama), poétique (l’apparition du cheval blanc) ou fantastique (la cave du hibou), il a su disséminer plusieurs interventions animalières qui apparaissent toujours de manière surréaliste. La scène la plus marquante pour moi est celle du lama. Certes, Dale Cooper et son acolyte se rendent dans une clinique vétérinaire ; on peut donc s’attendre à voir des animaux. Première surprise, c’est un majestueux lama qui trône au centre de la salle d’attente. Deuxième surprise, un éloquent face à face pendant lequel le lama répond à Cooper (celui-ci interpellant Harry Truman). Une rencontre aléatoire, suffisamment débile pour marquer, et suffisamment Twin Peaks pour avoir sa place dans la série (et le coeur de nombreux fans).

            Pour le cheval blanc, on est dans un autre registre. Il s’agit d’une apparition énigmatique offerte à Sarah (môman de la défunte Laura) à deux moments-clés de l’intrigue. Sa signification est subtilement expliquée par la phrase d’un poème glissé dans le show : "Woe to the ones who behold the pale horse (en français : "Malheur à ceux qui voient le cheval pâle").

            Dernière grande scène animale, le hibou crée une tension surnaturelle et un brin fantastique lors de la découverte par l’équipe d’enquêteurs de la Cave du Hibou. Une scène étonnante composées d’allers/retours entre gros plans sur nos héros, gros plans sur un hibou, puis attaque de hiboux à tire d’ailes.

            Bref, interprétez-le comme vous voulez, mais je conclurai cet article par une citation de David Lynch : "Les coïncidences nous font réfléchir à la vie, et peut être à une sorte de destin." ("Coincidences make us all think about life, and maybe about some sort of life plan.).

            *Manew*

             

            BONUS :

            Une palourde s'est invitée dans Twin Peaks. Son petit nom : James. :)


             

            Les scènes de Gordon Cole et Shelly Johnson

             

             

            Le malaise. La seconde partie de saison 2 de Twin Peaks est, pour moi, une purge. Un long, très long moment de malaise et d’ennui qui culmine avec cette interaction entre Gordon Cole et Shelly Johnson. Je n’ai jamais été fan du personnage interprété par David Lynch lui-même. Faussement loufoque et vraiment lourdingue. Cette vraie fausse scène de séduction entre un showrunner-réalisateur et son actrice beaucoup plus jeune que lui ne manque pas de provoquer un haussement de sourcil de la part d’un spectateur aguerri. C’est d’autant plus gratuit qu’elle n’apporte strictement rien à l’intrigue et ne sera jamais plus évoquée par la suite.

            *Koss*

             

             

            BONUS : Le générique de Twin Peaks

             

             

            D'aucuns vous diront que la musique de ce générique peut soigner les plus grands maux et qu'elle est activement utilisée en sophrologie. Une légende raconte même qu'elle apaiserait les plus puissants géants, recroquevillés dans des maisons troglodytes... Et qué s'appelerio Quezac.

            Le pari était risqué : une mélodie douce, toute en légèreté, sur fond de scierie et de cascade en gros plan. Un sentiment de nostalgie embarquera les plus sensibles d'entre nous, regrettant l'époque où les génériques indiquaient le nom des acteurs par de somptueux Word Art. Durant ces quelques secondes, on nous dépeint une ville tranquille, presque ennuyeuse et déshumanisée (à l'exception des oiseaux et du panneau indicateur du nombre d'habitants à l'entrée de Twin Peaks, on n'observe aucune trace de vie sur cette minute et demi). Cette impression est d'ailleurs clairement renforcée par le rythme lancinant de la musique.

            Le contraste est grand avec la thématique de la série : des meurtres, des possessions, des secrets en cascade (admirez la référence !)... Et c'est sans doute là le génie de ce générique. Nous apaiser, nous canaliser et sans doute nous faire penser que nous allons assister à une histoire ennuyeuse et monotone, alors qu'il n'en est rien.

            *Jo_*

             

             

            BONUS : La première introduction par la femme à la bûche

             

             

            Margaret Lanterman, alias la femme à la bûche, fait partie des mystères de Twin Peaks. Se déplaçant toujours avec sa bûche, elle prétend que celle-ci lui parle et qu’elle posséderait des dons de clairvoyance. Considérée par beaucoup comme une illuminée de plus, Margaret se révèlera pourtant déterminante au cours de l’enquête entourant la mort de Laura Palmer. D’une certaine manière, elle pourrait même être considérée comme l’oracle de ce monde semi-fantastique. Elle semble tout savoir sur tout le monde, avant tout le monde, et ce n’est donc pas un hasard si David Lynch a confié à ce personnage le soin de présenter chaque épisode, via de courtes introductions.

            C’est l’une de ces introductions que nous avons décidé d’ajouter à notre sélection. Et pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit de la première. Diffusée juste avant l’épisode pilot, elle présente de manière brève et concise l’univers de la série, ses thématiques, mais aussi tout ce qui fera sa particularité à l’époque. En effet, Margaret  y parle de Twin Peaks comme une ville qui engloberait tout, avec des gens mystérieux qui cachent des histoires. Des histoires à la fois tristes et drôles, ponctuées de folie et de violence, entourées de mystères de diverses origines : les mystères de la vie, de la mort, mais aussi de la forêt entourant la ville. Toutes ces histoires, elles font partie de l’Histoire de la ville de Twin Peaks, qui concerne tous ses habitants, mais qui dans ce cas commence avec une seule personne : Laura Palmer.

            Le mélange des genres, la rencontre de l’ordinaire avec l’extraordinaire, de la petite histoire avec la grande Histoire, de la vie avec la mort… Tout est dit dans cette courte introduction, et c’est bien du décès de cette jeune fille que vont émerger toutes les histoires et les mystères à venir, dans une ville apparemment paisible, où vont venir se côtoyer le bien et le mal. Une introduction qui en dit long et trop peu à la fois. Une introduction à l’image de cette série : énigmatique !

            *Cail1*

             

             

            BONUS : Les numéros de danse et de chant de Leland Palmer

             

             

            Et pour finir, un best of des performances vocales d’un Leland Palmer toujours premier pour pousser la chansonnette. Après avoir passé la première saison en pleurs, ce qui paradoxalement donnait des scènes assez hilarantes, le voilà revigoré en début de saison 2, persuadé d’avoir tué l’assassin de sa fille à l’insu de tous. Mais, à l’image de sa reprise de "Get Happy", cette jovialité retrouvée n’est que façade, car la dépression et les névroses sont toujours sous-jacentes chez cet homme hanté par de multiples démons (dont un vrai).

            *Nicknackpadiwak*

             

             

            BONUS : Twin Peaks Fire Walk With Me

             

            Je ne l’ai jamais caché et ne le ferai jamais : je suis un grand admirateur de Twin Peaks, et de l’œuvre dans sa totalité. Par cela, j’entends que je dois faire partie des rares personnes qui ont réellement apprécié même les parties les plus controversées de la série. Si la saison 1 et les neuf premiers épisodes de la saison 2 font quasiment l’unanimité, force est de constater qu’il n’en est pas de même pour ce qui a suivi, à savoir les treize derniers épisodes de la série (moins, peut-être, le final qui lui aussi a tendance à rassembler les fans) et le film "Fire Walk With Me", prequel (mais qui nécessite pourtant d’être vu après, de par la présence d’éléments postérieurs au final de la saison 2, et ne serait-ce que pour ne pas se faire spoiler la solution du meurtre de la série) racontant les sept derniers jours de la vie de Laura Palmer. Cela vient peut être du fait que j’ai personnellement toujours été davantage attiré par le mystère fantastique entourant la ville que par la résolution du meurtre de Laura, ayant toujours été persuadé que ce dernier n’était que la première pièce d’un bien plus large puzzle, mais personnellement je n’ai pas le moindre souvenir d’avoir trouvé cette partie ennuyeuse ou mauvaise.

            Et si, avec le recul d’une rediffusion récente, je peux concéder volontiers qu’on n'accroche pas du tout au délire et que l’on trouve considérablement moins bonne la seconde moitié de saison 2 (quand bien même je l’aime toujours autant), je dois avouer qu’en ce qui concerne le film en revanche, j’ai bien du mal à voir ce que les gens lui reprochent au-delà de ne pas être la suite de la série qu’ils voulaient voir à l’époque.

            Parce que ce film, c’est Lynch remonté à bloc et frustré suite à l’annulation de la série, qui se retrouve totalement aux commandes de son univers sans les contraintes liées à la télévision (ni Lara Flynn Boyle pour venir provoquer du drama en backstage – je dois d'ailleurs faire partie des rares qui trouvent Moira Kelly plus crédible et convaincante qu’elle dans le rôle de Donna) et un plus gros budget pour laisser libre cours à ses envies les plus folles et la noirceur la plus totale. Et dès la première scène, le constat est clair et symbolique, par ce travelling arrière qui s’éloigne progressivement de la neige d’une télévision qui se fera détruire à la fin du générique : ce sera un film sans la moindre concession et où la moindre limite sera prohibée. Quitte à partir trop loin, au moins Lynch ne sera plus le prisonnier des règles du monde télévisuel.

            Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le père David n’y est pas allé de main morte, tant le film regorge de scènes dantesques et toutes plus marquantes les unes que les autres. Lynch est pour moi parvenu ici à repousser les limites du show tout en en gardant l’essence de ses meilleurs aspects, le tout sans donner l’impression de faire redite avec le show. Le film possède en effet une ambiance propre, nettement plus sombre que ce que la série propose d’habitude, qui donne l’impression d’avoir presque affaire à quelque chose de complètement différent, avec les mêmes personnages et lieux. Et c’est peut-être pour ça dans le fond que beaucoup de fans ont du mal avec lui, ne retrouvant pas vraiment l’ambiance qui les charmaient dans la série. Le film étant de surcroît assez pauvre en fanservice : les morceaux de musique habituels de la série n’apparaissent que très peu, les caméos de personnages cultes ne se font que s’ils rentrent dans le cadre de l’intrigue de Laura et y servent, et même les passages très déconnectés du reste du film avec Dale Cooper et le FBI sont davantage là pour fournir des explications sur des points scénaristiques de la série et pour préparer une éventuelle suite que pour faire plaisir au fan et leur permettre de vraiment retrouver la série qu’ils avaient quitté l’année précédente.

            On peut bien évidemment voir la maîtrise de Lynch dans de nombreuses scènes choc et mystérieuses du film comme celles du viol de Laura, celle de son meurtre ou encore tout le final dans la black lodge. Mais ce qui montre pour moi la réussite totale du film, c’est de constater que la maestria de Lynch est tout aussi présente dans des scènes d’apparence plus anodines, calmes ou posées, comme celle issue des extraits que j’ai choisis pour l’illustrer.

             

             


            Une scène absolument somptueuse qui me prend aux tripes à chaque fois. L’intérêt principal du film, au-delà de voir ce que pouvait proposer Lynch une fois les limites des codes télévisuels enlevées, c’était bien sûr de s’attarder sur le cas de ce personnage qui fut un pilier de la série mais qu’on n'a jamais vraiment eu l’occasion de voir ou de connaître, ce fantôme fascinant que fut Laura Palmer. Cette scène parviendrait presque à combler ce manque à elle seule, par la simple mise en scène de Lynch. Il y a en effet ici une sorte d'osmose parfaite entre la musique, l'ambiance supposément festive du lieu en opposition à une facette bien plus malsaine qu’il cache, la fatalité de la prédiction de la femme à la bûche, et bien sûr Sheryl Lee qui est au top dans le rôle de sa vie, parvenant en ces quelques instants et sans le moindre mot à synthétiser à la perfection toute la complexité, la dualité et la tragédie de son personnage. Et ça, c'est peu dire que c'est fort quand ce dernier est un des plus fournis de tout le show à ce niveau-là.

            En résumé, nous ne pouvions donc décemment pas terminer cet article sans mentionner cette pièce maîtresse et essentielle qu’est, quoi que l’on en dise, "Fire Walk With Me" au sein de l’univers Twin Peaks. Et quelque part, c’est peut être bien le fait que le film divise autant qui prouve que Lynch a parfaitement réussi son coup. Celui d’offrir aux seuls vrais amoureux de la série sa forme la plus absolue et extrême en tous points.

            *Dewey*

             

            Merci à AltairClaraOswald et MarieLouise pour leur participation à cette sélection. ;)

            Critique : American Gods 1.01

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            Dire qu’American Gods, créée par Bryan Fuller et Neil Gaiman, est attendue est un euphémisme. Et ce pilote est clairement à hauteur des attentes.

            Depuis la fin de Hannibal il y a presque deux ans, on attendait Bryan Fuller au tournant. Créateur de génie du petit écran, il est parvenu à créer un univers commun à ses productions si particulier, que le voir aux commandes d’un projet mythologique adapté d’un Comic Book de Neil Gaiman, génial créateur lui aussi, ne pouvait que faire saliver. Après quatre années de pré-production et une annulation de projet par HBO, le voici enfin sur les écrans américains chez Starz. Et il y a déjà presque tout pour en faire une grande série.

             

             

            Un univers mythologique violent et très soigné

             

            Difficile de dégager de véritables enjeux narratifs de ce pilote, qui sert surtout à introduire le vaste univers visuel et narratif de la série, ainsi que les principaux personnages. D’ailleurs, un petit coup d’œil à la fiche IMDb suffit pour remarquer qu’on est très, très loin d’avoir fait le tour des personnages au cœur de cette première saison. On ne les croisera peut-être pas souvent, mais c’est justement ce qui semble être le principe de la série : un road-movie mythologique très violent à travers l’Amérique.

             

            American Gods 1.01_3

            Un petit rêve sympathique

             

            Car effectivement, autant dans les dialogues que les actions, tout est particulièrement violent, et la scène introductive donne judicieusement le ton : une longue séquence mythologique sur les Vikings et l’intervention divine sadique d’Odin, leur dieu de la guerre. Auto-éborgnement collectif, effusions de sang graphiques au ralenti, difficile de dire si on est dans du pur Bryan Fuller ou dans Spartacus. La suite donnera raison à la première option, avec une esthétique rappelant beaucoup celle d’Hannibal : jeu sur les très gros plans, ralentis, perfection visuelle et saturation des couleurs. À un point d’ailleurs où on pourrait se demander si ça ne ressemble pas un peu trop à Hannibal, la dernière scène de l’épisode allant jusqu’à quasiment copier l’esthétique pluvieuse de la dernière séquence de la saison 2. Attention Bryan, il ne faudrait pas non plus qu’American Gods devienne un exutoire sur ce que tu n’as pas eu le temps de traiter dans ta précédente série. Néanmoins, il est tout à fait normal que l’on retrouve ici une réflexion similaire autour de ce qui constitue le Mal et la moralité divine, au sens pluriel comme l’indique le titre de la série.

            Pas de quoi s’alarmer donc, bien au contraire, d’autant plus que non seulement c’est visuellement superbe, mais parfois même innovant dans la façon dont certains Dieux sont représentés. Le technical boy présenté vers la fin d’épisode est le meilleur exemple de cette énergie visuelle et sonore débordante qui se développe tout au long de l’épisode. Nous ne sommes pas non plus au niveau de Legion, mais qui sait ce que nous réserve la suite de la saison, qui ne peut qu'être encore meilleure tant il est évident qu’il ne s’agit là que d’une introduction.

             

             

            Des personnages hauts en couleur au cœur d'un récit initiatique

             

            Mais n’allez pas croire non plus qu’American Gods est une série uniquement sombre, faite de combats et de moments glauques. Elle déploie également un humour noir corrosif, traitant de sujets sérieux comme le deuil avec une certaine subversion, et jouant sur le flegme de ces Dieux qui s’amusent de voir débarquer un homme qu’ils semblent mieux connaître que lui-même. Cet homme justement, c’est Shadow Moon, le personnage principal incarné par Ricky Whittle (interprète de Lincoln dans The 100, et sosie officieux de Booba). Il sort tout juste de trois ans de prison et ne sait pas trop dans quoi il tombe lorsqu’il fait la rencontre de Mr Wednesday, un fourbe monsieur qui lui propose un travail dont il ne sait rien.

             

            Ricky Whittle et Booba

            Avouez qu'il y a une ressemblance, non ?

             

            Saluons en cela le talent de Ian McShane, qui porte malicieusement, avec l’aide de dialogues savoureux, ce personnage haut en couleur qui sera de toute évidence central dans la première saison. La confrontation entre les deux personnages donne lieu à des scènes souvent drôles sans pour autant qu'ils perdent de leur mystère. D’ailleurs, le caractère à l’inverse très sérieux de Shadow Moon, qui pourrait paraître un peu fade face à ce monde grandiloquent, remplit justement parfaitement son rôle d’identificateur pour les spectateurs et le décalage produit lui aussi un certain humour.

            Néanmoins, il ne se laisse clairement pas marcher sur les pieds, malgré son désir de tout faire pour ne pas retourner en prison. Face à une bonne bastonnade avec un Leprechaun particulièrement grand, force est de constater qu’on est donc loin d’un conte initiatique à la Candide. Mais parler de conte dans le cas d’American Gods n’est pas non plus hors sujet, puisque la notion de voyage y est clairement présente. Un voyage à travers l’Amérique, un voyage à travers une mythologie mélangeant des inspirations véritables et des inventions, mais aussi un voyage pour retrouver sa liberté.

            En effet, à peine sorti de prison, le voilà menacé de mort par des ennemis de Wednesday, et il ne faudrait pas non plus qu’il retombe trop dans ses travers. La prison semble être un danger désormais lointain, mais un indice lors de l’épisode me laisse à penser autrement : vers le début, Shadow se remémore un "enseignement" de la part de son camarade d'incarcération, afin de ne pas retourner en cellule. Présenté oralement presque sous la forme d’un commandement divin, ce conseil, s’il est suivi d’autres lors des épisodes suivants, pourrait bien constituer une sorte de guide initiatique reliant l’exploration mythologique avec le monde actuel. Ce n’est là que pure conjecture, mais avouez que ça aurait de la gueule.



            Dans son ensemble, ce pilote d’American Gods est très prometteur : casting au top, visuel superbe, générique magnifique, narration stimulante. Il ne manque plus que des enjeux dramatiques solides se dégagent pour qu’on puisse vraiment prendre notre pied. Dans tous les cas, on attend la suite avec impatience.

             

            J'ai aimé :

             

            • Beaucoup trop de choses pour tout lister ici

             

            Je n'ai pas aimé :

             

            • Une petite redondance parfois avec Hannibal, notamment au niveau visuel
            • Il manque peut-être une vraie direction à la fin de l'épisode

             

            Ma note : 15/20.

            Critique : Doctor Who (2005) 10.04

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            Hercule Poirot sur Gulli.

            En popularisant l’expression « behind the sofa » dans les années 70, impliquant que les enfants devaient se cacher derrière leur canapé pour suivre la série, Doctor Who a ouvert la voie à une longue tradition d’épisodes horrifiques qui se poursuit encore aujourd’hui dans la nouvelle série. Dans cette catégorie, Peter Capaldi n’est clairement pas en reste par rapport à ses prédécesseurs avec des histoires telles que Listen ou Heaven Sent qui ont été parmi les plus abouties de son run. Mais pour un scénariste de Doctor Who, l’horreur est un genre complexe à appréhender. En effet, comment réussir à proposer un divertissement à la fois familial et horrifique en évitant les nombreux clichés qu’implique le genre ? Mike Bartlett, petit nouveau dans la famille des scénaristes du Whoniverse s’y essaye avec Knock Knock, un épisode prometteur qui devait donner le coup d’envoi de la seconde phase de cette saison 10, après trois épisodes qui avaient pour objectif de poser les bases d’une nouvelle relation Docteur/compagne. Et cette semaine, l’effroi est bien au rendez-vous. Mais pas vraiment là où on était en droit de l’attendreaurai.

             

             

            L’horreur pour les nuls

             

            Bienvenue dans la maison hantée

            J'vous préviens, c'est une vraie boucherie là-dedans !

             

            La première séquence donne le ton de l’épisode. Une bande de jeunes, dont Bill notre pétulante nouvelle compagne, partent à la recherche d’un appartement sur fond de musique pop, une introduction qui n’est pas sans rappeler (avec de premiers frissons) Class, pénible spin-off sorti du chapeau de Patrick Ness l’an dernier qui avait pour objectif d’offrir une image plus jeune au Whoniverse en traitant de l’effrayante période de l’adolescence.

            Mais nulle inquiétude ici, puisque l’on comprend rapidement que cette bande de joyeux lurons ne sera qu’une justification pour offrir plus de potentielles victimes (et quelques références « pour faire jeunes bien que nous soyons de vieux scénaristes » à Spotify et à la télé-réalité) lorsqu’un mystérieux vieillard propose son manoir à louer pour un prix dérisoire. Il reviendra alors au Docteur et à Bill « d’enquêter » (notez les guillemets) pour révéler la sinistre histoire qu’abrite ces murs et sauver leurs chers « amis » (notez, notez) de la terrible menace qui plane sur eux.

             

             Doctor Who et les jeunes

            Hi hi, on est trop des djeunz dans cette série ! #TimeTravel #Nardole

             

            Vous l’aurez compris, difficile de faire plus prévisible que les trente premières minutes de Knock Knock. Reprocher au scénario d’être sur des rails serait même un affront à la SNCF, bien plus imprévisible que cette pénible resucée de tous les codes les plus éculés du genre horrifique. Les éclairs tonitruants, les planchers qui craquent, le personnage de David Suchet surgissant de l’ombre et disparaissant au coin d’un couloir, la bande de jeunes accros à leur portable se jetant dans la gueule du loup à la première occasion venue… On reste perplexe devant ce mélange sans saveur, trop fade pour prétendre à une parodie du genre, trop cliché pour tirer parti des quelques idées originales qui surgissent çà et là (la vision d’une victime avalée par le mur, maintenue en vie par un tourne-disque, complètement gâchée par la réaction totalement absurde de Bill et son amie).

            Mais un scénario inepte peut toujours être porté par une réalisation inventive, car l’horreur est surtout un travail d’ambiance, et Doctor Who a prouvé par le passé qu’elle pouvait distiller une atmosphère effrayante avec quelques effets visuels simples mais efficaces. Malheureusement, pour la deuxième semaine consécutive, Bill Anderson prouve qu’il n’est clairement pas un apport essentiel à la série. Déjà très mou dans ses péripéties, l'épisode n’est pas aidé par une réalisation fainéante et aux choix parfois saugrenus : comment impliquer les spectateurs lorsque toutes les attaques de la première moitié de l’épisode se déroulent hors-champ ? Comment faire ressentir le sentiment d’enfermement lorsque ni le scénario, ni la réalisation ne parviennent à nous faire prendre conscience de l’agencement de la maison hantée ? En bon récit horrifique, Knock Knock aurait dû faire de la maison hantée un personnage à part entière de son récit visuel. Malheureusement, il n’en est rien.

            Cerise sur le gâteau, Murray Gold semble avoir totalement abandonné toute ambition dans son travail musical. Le moindre petit rebondissement est très lourdement souligné par des musiques peu inspirées, ce qui s'avère plutôt ironique au vu de la place qu'elles occupent dans le récittue. Knock Knock incarne donc une constellation. L’alignement parfait de potentiels gâchés se complaisant dans les codes surannés du genre horrifique. Mais si l’épisode ne brille pas par son originalité dans sa première partie, peut-il être sauvé par son dénouement ?

             

            Twelve devant le portail

            « Vous êtes sûrs que vous voulez pas garder ce script pour la saison 11 ? »

             

             

            Doctor Who pour les nuls

             

            Knock Knock pourrait-il être un de ces épisodes capricieux qui révèle ses qualités lors de son dénouement ? Encore une fois, inutile de faire durer le suspense. Si la première partie de l’épisode était un condensé de clichés sur les films d’horreur, la suite ressemble davantage à un cahier des charges peu inspiré du parfait petit scénariste de Doctor Who.

            Bien aidé par la présence de Peter Capaldi et David Suchet, qui parviennent à insuffler un peu d’étrangeté dans une histoire qui en manque cruellement, le scénario dévoile mollement son pot aux roses, annihilant progressivement le peu de mystère qui pouvait exister au profit d’enjeux sans queue ni tête, servis par des effets spéciaux de piètre qualité et par une révélation qui ne produit absolument pas l'effet escompté sur le spectateur, le build-up autour du personnage de Suchet ayant été trop faible pour qu'on se sente impliqué par son histoire.

             

            Les bêtes dans les murs

            Des ennemis mémorables, à n'en point douter...

             

            Et pourtant. Et pourtant, pris à part, les éléments de Knock Knock ne sont pas mauvais. Le concept des créatures se cachant dans le bois pour dévorer leurs victimes a tout à fait sa place dans la série, tout comme la vision de cette femme faite de bois (évoquant cependant un épisode peu apprécié de Steven Moffat), condamnée à la vie éternelle par un petit garçon prisonnier dans son corps de vieillard. Mais l’épisode tente tellement de compliquer en vain ses enjeux, empilant par la même occasion les incohérences, qu’il désamorce chacune de ses (rares) bonnes idées par une exécution maladroite. 

            Car avoir des idées ne suffit pas à faire un bon épisode de Doctor Who. La science-fiction n’est rien sans fond, sans discours sous-jacent. Bien évidemment, il est possible d’apprécier une aventure pour le frisson qu’elle nous procure. Mais Knock Knock est définitivement trop faible dans sa construction pour captiver son public de bout en bout. Ironiquement, Mike Bartlett semble tenter de marcher dans les pas de Steven Moffat, mais sans insuffler à son scénario les niveaux de lecture et de référence que le showrunner écossais parvient généralement à distiller dans ses créations. Ici, le double-sens est bien présent puisque la situation du personnage de David Suchet, maintenant prisonnière une personne en espérant ainsi la protéger, fait écho au Docteur et au Vault. Mais en l'absence d'informations supplémentaires sur cet arc qui n'en finit pas de commencer, le jeu de miroirs tombe à plat.

             

            La femme en bois

            Moi quand je débarque à une soirée à laquelle je ne suis pas invité.

             

             

            Steven Moffat pour les nuls

             

            On retrouve ainsi dans Knock Knock bon nombre des lubies de Steven Moffat (aussi appelé le « Bingo Steven Moffat » dans certains cercles de fans, voir plus bas), privées des fondations essentielles à la construction d’un scénario cohérent : un enfant effrayé à l’origine de tous les événements du scénario, la peur des petits détails de notre quotidien (un plancher qui craque), des monstres qui n’ont pas conscience du mal qu’ils infligent (que ce soit le cas des insectes ou du personnage de Suchet) ou bien encore une intrigue se résolvant par le pouvoir de l’amour et l’importance de la famille… 

            En bon élève, Mike Bartlett a tenté un mélange de genres entre l’horreur, le conte de fées et la science-fiction, sans parvenir à trouver l’équilibre qui aurait permis à ces trois éléments d’offrir un résultat harmonieux. Et contrairement aux épisodes précédents, il n’est même pas possible de se rabattre sur le duo principal, tant le Docteur et Bill s’avèrent transparents dans cette aventure. Peter Capaldi livre une prestation sans véritable saveur, évitant de peu l’auto-caricature, tandis que le personnage de Pearl Mackie apparaît tour à tour transparent ou générique, voire parfois même assez out of character dans sa relation avec le Docteur, plus proche des duos Clara/Eleven ou Clara/Twelve que de la dynamique qui s’était instaurée dans les épisodes précédents. Le duo qui avait illuminé les premiers épisodes de la saison n’est donc clairement pas mis en valeur dans cette aventure, révélant ainsi la fragile structure sur laquelle repose une saison 10 qui peine à trouver ses marques.

             

            Suchet

            Quelle classe, tout de même !

             

            Car au-delà de toutes les erreurs commises par Mike Bartlett dans son scénario, la faute revient surtout à Steven Moffat qui retombe dans ses vieux démons de showrunning. Ainsi, les personnages apparaissent et disparaissent au profit de l’intrigue d’un épisode, comme la mère adoptive de Bill qui aurait eu légitimement sa place dans Knock Knock (et aurait même pu remplacer la bande de jeunes, permettant à l’épisode de se concentrer sur un personnage que nous avions déjà rencontré par le passé).  Ainsi personne ne mourra dans cet épisode (quel était donc l’intérêt de tuer des personnages dans ce cas ? Pourquoi ne pas seulement les rendre prisonniers des murs, rendant ainsi leur sauvetage final plus cohérent ?) car cela impliquerait de traiter ces morts et leur impact, notamment sur le personnage de Bill. Ainsi, la résolution est clairement précipitée (sans que jamais le Docteur ne s’attarde sur les conséquences de l’aventure ou les raisons de la présence alien sur les lieux) au profit d’un énième arc mal intégré qui réussit l’exploit d’être redondant en l’espace de quatre épisodes. Ainsi Doctor Who se répète et, à l’image de son personnage éponyme dans cet épisode, nous semble soudainement un peu trop âgé pour continuer ce genre de bêtises…

             

            Knock Knock est un épisode raté qui révèle une série dont les mécanismes s’avèrent de plus en plus rouillés avec le temps. Un paradoxe étrange venant d’un nouveau scénariste qui aurait dû insuffler un peu de sang neuf en ce début de saison timide, sans aucun doute le plus faible depuis que Steven Moffat est à la barre, en dépit de la bonne énergie distillée par Peter Capaldi et Pearl Mackie. Finalement, un vieillard qui s’imagine toujours enfant, tentant vainement de maintenir en vie sa créature figée par le temps, ne serait-ce pas une belle métaphore de ce qu’est devenue la série aujourd'hui ?

             

             

            J’ai aimé :


            • Plaisant de revoir David Suchet, un des rares guests mémorables de l’ère Capaldi
            • Quelques bonnes idées…

             

            Je n’ai pas aimé :


            • … Malheureusement mal exploitées par un scénario creux et confus
            • Une réalisation effrayante de fainéantise
            • Une musique trop envahissante, empêchant la moindre tension
            • Un casting transparent
            • Moins d’une minute de Nardole
            • Un arc qui lasse déjà, répétant les défauts de showrunning des saisons passées

             

            Ma note : 08/20.

             

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            Bonus 1 : Le Coin du Fan (de David Suchet)

             

            • David Suchet a avoué avoir accepté de jouer dans Doctor Who avant même de lire le scénario de l’épisode. Au vu du résultat, un rapide coup d’œil sur son contenu aurait peut-être été souhaitable…
            • Grand fan de la série, David Suchet se souvient d’avoir regardé à la télévision le tout premier épisode de Doctor Who lorsqu'il était petit. Il reconnaît même s'être caché derrière le sofa lors de la première apparition des Daleks. 
            • Peter Capaldi et David Suchet ont déjà travaillé ensemble, notamment sur la série Agatha Christie’s Poirot dans l’excellent épisode Wasps’ Nest
            • La première victime citée par le Docteur lorsqu'il confronte le personnage de David Suchet s'appelle Christie. Un hommage discret du scénariste ?

             

               

              Bonus 2 : Le Coin du Fan (de Doctor Who) pas motivé

               

              • La maison est la même qui a été utilisée lors de certains plans du tournage de Blink.
              • Harriet Jones, figure bien connue des fans durant le run du Dixième Docteur, est mentionnée. 
              • Le personnage d’Harry devait être le descendant d’un compagnon du quatrième Docteur (Harry Sullivan), mais la scène a été coupée, le scénaristes jugeant que le personnage était trop peu connu auprès du grand public.
              • Sans doute la référence la plus importante de l’épisode : Bill insiste lourdement sur le fait que le Docteur est son grand-père, renforçant ainsi le parallèle avec Susan qu’effectuait le premier épisode de la saison par le biais d’une photographie. Clin d’œil ou foreshadowing ?

               

               

              Bonus 3 : Le Coin du Nardole

               

              Si Nardole n'est pour l'instant pas encore Président de la France (et bien que le Président sortant partage quelques similitudes avec lui), force est de constater que le petit chauve gravit progressivement les échelons de notre cœur. Peu à peu, la haine laisse place à l'indifférence, qui se transforme progressivement en un amour timide qui bourgeonne avec les premières fleurs du printemps. Nardole, petit coquelicot, tout de rouge vêtu, quand enfin connaîtras-tu ton heure de gloire ? Face à un début de saison morose, force est de constater que seul le Nardole pourrait aujourd'hui relancer l'intérêt de la série.

              Car Nardole se sent trahi, comme nous tous, petits Nardolos, à qui il nous avait été promis du neuf cette saison. Nardole voit son meilleur ami, le Docteur, lui tourner le dos, offrir des pianos à des inconnu(e)s, manger mexicain avec (alors qu'il sait que Nardole a des problèmes gastriques !!) sans même s'interroger sur son bien-être. Oui, Nardole est blessé, et peu à peu, quelque chose se trame dans l'ombre. De la rancœur. Une ombre rougeâtre aux formes généreuses et au crâne luisant plane sur le douzième Docteur. Et si nous faisions fausse route ? Et si la véritable Némésis du Docteur, responsable de sa prochaine régénération, n'était en réalité qu'un ami en manque d'amour ?

              Je vous laisse réfléchir sur ces quelques lignes, les Nardolos, en attendant la semaine prochaine qui devrait nous promettre un épisode de qualité (car avec des vrais morceaux de Nardole dedans).

               

               

              Bonus 4 (plus rien ne m'arrête) : Le bingo-Moffat saison 10

               

              Bingo Moffat

              Nardoleusement vôtre.

              Critique : Better Call Saul 3.04

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              Où Mike joue avec une perceuse.

              Jamais la série n'avait autant approché le fantasme de son annonce : un spin-off sur Breaking Bad. Vince Gilligan et Paul Goude se sont bien gardés de proposer ce que les fans attendaient. Better Call Saul est un show bien différent, parfois même opposé à ce qui l'a enfanté. Pourtant, cette semaine et pour la première fois, on était dans un bonus DVD de Breaking Bad. Un bonus avec des guests, des commentaires et des clins d’œil appuyés à la série-mère. Alors oui, c'était cool de voir Don Eladio et sa piscine (après qu'il fût mentionné en saison 2) et on s'est souvenu de la mort brutale de Juan Bolsa. Pas de doute, c'était très sympa. Était-ce vraiment utile ? J'en suis moins sûr.

               

               

              "The Brother Butt"

               

              Cette scène d’introduction ne nous a pas vraiment appris grand-chose. Don Eladio est toujours aussi ridicule et Bolsa, vaguement lâche. La séquence sert surtout à montrer l'opposition grandissante entre Tio et Gus. Ce dernier est, pour l'instant, le plus grand mystère de la série. Qui est-il au fond ? Un robot froid et méticuleux ? Une âme en peine cherchant à venger la mort de son ex-amant ("The Brother Butt" dit Tio) ? Les deux à la fois ?

               

              Don Eladio et Tio

               

              Là-dessus, deux scènes précises viennent éclairer le personnage. Dans la première, après avoir fait partir les Mexicains de son restaurant, il se retrouve seul. Il range méticuleusement les déchets et avec une boule d'aluminium, marque un panier dans la poubelle. Sur son visage, se dessine celui d'un enfant qui vient de commettre un bon coup. On retrouve cette même dynamique dans la seconde scène. L'histoire qu'il conte à ses employés de l'homme seul, qui est parvenu à mettre en déroute les méchants, semble le réjouir profondément. C'est la légende du personnage qu'il ne sera jamais. Gus n'agit pas comme ça. Ses méthodes sont méticuleuses et prennent du temps, demandent de la patience. Avec du recul, il est amusant de voir Gus se fantasmer en une sorte de Walter White de la saison 5 de Breaking Bad.

               

               

              Mike is The Handyman

               

              Dans Breaking Bad, sur Mike, une chose était certaine : c'était le meilleur dans son domaine. Jamais d'erreurs de jugement. Jamais de remise en cause. Seulement à la toute fin, un plan nostalgique et un regret palpable d'avoir tant fait pour terminer là, au bord de cette rivière. Dans Better Call Saul, la situation est quelque peu différente. Je l'avais déjà dit précédemment, mais le fait que l'acteur soit plus vieux joue beaucoup sur notre perception. D’ores et déjà, il a l'air comme épuisé de ce qui va suivre et qui le conduira à sa perte. Fatigué d'avoir perdu son fils. Épuisé de toujours devoir protéger les siens. Contrairement à Walter, Mike n'aime pas vraiment ce qu'il fait. Il est juste excellent pour cela, mais au fond de lui, c'est un flic. Si traîner avec des voyous de petite envergure (comme dans la saison 1) peut cohabiter avec sa propre moralité, il en va bien autrement quand il s'agit de faire alliance avec un loup comme Gus.

               

              Gus rassure ses employés

               

              Dans cet épisode, Mike fait le lien entre le début très breaking badien, et la seconde partie beaucoup plus saulienne. C'est l'électron libre qui ne sait pas où se positionner. Il sait où il doit aller s’il veut mettre sa famille à l'abri du besoin, mais il sait aussi qu'il ne faut pas qu'il le fasse. C'est là qu'intervient : Jimmy McGill. Au fond, Mike n'a sûrement que peu d'estime pour la moralité de Saul, qu'il prend sans nul doute pour un escroc à la petite semaine. Mais, l'épisode montre très bien qu'il l'estime en tant qu'être humain. Jim est ce qui se rapproche le plus d'un ami pour Mike.

              Et c'est précisément là où l'épisode est génial. Il vient apporter une nouvelle couche de subtilité croustillante dans la mythologie de la série-mère, où Mike avait toujours semblé déconsidérer l'avocat véreux. On comprend ici que Jimmy est l'encrage qui permet à l'ancien flic de ne pas basculer "de l'autre côté", forcément fatal à lui, sur le long terme. Le montage illustre cela à merveille. Gus propose à Mike un boulot dangereux, mais chèrement payé. Mike refuse et quelques scènes plus tard, il est en train de jouer de la perceuse chez Chuck.

               

               

              Kim’s way

               

              Compte tenu du caractère de la jeune femme, il me semblait évident qu'elle allait rapidement lâcher Jimmy. Il n'en fut rien. Comme Skyler à l'époque (mais pour des motifs complètement différents), Kim décide de suivre la voie de Saul et de se battre à ses côtés. Cela donne lieu à cette séquence du  "deux versus deux" dans la salle du tribunal. La première explication qui vient à l'esprit, c'est que Kim le fait par amour. Elle aime profondément Jimmy et veut le défendre quoiqu'il en coûte. L'autre raison (plus crédible, selon moi), c'est sa volonté quasiment viscérale de revanche. Contre ces hommes en costume qui l'ont cantonnée si longtemps en salle d'archives. Contre cette hiérarchie contre laquelle elle a dû se battre. Je ne sais pas qui sortira vainqueur de ce combat, mais au moins, Kim Wexler aura jusqu'au bout choisi sa propre voie. La tête haute.

               

              Un excellent épisode qui interroge la potentialité de ce que la série aurait pu être et de ce qu'elle est réellement. Pour l'instant, cette saison : it's All good Man !

               

              J'ai aimé :

               

              • Le dernier plan final. Pouvait-on faire mieux ? Je ne crois pas.
              • "The Brother Butt". Tio et cet art consumé de la punchline.
              • Gus, qui apparaît clairement dans cet épisode comme le stade ultime du mal, et qui maintenant laisse transparaître des touches certaines d'humanité.
              • Comprendre au détour d'une scène que Mike apprécie la compagnie de Jimmy.

               

              Je n'ai pas aimé :

               

              • La sensation, probablement fausse, que la série prend une direction prévisible et connue sur Mike.
              • Don Eladio. Rien contre l'acteur en tant que tel. En revanche, il y a un certain effet de bizarrerie de le voir plus vieux pour une scène qui se déroule supposément dans le passé. Si ça passe pour Mike (parce que ça sert le propos), c'est beaucoup plus compliqué ici.

               

              Ma note : 16/20.

               


              Le Coin du Fan :

               

              Après l'accalmie de la semaine dernière, la série repart sur les chapeaux de roue en ce qui concerne les guests. Retour, tout d'abord, sur les deux-trois easters eggs de la semaine dernière avant d'étudier ceux de cette semaine.

               

              Easter eggs de l'épisode 3 :

               

              • Le flash forward d'ouverture. La scène d'ouverture (celle avec les chaussures qui tombent) se situe pile-poil dans la timeline de Breaking Bad (probablement dans la saison 4).

               

              • Mike rencontre Gus sur une route. Un Gus flanqué de deux adjoints dont Tyrus Kitt, qui fait sa première apparition dans la série. Tyrus est le bras droit de Gus et le remplaçant de Victor. Tyrus sera tué en même temps que Gus dans la maison de retraite de Tio.

               

              Tyrus, homme de main de Gus

               

                Easter-eggs de l'épisode 4 :

                 

                • Don Eladio. Après avoir été évoqué en saison 2, le Don et sa célèbre piscine font leur grand retour. À noter le sens du détail de la reconstitution du décor de la piscine, strictement à l’identique. Tio se tient d'ailleurs à peu près à la même place où il était lors de la mort de Max. On peut donc supposer qu'il doit y penser à cet instant :

                 

                  Tio et la piscine

                La mort de Max

                 

                • Juan Bolsa nous fait aussi un petit coucou. C’est l’homme de liaison entre Gus et le cartel. Il sera d’ailleurs balancé par ce dernier et tué par les forces de l’ordre :

                 

                 

                • L'homme de main qui accompagne Tio (à droite sur la photo plus haut) s'appelle Ximenez Lecreda. Il apparaissait déjà dans Better Call Saul, dans la scène en saison 2 (épisode Fifi) où Mike volait le camion de glace des Mexicains :

                 

                L'homme de main dans le camion de glace

                 

                • La station de pompier d’où Gus téléphone est celle où Walter laisse la petite Olly en saison 5 (Ozymandias) :

                 

                Station de pompier dans Breaking Bad et Better Call Saul


                  Critique : Better Call Saul 3.05

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                  Où Chuck sort de l'ombre.

                  Je suis heureux de pouvoir faire ma première critique de Better Call Saul sur Chicanery, tant l’épisode incarne tout ce que j’aime dans son show. La finesse de ses personnages, des relations qui les (dés)unissent et de la lente transformation de Jimmy McGill en Saul Goodman. Bien que j’apprécie les intrigues de Mike et Gus et la progressive intégration de Better Call Saul dans l’univers de la série-mère, j’ai un attachement profond aux tourments de la fratrie McGill. Bref, vous l’aurez compris : j’ai savouré chaque minute de ce petit bijou d'épisode.

                   

                   

                  Le crépuscule des idiots

                   

                  Chicanery débute par un flash-back mettant en scène l’ex-femme de Chuck, Rebecca, précédemment apparue dans l’épisode éponyme de la saison 2 (le cinquième, précisément, car Gould et Gilligan ne laissent jamais vraiment rien au hasard). Ce choix est déjà lourd de sens, puisque jusqu’à présent le personnage de Rebecca (comme celui d’Alfred Hitchcock) était porteur d’un mystère, d’un non-dit entre les frères McGill, à tel point que sa seule autre évocation dans la série émergeait lors de l'intrusion d'un Jimmy furieux chez Chuck un peu plus tôt dans la saison ("No wonder Rebecca left you !"). En faisant réapparaître Rebecca en ouverture de l'épisode, et en apportant les réponses qui n'étaient jusqu'alors qu'implicites, l'épisode semble vouloir marquer une étape dans la mythologie de la série.

                   

                  Rebecca

                   

                  Ainsi, Chicanery est un épisode crépusculaire, celui de la fin d’une ère pour la série et pour les frères McGill. Comme sur le champ de bataille, les personnages préparent le terrain, avancent leurs derniers pions avant de s’engager dans la bataille : Jimmy se rendant chez le vétérinaire de Mike, Kim rassurant Mesa Verde quant aux possibles retombées à venir, Chuck tentant de trouver les mots justes pour rendre crédible l’amour qu’il porte à son frère, ou encore Howard qui propose à Chuck de faire marche arrière…

                  Comme dans Breaking Bad, et peut-être même avec encore plus de finesse et d’intelligence, Peter Gould, Vince Gilligan et Gordon Smith (scénariste de l’épisode) ont posé tous les jalons menant à la confrontation qui occupera la seconde moitié de l’épisode. La réalisation nous le fait comprendre lorsqu’elle s’arrête sur les plots de signalisation devant le tribunal, préfigurant l’arrivée de Rebecca : quelque chose d’important se trame. Kim et Jimmy ont un plan. Mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’embobiner "Ken Wins", il s’agit de faire tomber Chuck, de le briser psychologiquement, de l’humilier. Car il n’y a pas d’autre victoire envisageable, aussi amère soit-elle.

                   

                  Chuck et ses bougies

                   

                  J’ai bien conscience que Chuck est un être détestable, rongé par la jalousie, l’hypocrisie et sa soif de justice personnelle ridicule. Mais Better Call Saul nous a amenés à comprendre ce personnage. J’ai appris à connaître Chuck, et bien qu’étant attaché à Jimmy, j’ai une vision claire de ce qui a mené son frère à devenir l’être qu’il est aujourd’hui. La série a distillé au fil de ses trois saisons toutes les étapes de la construction du personnage, jusqu’à ce flash-back sur Rebecca qui pose enfin les dernières pièces de l’édifice avant que celui-ci ne s’écroule.

                   

                   

                  Dura lex, sed lex

                   

                  Chicanery est un épisode passionnant car il donne finalement à voir ce que la série nous a promis depuis ses débuts, sans jamais réellement nous l’offrir. En effet, lors de l’annonce du spin-off en 2013, les rumeurs allaient bon train sur un format de vingt minutes plus axé sur la comédie qui nous montrerait Saul défendre des clients tous plus saugrenus les uns que les autres. Bien évidemment, le résultat a été tout autre, et nous avons finalement très peu eu l’occasion de voir Jimmy en action à la barre. Au contraire, la cour dans Better Call Saul est davantage représentée dans sa froide réalité, les "boring parts" comme l’explique Peter Gould dans une interview de 2015 à The Independent.

                   

                  Jimmy face à Chuck  

                   

                  "The law is too important", martèle Chuck à plusieurs reprises, incapable d’accepter que son frère puisse, en dépit de ses défauts, défendre lui aussi la loi. En ce sens, Chicanery pourrait représenter une étape dans la série : le passage d’une justice rigoureuse et absolue à une nouvelle justice plus trouble, au sein de laquelle seules l’audace et la ruse prévaudraient. Ce glissement s’opère au sein même de l’épisode, Chuck accusant Jimmy de vouloir le pousser à confesser la vérité dans un cri du cœur semblable à celui des meurtriers dans la série Perry Mason. Ce qu’il finira par faire à la fin de l’épisode, dans un puissant monologue de détresse parfaitement porté par un Michael McKean possédé, mettant fin avec fracas à deux saisons et demi de mensonges et de déni sous le regard halluciné de l’assistance.

                   

                  Chuck regarde EXIT

                   

                  Cette confrontation finale pourrait ainsi incarner une réponse des scénaristes au concept même de la série, la première véritable victoire de Saul, dans une séquence que n’aurait pas renié Perry Mason ou Law and Order. Mais là où une de ces séries s’achèverait par la libération de l’innocent et la défaite du coupable, Chicanery ne laisse qu’un goût amer en bouche. En révélant la supercherie de son frère, Jimmy s’est un peu plus éloigné du code moral qui le caractérisait, le rapprochant fatalement de Saul Goodman.

                   

                  Chicanery est une nouvelle preuve de la maîtrise totale des scénaristes de Better Call Saul, qui ne cessent de peaufiner leur écriture au fil des saisons. Arrivée au milieu de sa troisième saison, la série bouscule l’une de ses intrigues fondatrices, plongeant désormais les spectateurs dans l’inconnu. Car, bien que connaissant la destination, le chemin qui y mène s’avère encore bien trouble…

                   

                  J’ai aimé :


                  • Un épisode en apparence prévisible qui parvient à nous garder en apnée sur toute sa seconde moitié
                  • Un épisode qui magnifie le conflit des frères McGill en l’emmenant vers de nouveaux horizons
                  • L’intelligence de la construction de la série, que ce soit à l’échelle de l’épisode ou de la saison

                   

                  Je n’ai pas aimé :


                  • Déjà le milieu de la saison…
                  • Je n'ai jamais vraiment réussi à m'intéresser au personnage d'Howard (oui, il faut bien trouver des défauts)

                   

                  Ma note : 17/20.

                   

                   

                  Le Coin du Fan (par Koss) :

                   

                  Cette semaine encore, une tête connue nous fait coucou, pendant que Gilligan s’amuse avec subtilité.

                   

                  • L’homme aux doigts d’or, Huell Babineaux la légende, fait ici sa première apparition chronologique dans le Breaking-Bad-verse. Il est intéressant de noter que Gilligan utilise ici une nouvelle fois sa capacité de pickpocket pour résoudre un point scénaristique majeur (les rageux diront : Deus Ex Machina).

                   

                  Huell Babineaux

                   

                  • 12 :16. C’est l’heure qui est affichée sur l’horloge que retire l’officier de justice. Deux chiffres qui renvoient à l’erreur de Chuck avec Mesa Verde :

                   

                     

                    • La série commence à s’auto-référencer. Dans la scène introductive de l’épisode, Chuck a le dialogue suivant avec son ex-épouse : "The deadbeat at 512 sanchristobal hasn't been paying his bills... and of course I'm 215". Ce qui est, là aussi, une référence à Mesa Verde.

                     

                    • La cuisine et Chuck. Le frère de Jimmy aime visiblement cuisiner avec un tablier de couleur très breaking-badienne :

                     

                    Chuck cuisine

                     

                    • Jimmy, dans son interrogatoire de Chuck, lui demande s’il aurait avoué à sa femme s’il avait eu un cancer. Difficile de ne pas penser à Walter.

                     

                    C’est tout pour nous. Après cette longue critique, on va se coucher...

                     

                    Huell Babineaux dort

                     

                    À la semaine prochaine !

                    Le Previously ultime de la mort qui tue de Twin Peaks

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                    Résumé du dernier épisode diffusé, afin d'être prêts pour la reprise et être au calme.

                    Dans le dernier épisode de la saison 2 de Twin Peaks diffusé le 10 juin 1991, Laura Palmer (ou son fantôme ou son âme perdue, on ne sait pas trop) dit à l’agent Dale Cooper :

                     

                    Je vous reverrai dans 25 ans.

                     

                    Et v’là-t’y pas que le 21 mai 2017, Twin Peaks va renaître de ses cendres de manière totalement inattendue. Incroyable comment ils sont devins, les Lynch et Frost, non ? Et comme vingt-six ans (ils se sont quand même plantés d’un an), c’est long, Série-All propose, après un article décrivant le destin des acteurs et un best-of des meilleures scènes, un résumé express des événements qui ont eu lieu dans le dernier épisode de la saison 2, pour avoir l’esprit bien frais. Car déjà que les nuits à Twin Peak sont souvent agitées, mais celle qui occupe l’épisode 29 a été particulièrement animée ; et en marge de l’enquête principale, de nombreux incidents/accidents l’ont émaillée. Compte-rendu grâce à l’édition de la gazette de Twin Peaks.

                     

                     

                    Rubrique faits divers

                     

                    Drame lors de l’élection de Miss Twin Peaks

                     

                    Photo des candidates au concours.

                     

                    Lors de ce concours auquel participaient les plus jolies filles de Twin Peaks et alors qu’on venait d’annoncer la victoire d'Annie Blackburn, une attaque est survenue. Windom Earle, le méchant en papier de la saison 2 qui passe la moitié de ses dialogues à rire de façon démoniaque, a interrompu la cérémonie en coupant le courant. Déguisé en la dame à la buche, il a kidnappé la lauréate. L’agent Dale Cooper s’est immédiatement lancé à sa poursuite. Toute la ville est sous le choc. Heureusement, ce terrible événement n’a pas fait de mort. On relève tout de même une blessée, Nadine Hurley, qui a reçu un sac de plâtre sur la tête.

                     

                    Explosion à la banque

                     

                    Une bombe a explosé à la banque centrale de Twin Peaks. Il semblerait qu’Andrew Packard, le frère de Catherine Martell, s’y était rendu avec Pete Martell pour ouvrir un coffre appartenant à feu Thomas Eckhardt, son ex-associé. Mais cela était l’ultime étape d’une vengeance machiavélique, et une bombe se trouvait dans le coffre. C’est celle-ci qui se serait déclenchée et qui a fait exploser le bâtiment.

                     

                    Andrew et Pete juste avant l'explosion de la bombe.

                     

                    Victime collatérale, Audrey Horne était aussi présente dans la banque. La fille de l’homme d’affaires Benjamin Horne venait de s’attacher au coffre central pour protester contre le projet Ghostwood. Pauvre Audrey, déjà peu gâtée par les scénaristes lors de cette saison 2, qui l’avaient reléguée au deuxième plan en lui donnant une amourette avec un bellâtre fadasse, loin de son potentiel sulfureux.

                     

                    Audrey, attachée au coffre, juste avant l'explosion de la bombe.

                     

                    Nous n’avons aucune nouvelle des victimes, mais notre petit doigt nous dit qu’Audrey a survécu à l’accident.

                     

                    Tragédie familiale chez les Hayward

                     

                    Donna dans l'escalier, faisant la tête (comme d'hab).

                     

                    Un drame familial s’est produit au sein de la famille du brave docteur de Twin Peaks. Donna Hayward, sa fille, venait d’apprendre que Will Hayward n’était pas son véritable père et qu’elle serait le fruit d’une liaison entre sa mère et l’homme d’affaires Benjamin Horne. Celui-ci a voulu mettre les choses au clair et s’est donc présenté au domicile des Hayward, tard le soir. Mais sa confession a été interrompue par le docteur Hayward qui, pris d’un accès de violence, a cogné la tête de Benjamin sur le rebord de la cheminée. Connaissant les effets d’un choc à la tête sur les changements de personnalité de Monsieur Horne, on peut craindre pour son état.

                     

                    Will en crise et Benjamin assommé à terre.

                     

                     

                    Le Journal de l’Étrange

                     

                    Drôle de nuit qu’a passée l’agent Dale Cooper, lancé à la poursuite de Windom Earle dans la Black Lodge. À peine ce dernier entrait dans le cercle des 12 sycomores de Glastonberry Groves (la porte d’entrée du lieu), le premier évènement surnaturel intervenait au Double’R où Sarah Palmer annonçait un message abscons d’une voix insolite à un Major Briggs encore marqué par son double enlèvement (les OVNIs et Earle).

                     

                    Double image où Sarah Palmer donne un message aux Briggs.

                     

                    Après plus de dix heures d’inquiétude où le shérif Harry Truman était sans nouvelle, Dale Cooper est réapparu avec Annie Blackburn ; les deux étaient inconscients.

                    Selon nos sources (un homme de grande taille chauve), Windom Earle, qui était dans la Black Lodge, avait de sombres desseins, mais le résident Bob, connu de la police pour être une entité démoniaque, ne l’a pas entendu de cette oreille et lui aurait volé son âme. Nous n’en saurons sans doute jamais plus.

                     

                    Bob prenant l'âme de Windom.

                     

                    Depuis, l’agent Dale Cooper s’est réveillé et semble encore un peu déphasé par les évènements de la veille, si l’on juge son comportement erratique lors de son brossage de dents. Mais il retrouvera vite ses esprits, à n’en pas douter, selon son fidèle ami le shérif Harry Truman, dont cela sera là la dernière intervention, car il ne revient pas dans la saison 3.

                     

                    Harry et Doc tenant un Dale en sang.

                     

                    Quant à Annie Blackurn, nous n’avons pas plus de nouvelles, on peut se demander comment elle va.

                    Tandis que le Nain, le Géant, Laura Palmer, son père et sa cousine, toujours enfermés dans la Black Lodge, attendent sur leurs fauteuils, devant des rideaux rouges en écoutant du jazz et en parlant à l’envers, que les portes s’ouvrent à nouveau.

                     

                    Le Nain dansant devant Laura dans la Black Lodge.

                     

                     

                    Le Journal du Cœur

                     

                    Bobby Briggs vient de demander Shelly Johnson en mariage.

                     

                    Bobby et Shelly amoureux comme jamais.

                     

                    Lucy Moran et l’adjoint Andy Brennan se sont avoués leur amour et s’apprêtent à devenir parents.

                     

                    Andy et Lucy in love.

                     

                    Nadine Hurley qui, en sortant de son coma, était persuadée d’avoir seize ans a retrouvé toute sa mémoire, suite à un nouveau choc à la tête. Elle a donc rejeté Mike Nelson, son amoureux juvénile. Ce retour à son état normal (?) va perturber la love story de son mari Ed avec Norma Jennings, qui était enfin révélée au grand jour.

                     

                    Nadine, Earl et Norma dans le même lit.

                     

                     

                    Pendant ce temps...

                     

                    • James Marshall fait de la moto quelque part, les cheveux au vent, en mode rebelle des bacs à sable.

                     

                    James en moto.

                     

                    • Le Docteur Lawrence Jacoby.

                     

                    Gif de Lawrence Jacoby faisant un tour de magie.

                     

                    • Leo Johnson est toujours dans une cabane au fond du bois, ligoté par Windom Earle et relié à un nid de mygales prêtes à lui tomber dessus s’il tente une évasion.

                     

                    Leo attaché par la bouche.

                     

                    • Les hiboux ne sont toujours pas ce que l’on pense.

                     

                    Un hibou.

                     

                    Vous voilà prêts pour dimanche 21 mai. En espérant que cette suite soit à la hauteur, que Lynch et Frost nous fassent rêver, rire, nous impressionnent et nous intriguent. Les gars, please, emportez-nous dans de nouveaux mystères épais, donnez-nous des scènes farfelues, inquiétantes, drôles ou touchantes, offrez-nous du bizarre, de l’inattendu, du malsain, des effets stroboscopiques et des scènes de folie douce. Soyez dignes de la légende et faites une fin de rêve, tellement parfaite qu’on pourra tous se crever les yeux derrière, tant plus jamais rien n’atteindra ce niveau. Mais même si ce n’est pas le cas, s’il vous plaît, ne faites pas tout foirer.

                    Ceci est mon vœu, ceci est ma prière.

                     

                    Les sycomores !!! (j'adore ce mot)

                    Ouverture prochaine.

                    Critique : Doctor Who (2005) 10.05

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                    Des zombies de l’espace réveillent le côté marxiste du Docteur. Par contre, au niveau de la qualité, la révolution n’est pas encore totalement en marche.

                    Euphémisme (définition internet) : Figure de style basée sur l'atténuation d'un mot, d'une expression qui serait trop choquante. Exemple : le début de la saison 10 de Doctor Who n‘est pas folichonne.

                    En effet, difficile d’être emballé par les quatre premiers épisodes proposés, par leurs intrigues simplistes, leurs déroulements convenus et leurs fins bâclées où tout se règle en deux coups de cuillère à pot. Cette dixième fournée, la dernière de Moffat, ressemble de manière troublante à ces groupes de rock qui, pour honorer leur dernier contrat avec leur maison de disque, sortent un album de faces B et de chansons trouvées dans les fonds de tiroirs. Alors cet épisode rompt-il la malédiction et renoue-t-il avec les épisodes vertigineux du passé ? Pas réellement.

                     

                     

                    C'est la même histoooooiiiire...

                     

                    Oxygen commence dans l’espace sur une station spatiale. Devant un décor assez kitschouille (un fond noir pour l’espace infini suffira), des cosmonautes se font attaquer par des morts-vivants en combinaison spatiale, prolongeant le concept "behind the sofa" expliqué dans l’excellent article de Gizmo. Pendant ce temps sur la Terre, le Docteur, devenu professeur d’université, se morfond et est nostalgique de ses aventures interstellaires. Nardole le tient à l’œil, car ils ont pour devoir de surveiller un mystérieux coffre dans lequel est enfermé un non moins mystérieux hôte. Néanmoins, le Docteur n’écoutant que son courage (égoïsme ?), emmène Bill et notre gros chauve préféré vers la station de l’intro de laquelle est venu un message de détresse. Là-bas, les ennuis les attendent, sous la forme de combinaisons spatiales devenues autonomes qui assassinent les personnes qui les revêtent.

                     

                    Une morte-vivante de l'espace.

                     

                    Première remarque : cela fait du bien – et longtemps – que ce sont le Docteur et ses compagnons qui vont à l’aventure et non l’aventure qui va vers eux. Car niveau crédibilité, le fait qu’à chaque fois qu’ils mettaient un pied dans un endroit il y avait forcément un danger (même lorsque Bill fait cet acte anodin de louer un appartement), cela commençait à être dur à avaler. Mais ce petit changement n’empêche pas la série de vite retourner sur les sentiers battus. En effet, on retrouve un ennemi silencieux et obstiné qui traque les humains (celui de The Pilot est dernier en date d’une longue série), un groupe de survivants dont la moitié mourra dans l’indifférence et des courses dans des couloirs. Du grand classique. On se prépare donc à s’ennuyer gentiment, quand soudain le Docteur devient aveugle, et Bill meurt. Oui, oui.

                     

                     

                    C'est la lutte finale

                     

                    Honnêtement, ces deux événements n’auront que peu d’incidence sur le déroulement de l’intrigue. Le Docteur, même sans ses yeux, arrive à détourner le cœur d’un réacteur nucléaire, il existe une machine dans le TARDIS capable de le guérir, tandis que Bill ressuscitera par miracle. Et une nouvelle fois, la menace sera neutralisée en une minute et deux trois lignes de dialogue. Des effets qui font plouf, donc.

                     

                    Le Docteur et Bill en combinaison spatiale.

                     

                    Regardons maintenant les aspects intéressants de l’épisode. Comme à chaque fois cette saison, l’épisode propose des idées retenant l'attention, malheureusement trop survolées (une société de bonheur forcé dans Smile ou le problème de logement chez les jeunes dans Knock Knock). Dans Oxygen, on évoque en rigolant le racisme entre peuples de l’espace (en même temps, c’est vrai que ces aliens à la face bleue ont tous la même tête). Plus incongru, l’épisode charge le système capitaliste. En effet, dans le futur, il faudra payer pour pouvoir avoir de l’oxygène, et les humains deviendront tellement négligeables dans le monde du travail que les grandes sociétés programmeront les machines pour les tuer quand ils risqueront de faire diminuer leur profit. Le Docteur prône une solidarité entre les travailleurs pour renverser le système. Karl Marx ou Poutou ne sont pas loin. Le message est certes assez simpliste, peut-être cynique, mais c’est assez étonnant.

                     

                     

                    C'est qui le boss ?

                     

                    Enfin, le dernier point qui permet à la pilule de finalement bien passer est Nardole, notre Nardoudou. Là où Bill ne fait que se mettre en danger, il est une vraie plus-value car il arrive à créer de l’émotion : du rire (disons du sourire), de l’exaspération (car il est parfois lourd) mais aussi un peu de pitié tant le Docteur l’envoie régulièrement paître et le traite comme un chien. On arrive à être suspendu à ses grosses lèvres, car à chaque intervention, il amène un petit quelque chose, même lorsqu’il se confronte aux avis du Docteur. Nardole, c’est le meilleur, le plus beau (peut-être pas tout de même) il aurait mérité une place dans le gouvernement d’Édouard Philippe.

                     

                    Un BG au milieu.

                     

                    Le Docteur, à la fin de l’aventure, retourne dans le TARDIS et retrouve la vue grâce à une machine incroyable. Mais stupeur (et gros cliff), c’était du bluff pour tromper Bill et il avoue à Nardole qu’il est toujours aveugle. Avouons que l’effet est assez réussi et l’idée très maligne. Elle pourrait vraiment lancer cette saison 3 et obliger le trio à une redistribution des cartes. Donc à voir jusqu’où Moffat et ses scénaristes porteront ce retournement de situation.

                     

                    Ce n’est toujours pas le top du top, mais la série semble enfin prendre une direction plus convenable, en espérant que le nouvel arc qui s’annonce permette un peu de changement.

                     

                    J’ai aimé :

                     

                    • Nardole.
                    • On ne s’ennuie pas trop.
                    • Le twist qui peut changer un peu la donne.

                     

                    Je n’ai pas aimé :

                     

                    • Bill qui ne sert à pas grand-chose, à part se mettre en danger.
                    • Où sont les scénarios expérimentaux ?

                     

                    Ma note : 12/20.

                     

                     

                    Le Coin du Fan

                     

                    • L'ouverture de l'épisode se fait sur ces mots : "Space : the final frontier", hommage direct à Star Trek où chaque épisode commence également par cette phrase annonçant un monologue.
                    • Le crâne que dessine le Docteur dans son speech sur l'espace au début de l'épisode fait-il une référence à cette chanson ?
                    • Référence la plus explicite de l'épisode à la série elle-même : avant de décoller, Nardole prétend que le Docteur est coincé sur Terre car il s'est assuré de retirer le "fluid link" du TARDIS, une composante qui remonte à l'époque du tout premier Docteur dans la deuxième histoire du show, The Daleks– où apparaissaient les Daleks pour la première fois. Le Docteur a d'ailleurs déjà prétendu dans la même histoire ne pas pouvoir décoller sans ce liquide, alors que ce n'était pas le cas.

                     

                     

                    Le Coin du Nardole

                     

                    Nardoliens, Nardoliennes, Nardolistes de la première heure ou nouveaux convertis, l’heure est grave !

                    "Time is wibbly wobbly" comme dirait Moffat. En effet, notre Master à tous, le Grand Nardole, admet dans cet épisode qu’il a changé de visage. Cela veut donc dire que cette si sympathique tête qui a servi de vecteur de conversion pour nous autres les Nardolistes, n’était... qu’un vil mensonge ! Tout s’écroule… Le peu d’informations dont nous disposons sur notre maître à penser est-il encore viable ? Quelle est la vérité ? Sommes-nous définitivement entrés dans un monde de fake news ?

                    Oui, l’heure est grave… "Time is a complicated thing" comme dirait Steven.

                    Le Vrickavrack - Mai 2017

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                    Comme à chaque printemps, le Vrickavrack pollinise sur vous ses avis avisés !

                    Logo du Vrickavrack

                     

                    À lire voix grave : « Chaque année, à l’approche des vacances (mais pas que) on déplore une augmentation des séries abandonnées par leurs spectateurs. Cela doit suffire. Arrêtons ça ! »

                    L’humanité est une belle salope. Car oui, de plus en plus, on retrouve des centaines de séries attachées à un poteau sur les aires d’autoroute, les yeux lourds de chagrin, semblant dire « Mais pourquoi ne commence-t-il pas l’épisode 6 ? Ça fait trois semaines maintenant qu’il est sorti, qu’est-ce qu’il attend pour revenir ? ».

                    Pauvres séries, victimes de la lâcheté et du grand consumérisme de l’être humain.

                    Il faut arrêter ça. Il faut être responsable. Non, les séries ne sont pas de vulgaires chiens qu’on abandonne une fois la chaleur de l’été arrivée. Non, elles sont mieux que ça. Signons une charte de bonne conduite. Promettons que, dorénavant, lorsque nous nous engageons avec une série, nous irons jusqu’au bout.

                    C’est là que la rubrique Vrickavrack trouve toute son utilité. En triant pour vous, en dégageant les séries médiocres des immanquables, vous ne vous retrouvez plus avec une série qui ne tient pas ses promesses. Vous ne perdez plus votre temps avec des séries moyennes qui ne vous respectent pas et attendent le final pour proposer quelque chose. Vous ne vous lancerez pas dans Santa Clarita Diet, Designated Survivor ou l'horrible Girlboss (ne faites pas ça ! On est sérieux). Et vous ne serez plus tentés de les emmener faire une "promenade", la dernière balade.

                    On dit merci qui ?

                    Merci Jacquie et Michel.

                    Hé ?!

                     

                     

                    Le Fonz du mois : Mister Peanut Butter

                     

                    Fonz du mois Mister Peanutt Butter à la fenêtre de la voiture : avis très favorableAvis très favorable

                    Fonz du mois Mister Peanutt Butter content : avis favorableAvis favorable

                    Fonz du mois Mister Peanutt Butter en pyjama : avis neutreAvis neutre

                    Fonz du mois Mister Peanutt Butter qui grogne : avis défavorableAvis défavorable

                     


                    Sommaire :

                     

                       

                       

                        10% saison 2

                         

                        Affiche 10% saison 2

                         

                        Gizmo : Une saison 2 sympathique, avec de belles envolées (l’épisode sur Luchini, le final à Cannes) et quelques sorties de route (l’excellent personnage de Camille Cottin plombé par des intrigues clichées et répétitives, et le personnage d’Hicham qui ne parvient jamais à s’intégrer pleinement à l’équipe) qui empêchent l’ensemble d’atteindre la qualité de la première saison. En se consacrant plus aux intrigues des personnages qu’à son discours sur le monde du showbiz, la série perd un peu en pertinence et en force.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter content : avis favorable Avis favorable


                        Koss : La bonne surprise d'il y a deux ans est de retour. Comme dans la saison 2 de Suits, un nouveau patron vient bouleverser l'agence et ses membres. Si certains arcs sont mal maîtrisés (Andréa, Hicham), d'autres sont franchement réjouissants (Mathias et Hervé). Le meilleur personnage se voit même doté d'un épisode davantage centré sur elle, pour la première fois de la série. Malgré un début un peu poussif, le show réussit particulièrement son dernier trio d'épisodes. Mais franchement, six épisodes tous les deux ans et demi, c'est bien trop court !

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter content : avis favorable Avis favorable

                         

                         

                        13 Reasons Why

                         

                        Affiche de 13 Reasons Why

                         

                        Gizmo : Les adolescents et les séries à rallonge de Netflix. Deux des plus grands maux de notre siècle réunis dans une même série, voilà de quoi faire trembler les plus téméraires d’entre nous. Et pourtant, sous ses faux airs de "Virgin Suicides", 13 Reasons Why réussit à séduire. Par moments. Le duo principal (Dylan Minnette et Katherine Langford) y est pour beaucoup, mais le concept qu’impose la série à ses débuts l’oblige souvent à multiplier les effets de manche et les ficelles scénaristiques douteuses. Le propos reste pertinent, mais peut-être aurait-il gagné à être affiné dans un format plus court…

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter en pyjama : avis neutre Avis neutre

                         

                         

                        American Crime saison 3

                         

                        Affiche American Crime saison 3

                         

                        Nick : American Crime est une anthologie. À chaque saison, les acteurs reviennent dans des rôles totalement différents pour raconter une histoire originale qui montre sans fard les côtés les plus sombres des USA, avec un mélange de fatalité, de noirceur et d’humanisme. Cette troisième mouture a pour thème l’exploitation d’êtres humains par d’autres êtres humains et parle des immigrés illégaux venus du Mexique, et de la prostitution infantile. Oui, on n’est pas là pour rigoler.

                        Dans un premier temps, cette nouvelle histoire déroute, car si dans les précédentes saisons le point de départ était un meurtre (saison 1) ou un viol (saison 2), pas de ça ici : un crime ne lance pas les épisodes. Celui-ci viendra après. Ou pas. Car American Crime prend plaisir à subrepticement éclater les structures narratives classiques : une intrigue qu’on pensait capitale s’efface soudainement, des personnages disparaissent de manière inattendue, d’autres apparaissent à mi-parcours et se mettent à jouer les premiers rôles. C’est vraiment déstabilisant, mais cela renforce le côté totalement inattendu et imprévisible où tout semble pouvoir arriver.

                        Saison après saison, American Crime devient de plus en plus grande, de plus en plus essentielle.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter à la fenêtre de la voiture : avis très favorable Avis très favorable

                         

                         

                        American Gods

                         

                        Affiche American Gods

                         

                        Gizmo : Le talentueux Bryan Fuller revient avec une adaptation d’un bouquin – assez pénible à lire – de Neil Gaiman. Malheureusement, sans Mads Mikkelsen comme fascinant catalyseur des délires visuels du showrunner, remplacé ici par un acteur principal très fade, American Gods ne parvient pas à éviter le mauvais goût que frôlait régulièrement Hannibal. Certes, on peut y voir une cohérence avec le thème de la série et les idées qui y sont défendues. Mais cela ne rend pas pour autant la série plus agréable à regarder. Sans moi, donc.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter qui grogne : avis défavorable Avis défavorable

                         

                         

                        Better Call Saul saison 3

                         

                        Affiche Better Call Saul saison 3

                         

                        Gizmo : Jimmy McGill n’est plus qu’à quelques pas de Saul Goodman, tandis que l’univers de Breaking Bad s’impose progressivement. Il faut reconnaître l’intelligence des showrunners qui ne forcent jamais les liens entre les deux séries, mais créent peu à peu des ponts cohérents entre leurs créations et offrent de nouvelles perspectives sur des éléments déjà connus (Gus, heureux de te retrouver). Cependant, au-delà de son statut de spin-off, c’est surtout la guerre que se mènent les frères McGill qui hisse ce début de saison 3 au-dessus des deux précédentes, avec cette fois-ci de réelles conséquences à la clé.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter à la fenêtre de la voiture : avis très favorable Avis très favorable

                         

                        Koss : Si vous êtes un tant soit peu fan de l'univers de Breaking Bad, vous ne pouvez n'être qu'en admiration devant la maîtrise à laquelle est parvenue Vince Gilligan. Il est bien loin le temps des quelques errements des débuts de Walter White. Tout dans Better Call Saul, tout n'est qu'intelligence et volupté. Le show ne cesse de prendre de l’ampleur et de monter en puissance, tout en distillant des références et des easters eggs ultra bien vus. Un régal.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter à la fenêtre de la voiture : avis très favorable Avis très favorable

                         

                        Nick : La question polémique : et si Better Call Saul était meilleure que Breaking Bad ?

                        Car les aventures de Walter White étaient un manège à sensation avec ses moments vertigineux et intenses, mais aussi de longues périodes où l’ennui pouvait nous saisir. Sa préquelle est beaucoup plus constante en qualité et ne connaît pas de trou d’air. Le travail de Vince Gilligan semble être à son apogée, tant il y a de l’intelligence dans l’écriture (une scène anodine peut prendre son sens trois épisodes plus tard), de la minutie sur chaque plan pour le rendre le plus beau et inspiré possible. Les échanges entre les personnages, qui peuvent sembler anodin pour qui ne connaît pas la série, sont passionnants – voire à couper le souffle – quand on connaît les enjeux.

                        Cette série est un plaisir pour les yeux, le cerveau et le cœur.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter à la fenêtre de la voiture : avis très favorable Avis très favorable

                         

                         

                        Broadchurch saison 3

                         

                        Affiche Broadchurch saison 3

                         

                        Galax : Bonne fin de série pour la série policière phénomène d’ITV1 de cette dernière… décennie ? (Ils en ont mis du temps à la sortir, celle-là !) Après la grosse déception de la saison 2 où Broadchurch tentait le pari fou sur le papier – et effectivement fou dans les faits – de se transformer en série judiciaire, quitte à transformer ses personnages en simples mystères au passé trouble, la saison 3 renoue avec les racines de la série en livrant la vision d’un crime épouvantable mais terriblement "ordinaire" dans une petite bourgade de Grande-Bretagne, et ayant des effets dévastateurs sur les personnages. Dans cette saison 3, Broadchurch mêle habilement visages du passé et nouveaux personnages. La victime est notamment un excellent personnage à l’actrice marquante, et la conclusion, quoiqu’assez aléatoire quand on y pense, a du sens et rend crédible toute l’affaire. Si la saison est moins puissante que la première, et que son dernier épisode n’est pas totalement satisfaisant car la série tente trop de nous faire "dire au revoir" à ses personnages dans le cadre de sa fin de course, au lieu de se concentrer sur la résolution de l’enquête en elle-même, la saison 3 dans son ensemble a tout de même un propos sur le sujet principal – le viol – qui la détache des précédentes et a su redorer le blason de Broadchurch.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter content : avis favorable Avis favorable

                         

                         

                        Dear White People

                         

                        Affiche Dear White People

                         

                        Nick : La série polémique, supposée promouvoir le « «  racisme anti-blanc » », s’avère être de prime abord plutôt inoffensive, préférant au brûlot sans concession suivre le quotidien d’une demi-douzaine d’afro-américains confrontés au racisme ordinaire des USA, et contre lequel chacun lutte à sa façon (dénonciation, prise de pouvoir ou communautarisme), le tout sur un ton assez léger.

                        Sur la forme, Dear White People emprunte une structure à la Skins, où chaque épisode est un centric sur un personnage, permettant de montrer toutes les gammes du combat contre le racisme (de Sam la plus engagée à Coco qui n’aspire qu’à une vie de consommation et de plaisir, clairement les deux meilleurs personnages du show). Mais ce format assez court dessert les auteurs et les oblige à une écriture assez simplifiée, voire simpliste et caricaturale (le journaliste réservé est forcément gay, les agents de sécurité sont tous racistes et braquent les étudiants noirs avec leur pistolet pour un oui ou pour un non, les lesbiennes ont évidemment les cheveux courts et voient la culture du viol partout, tandis que le personnage de Gabe, le boyfriend blanc de l’ultra-militante Sam, est écrit avec les pieds).

                        Malgré ces réserves, la série sait rester fraîche et agréable, parle de vrais problèmes tout en gardant sa part de fun. Pas révolutionnaire, mais elle se boit d’un trait, comme du petit lait.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter content : avis favorable Avis favorable

                         

                         

                        Doctor Who saison 10

                         

                        Les personnages de Doctor Who saison 10

                         

                        Galax : Reprise difficile pour le meilleur show de la terre, qui nous offre probablement le début de saison le plus pauvre depuis longtemps. Après une ouverture rafraîchissante – mais qui présentait tout de même des défauts qui colleront aux bottes de la plupart des futurs épisodes, à savoir une intrigue assez bâclée, un fil rouge anecdotique et une utilisation pitoyable du personnage de Nardole joué par Matt Lucas – la saison accumule finalement les scripts faibles, ce qui est le fond du problème. Malgré de très bons acteurs et une diversité dans le choix des histoires, tout semble générique, peu inspiré, parfois complètement médiocre. Autre problème mais finalement toujours lié aux scripts en eux-mêmes : la passivité complète du personnage de Bill lorsqu’elle n’est pas écrite par Steven Moffat. Dommage quand on voit qu’on arrive peu à peu à la mi-saison et quand on imagine que son personnage partira à la fin de l’année… Fort heureusement, le dernier épisode en date, Oxygen, ramène une bouffée d’air frais (j’étais obligé) et semble remettre le show sur les rails. Après avoir un peu perdu la dynamique du season premiere, Doctor Who semble repartie, et les futurs épisodes sont prometteurs. Rien n’est perdu, surtout quand certaines saisons ont surtout su briller dans leur seconde moitié après un démarrage en demi-teinte (saisons 3, 4, 8…).

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter content : avis favorable Avis favorable (grâce à l’épisode 5)

                         

                        Gizmo : Début de saison plutôt poussif malgré l’excellent duo que forment Peter Capaldi et Pearl Mackie. Malheureusement, la série semble accuser son âge en cette dixième saison (sixième sous la direction de Steven Moffat), ne proposant rien de bien innovant ou passionnant. Des scripts bâclés, un arc qui peine à décoller, un budget qui semble rétrécir de saison en saison… La seule lueur d’espoir réside dans un petit bonhomme chauve qui, sans le moindre doute, illuminera la fin de règne de Steven Moffat.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter en pyjama : avis neutre Avis neutre


                        Koss : Bill is All. All is Bill. Après la purge de ces dernières saisons (quoi que ça allait bien mieux l’an dernier), Moffat revient pour un dernier tour de piste. Alors oui, clairement, c’est moins fou-fou que précédemment, et le showrunner a moins d’idées. Mais il vaut toujours mieux moins d’idées mais mieux exploitées, que les mêmes idées répétées encore et encore. Les épisodes sont certes très inégaux (et frôlent même le catastrophique parfois), mais l’énergie de Capaldi, Pearl Mackie et même Matt Lucas (!) suffisent à me donner envie de voir les épisodes semaine après semaine. Ce qui ne m’était plus arrivé depuis la saison 6.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter content : avis favorable Avis (plutôt) favorable

                         

                         

                        Fargo saison 3

                         

                        Affiche Fargo saison 3

                         

                        Gizmo : Pas évident de prendre la suite d’une deuxième saison que j’avais trouvée magistrale. Nouveaux personnages, nouvelle époque, mais toujours les mêmes éternels imbroglios pour les losers de Fargo. Et tandis que l’intrigue peine un peu à décoller, et que les effets tendent un peu à se répéter (vous pouvez lever le pied sur la BO, les gars), la série nous sort un épisode concept qui résume à lui seul l’intégralité de la filmographie des Coen. Aussi agaçant que brillant.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter content : avis favorable Avis favorable


                        Nick : Je pense que Fargo saison 3 est consciente que son histoire aura du mal à tenir sur dix épisodes de cinquante minutes. Roublarde, la série fait le choix de faire traîner le temps et joue la montre, au risque de se prendre un carton jaune pour manque de fair-play. Dans cette nouvelle livraison, les morceaux de bravoure se méritent : il faut aller les chercher, il faut accepter de se taper des longues scènes de palabres, des moments où la tension est proche de zéro, où le récit semble faire un terrible surplace, et de se coltiner des personnages peu sympathiques et rarement attachants. Je n’ai visionné que trois épisodes, mais pour l’heure, Fargo se déplace avec la grâce d’un hippopotame traînant une remorque.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter en pyjama : avis neutre Avis neutre

                         

                         

                        Legion

                         

                        Affiche Legion

                         

                        Galax : Belle production et une originalité certaine par rapport aux séries du genre qu’on commence à voir beaucoup trop. Mais avec toutes les meilleures intentions du monde, je me suis quand même endormi en plein milieu du pilote, et rebelote, je n’ai pas pu poursuivre le deuxième épisode. Objectivement de qualité, au moins sur le plan de la réalisation époustouflante, elle me paraît trop difficile d’accès pour être un classique incontournable.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter en pyjama : avis neutre Avis neutre

                         

                        Koss : Huit épisodes de génie. La meilleure nouveauté 2017 et la meilleure nouveauté depuis… Je ne sais même pas quand en fait. La seule chose que vous devez voir cette année.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter à la fenêtre de la voiture : avis très favorable Avis (très) très favorable


                        Nick : Aux blasés des dernières aventures des super-héros sur écran ("Suicide Squad", "Avengers 2" ou Iron Fist), de leurs intrigues rachitiques et leurs déroulements prévisibles, je vous conseillerai de tout mon cœur Legion, la dernière production Marvel. Véritable expérience visuelle (et sonore), Legion sort vraiment des sentiers battus. Déconcertante, étonnante, intrigante et imprévisible, la série risque de laisser quelques personnes sur le bord de la route ; mais pour les fans de nouveauté, de fraîcheur et aimant être bousculés, quel pied.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter à la fenêtre de la voiture : avis très favorable Avis très favorable

                         

                         

                        Samurai Jack saison 5

                         

                        Affiche Samurai Jack saison 5

                         

                        Gizmo : Après des débuts très sombres, où seul Aku, l’incarnation du mal, pouvait apporter une touche de rire et de légèreté, Samurai Jack réinjecte peu à peu des touches d’espoir dans la quête de son héros, sous la forme du personnage d’Ashim. Malheureusement, la mort et la désolation ne sont jamais bien loin dans l’univers de Gendy Tartakovsky, comme nous le rappelle la perte brutale d’un personnage iconique du show. Espérons que le Samurai connaîtra tout de même une fin heureuse à sa quête intemporelle…

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter à la fenêtre de la voiture : avis très favorable Avis très favorable

                         

                         

                        The Americans saison 5

                         

                        Affiche The Americans saison 5

                         

                        Koss : Et soudain, la chute. Après une montée en puissance progressive travaillée, saison après saison, la série s'est effondrée. Brusquement. Sans que l'on ne comprenne pourquoi. Les anciens personnages ont été mis à l'écart ou sont simplement morts. Les nouveaux ne sont pas attachants, étant là depuis trop peu de temps. Les épisodes s'enchaînent un à un, repoussant à chaque fois les limites du vide. Au final, à part une démission, une rupture amoureuse et un vol de plante, bien difficile de se souvenir de quoi que ce soit. Il reste une petite poignée d'épisodes aux deux showrunners pour justifier cette saison. Bon courage.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter en pyjama : avis neutre Avis neutre

                         

                         

                        The Expanse saison 2

                         

                        Affiche The Expanse saison 2

                         

                        Galax : Après une première saison difficile d’accès, il faut croire que s’accrocher a fini par payer de mon côté. C’est simple, chaque épisode de cette saison 2 est un pur régal à déguster, sans aucune retenue. L’univers dépeint par la série est complexe, fascinant, donne lieu à des rebondissements à littéralement chaque épisode. La construction de la saison est absolument impeccable : pas une seule scène n’est en trop, tout est millimétré pour que la tension soit à son comble tout au long de chaque chapitre, arrivant toujours à dégager un thème individuel tout en s’alignant avec l’arc principal. De la science-fiction qui nous raconte une vision réaliste de ce à quoi pourrait ressembler la découverte de la vie extra-terrestre dans un univers géopolitique complexe, tellement bien faite qu’on croirait assister aux coulisses d’une véritable partie de l’histoire.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter à la fenêtre de la voiture : avis très favorable Avis très favorable

                         

                         

                        The Get Down

                         

                        Affiche The Get Down

                         

                        Nick : Une deuxième partie clairement moins réussie que la première, moins emballante et moins enthousiasmante. Quatre raisons à cela :

                        1. The Get Down a mis de côté ce qui faisait sa force : le fait de nous faire vivre les débuts du hip-hop avec en filigrane une présentation des pères fondateurs du mouvement, tel Grandmaster Flash. En parallèle, les images d’archives du Bronx des années 70 qui permettaient l’immersion ont été beaucoup moins présentes et ne sont revenues en force que pour le final, la série préférant se concentrer sur le destin de ses personnages. Sauf que cette idée coince.
                        2. En effet, si on retire le montage sous speed, le côté tourbillon d’images/sons/rap/dessins animés, on réalise que la série a du mal à tenir debout et fait beaucoup de vent pour rien. Les histoires proposées sont souvent peu passionnantes (Zeke à l’université) ou traînent en longueur (les histoires de gangsters ou la love story entre Dizzie et Thor). L’écriture se révèle brouillonne et pas du tout subtile, donnant l’impression d’une suite de chapitres n’ayant aucune incidence sur le déroulement de l’histoire (l’épisode où les parents interdisent aux membres du groupe de se produire sur scène n’aura aucune suite. De même, on ne parlera plus jamais de la drogue trafiquée qui avait provoqué des dizaines d’overdoses dans le club). Il y a aussi des soudaines accélérations du récit peu crédibles (Mylene passe en deux épisodes de la vierge chantant des cantiques religieux à une chorégraphie à la Miley Cirus entre deux lignes de coke).
                        3. Mylene, parlons-en. Présentée comme un personnage positif, elle est en fait une insupportable diva détestable, opportuniste, égoïste (elle souffle le chaud et le froid avec Ezekiel, son amoureux transi) et pleurnicharde (il faut la rassurer avant chaque presta). Malheureusement, elle n’est pas la seule à être consternante, tous les personnages féminins sont totalement loupés et caricaturaux, la majorité n’étant que des silhouettes sexy manipulatrices ou créatrices d’ennui, en plein dans les clichés nauséabonds des biatchs de certaines chansons de hip-hop.
                        4. Les auteurs ont-ils été surpris par la décision d’annulation de la série ? En tout cas, The Get Down offre un final bâclé où tout se joue dans les cinq dernières minutes de manière totalement précipitée, et laissent le destin de la majorité de ses personnages dans un énorme flou frustrant.

                        La traduction Google de "get down" est "descendre". Tellement révélateur de la trajectoire de cette série pourtant tellement bien partie.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter en pyjama : avis neutre Avis neutre

                         

                         

                        The Last Man on Earth saison 3

                         

                        Affiche The Last Man on Earth saison 3

                         

                        Nick : Cela a toujours été depuis le début, c’est même une marque de fabrique : l’impression que les scénaristes de The Last Man on Earth avancent à tâtons, sans plan de route, et improvisent épisode après épisode. Cela avait un côté fascinant, l’impression d’observer une série en train de se créer en temps réel, et il était intrigant de savoir si elle allait réussir à progresser, à ne pas s’effondrer sur elle-même.

                        Après trois saisons, ce qui était une force est devenu le plus grand grief fait au show. The Last Man on Earth ne sait toujours pas où elle va, mais notre intérêt s’est dissous. Un personnage peut mourir, rien n’y fait, la série n’a plus de jus et se contente d’histoires ridicules et d’un vaudeville poussif. Les intrigues (j’ose à peine utiliser ce terme) sont faméliques et d’une indigence honteuse. Il ne restait plus qu’à croquer un gag ou deux pas trop mal par épisode. Malgré tout, pour une raison inconnue, je n’abandonnai pas, je gardai un secret petit espoir que les dés n’étaient pas jetés, que du beau pouvait sortir de ce vide. Puis voilà qu’apparaît un nouveau personnage, un petit gamin muet, un ultime personnage sans background et sans personnalité, n’ayant pas d’autre fonction que d’être le petit gamin muet qui permet à Will Forte de faire le pitre. Par là même, The Last Man on Earth prouve qu’elle n’écoute pas les reproches qui lui sont faits, qu’elle continue à avancer au hasard, sans donner la moindre épaisseur à ses personnages secondaires. Pour moi (et comme beaucoup avant), la coupe est pleine, c’est rideau, bye-bye, la série se finira sans moi.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter qui grogne : avis défavorable Avis défavorable

                         


                        The Leftovers saison 3

                         

                        Affiche The Leftovers saison 3

                         

                        Galax : Troisième saison pour la série dramatique la plus décalée et mélancolique du monde, qui donne encore plus dans le bizarre et l’onirique en cette dernière année. Mais à mesure que les épisodes avancent, déjà certains événements nous paraissent plus clairs – quoique la série a toujours l’art de nous plonger dans le flou le plus total.

                        Avec un aspect religieux comme thématique beaucoup plus marquée, la saison 3 permet à Damon Lindelof de s’éclater sur un terrain qu’il connaît bien, et parvient sans difficulté à nous saisir pour un dernier tour. Même si je trouve qu’on a perdu un peu en émotion par rapport aux deux précédentes, c’est compensé par un récit de plus en plus captivant qui semble toucher au cœur de ce qu’a construit la série sur sa vingtaine d’épisodes. La crainte de les voir foirer la fin est cela dit présente, vu la grandeur ahurissante de la série et le si peu d’épisodes restants (seulement quatre sur les huit au total composant la saison)... En espérant que la fin soit aussi époustouflante que le début.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter à la fenêtre de la voiture : avis très favorable Avis très favorable

                         

                         

                        Trial & Error

                         

                        Affiche Trial & Error

                         

                        Nick : Fans de Parks and Recreation ou The Office, ces mockumentarys où des personnages farfelus (à la limite de l’internement psychiatrique pour certains) se retrouvent dans des situations décalées, venez faire un tour à East Pecks, où Larry Henderson est soupçonné du meurtre de sa femme. Pour aggraver un cas mal parti (tout accuse Larry, notamment son comportement inapproprié), le voilà défendu par un avocat novice secondé par une équipe de bras cassés. Tout est donc installé pour de bonnes tranches de rires. Cela tombe bien car c’est (plutôt) le cas.

                        Mais tout n’est pas parfait dans Trial & Error. Le risque de ce genre de série est de proposer des personnages tellement débiles qu’ils n’ont aucune crédibilité ou aucune possibilité de réelle évolution ; c’est un peu ce qui arrive avec Dwayne ou Anne dont la succession de maladies comportementales finit par lasser. De plus, la série est assez méprisante envers les gens des petites villes, montrés comme des bouseux crétins, et certains gags sont systématiques (un personnage affirme une chose, son contraire se produit immédiatement). Enfin, le côté "sérial" oblige les épisodes à finir sur un cliff pour relancer l’enquête, ce qui est parfois soûlant.

                        Mais ces maladresses ne font pas oublier que Trial & Error propose un des pilotes les plus drôles de ces dernières années, que l’on prend beaucoup de plaisir à suivre les tribulations de ces demeurés et que chaque épisode sort tout de même une demi-douzaine de bons gags.

                        En ces temps de crise, ce n’est déjà pas si mal.

                        Fonz du mois Mister Peanutt Butter content : avis favorable Avis favorable

                         

                        Et n'oubliez pas : Une série ne pleure pas. Elle souffre en silence. Stop à l'abandon.

                        Critique : Doctor Who (2005) 10.06

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                        Amateurs de flan, passez votre chemin.

                        Un train.

                        Lieu et date inconnus.

                         

                        Un train

                         

                        Il est en retard. Il s’empresse d’entrer dans le train et dépose son bagage avant de s’avancer dans l’allée à la recherche de sa place. Interloqué, il s’arrête devant une femme installée côté fenêtre, plongée dans le visionnage d’un film sur son ordinateur.

                        Lui : Excusez-moi, je crois que vous êtes assise à ma place…

                        Elle : Pardon ? (Elle sort son billet froissé de sa poche et vérifie sa place.)Non, c’est bien me place.

                        Lui : J’ai commandé le mien en ligne, alors à moins que vous vous appeliez aussi Christopher…

                        Elle : Vous tenez vraiment à être côté fenêtre ? (Elle désigne du doigt la place voisine.) Cette place aussi est vide, je peux changer…

                        Lui : Non, non, ne vous inquiétez pas, je vais m’y installer. Et si le contrôleur passe, je lui expliquerai…

                         

                        Il s’assoit et pousse un long soupir en parcourant le wagon du regard. Vide. Juste eux deux. Pas même un contrôleur. De longues minutes passent. Le train n’est toujours pas parti. Il jette un regard sur l’ordinateur de sa voisine. Une boîte bleue se matérialise dans un paysage désertique.


                        Lui :Doctor Who ?

                        Elle : Oui. Vous voulez regarder ?

                         

                        Elle enlève l’écouteur sans-fil de son oreille gauche et lui tend.

                         

                        Lui : Non, ça va. J’ai pris trop de retard. (Un temps.) Tu peux me tutoyer, hein. (Un temps.) C’est quelle saison, cet épisode ?

                        Elle : Le dernier épisode en date, saison 13.

                        Lui : Ah. Toujours Moffat en showrunner ?

                        Elle : Oui. Mais ça pourrait être sa dernière année.

                         

                        Moffat

                         

                        Lui : Mouais. Perso, j’ai arrêté quand Chibnall a finalement déclaré qu’il ne prendrait pas la relève, et que Moffat a signé pour une saison supplémentaire. C’était quand, déjà ?

                        Elle : C’était pour… La saison 11, il me semble.

                        Lui : Peut-être… J’ai essayé de m’y remettre, pourtant. J’ai regardé un épisode la dernière fois, en essayant de reprendre là où je m’étais arrêté. Celui avec le Pape, le Vatican et tout le reste…

                        Elle :Extremis en saison 10 ?

                        Lui : C’est ça. C’était… Nul.

                        Elle, en même temps que lui : Génial !

                         

                        Il se regardent un long moment, en silence, interloqués.

                         

                        Lui : Vraiment ? Pas étonnant que tu continues à regarder alors.

                        Elle : Vu le début de saison assez médiocre qu'on avait eu, retrouver le style de Moffat faisait vraiment plaisir. Mais bon, si tu n’aimes pas un épisode avec du suspense, du mystère, de l'humour et de l’aventure, ne regarde pas Doctor Who

                        Lui : Je préfère regarder la saison 11 de Once Upon a Time que de me farcir encore quatre saisons comme cet épisode. Je rigole pas.

                        Elle : Mais on peut savoir ce que tu lui reproches, à cet épisode ? L’arc de la cécité du Docteur n’était pas une bonne idée, peut-être ?

                        Lui : C’est clairement l’aspect le plus intéressant de la saison. Et du run de Moffat depuis au moins sa première saison. Forcément, réinjecter un peu de douleur pour le personnage principal, ça ne peut pas être une mauvaise idée. Surtout quand tu as à ce point banalisé toute forme de danger avec ses morts à répétition dans les saisons précédentes…

                        Elle : T’y vas un peu fort, là…

                        Lui : Pas tellement. Je ne sais pas si c’était le poids des années ou bien le run de Moffat, mais j’avais quand même l’impression que la série ne savait plus créer de véritables enjeux sur les plus petits épisodes, à quelques très rares exceptions. Pour réussir à captiver le spectateur, il fallait toujours invoquer la mythologie, la mort du Docteur ou d’autres choses de ce genre… Et quand, en plus, Moffat contournait toujours les solutions par des effets de manche…

                        Elle : Heaven Sent, c’était un effet de manche ?

                        Lui : Non, je reconnais que c’était un excellent épisode. Mais quasiment totalement déconnecté des enjeux de la saison, finalement. Et en plus j’avais détesté le suivant, avec le retour de Gallifrey, qui avait recours aux traditionnelles Moffateries de fonds de tiroirs. Tiens, d’ailleurs, le gadget pour lui redonner la vue dans l’épisode, c’est pas encore une énorme facilité sortie de nulle part ?

                        Elle : Là, tu dis n’importe quoi. Des gadgets qui règlent les situations, il y en a toujours eu. Ne me fais pas croire que Russell T Davies s’en tirait mieux de ce côté.

                        Lui : Pour ne te prendre qu’un tout petit exemple : la main du Dixième Docteur dans The Stolen Earth ! Elle a été introduite très tôt dans le run de David Tennant, pour que son utilisation ne ressemble pas trop à un gigantesque deus ex machina.

                        Elle : C’est ce que c’était, pourtant. Et en plus, tu compares l’incomparable. Le gadget d’Extremis ne redonne que temporairement la vue au Docteur, dans un monde qui s’avère en réalité être une simulation. Donc, en définitive…

                        Lui : Tout ça n’a servi à rien ! Merci de résumer parfaitement l’écriture de Moffat par ta démonstration.

                        Elle : Encore une fois, c’est le principe de la série de développer des péripéties. Autant ne rien raconter dans ce cas. Cette idée de guérison temporaire permet surtout de développer une chouette scène horrifique, lorsqu’il tente d’échapper aux monstres dans la bibliothèque. Tout en lui permettant d’identifier qui sont ses ennemis.

                        Lui : Des ennemis en carton, oui. Une énième resucée des Silence qui chuinte et avance au ralenti…

                         

                        Les moines

                         

                        Elle : Encore une fois, si tu n’aimes pas les monstres de ce genre, tu es tombé sur la mauvaise série. Et puis tu peux difficilement juger, puisque tu n’as pas vu la suite de l’histoire.

                        Lui : Pour un triptyque, les bases ne sont pas particulièrement séduisantes. Je n'avais aucune envie de regarder la suite, de toute façon.

                        Elle : Des aliens qui créent une réalité virtuelle pour confronter la race humaine à sa propre vacuité et remettre sa foi en question, tu ne trouves pas que c’est intéressant ? Il te faut quoi, au juste ? Le retour des Slitheens ?

                        Lui : Dis comme ça, c’est très séduisant. Mais pourquoi étaler une histoire sur quarante-cinq minutes pour finalement nous révéler que c’était du flan, et qu’il n’y a pas de réelle conséquence pour les personnages ? C’est toujours pareil avec Moffat, au lieu de diluer intelligemment ses idées sur l’ensemble de la saison/de l'épisode, il veut tout caser le plus rapidement possible, au risque de frôler l’overdose. Au lieu de nous teaser une invasion à venir avec un mystère monté en épingle pour pas grand-chose, pourquoi ne pas nous montrer plutôt ce monde qui découvre sa propre vacuité sur toute la durée de l’épisode. J’aurais été intéressé, par exemple, qu’on explore la réaction du Vatican face à cette révélation, au lieu de simplement l’utiliser comme un gimmick car Moffat a relu Dan Brown peu de temps avant d’écrire son script. C’est cette complexité de façade qui m’a fait arrêter la série, surtout que dans cet épisode, le fond ne suit absolument pas !

                        Elle : Forcément, si tu proposes de réécrire les épisodes, on est pas sortis du sable ! Et la culpabilité du Docteur vis-à-vis de Missy, tu en fais quoi ?

                        Lui : Du flan, une fois de plus. J’aime bien le flan, mais quand on ne me sert que ça à manger, ça me fout le bide en l’air. Encore une fois, Moffat nous fait du teasing sur tout l’épisode, nous montrant un Docteur tiraillé entre sa morale et son cœur, pour finalement nous apprendre que depuis le début il avait prévu de s’en sortir. Et je me demande toujours si Michelle Gomez joue mal ou est mal dirigée. C'est pour moi le vrai mystère du run de Twelve...

                        Elle : Elle est géniale, Michelle Gomez. À travers elle, tu vois à la fois le machiavélisme glacial de Delgado, la folie de John Simm et quelque chose de tout à fait unique qui se noue avec le Docteur de Capaldi. Mais bon, si tu restes bloqué par son jeu, tu n'as pas pu apprécier l'arc du personnage depuis la saison 8.

                         

                        Un flan

                         

                        Lui : Un arc écrit avec les pieds, puisqu'on a encore une fois passé plus de temps à nous teaser avec ce coffre qu'à nous expliquer les enjeux qui l'entouraient. Pourquoi le Docteur doit-il absolument garder Missy, puisqu'il a encore une fois eu recours au fameux Moffatus ex machina "La simple évocation de mon nom suffit à faire fuir tous mes ennemis" ? L'exécuteur jouait très mal, d'ailleurs.

                        Elle : N’empêche que ça fait le lien avec River Song…

                        Lui : Oh pitié ! Mais qu’il nous lâche avec River, on a compris que c’était la femme du Docteur. Il est pire que Russell T Davies avec Rose, à ce stade. Surtout quand c’est pour tenter de légitimer maladroitement l’intégration de son pote Matt Lucas à l’univers de la série.

                        Elle : Forcément, si tu t’arrêtes aux apparences… Tu n’as sans doute pas compris que l’évocation de River servait à la conclusion de l’épisode. Lorsqu’il retrouve le journal de sa femme dans sa poche, il se rappelle du procédé qu’il a utilisé pour la sauver en la "sauvegardant" dans la bibliothèque. Sachant qu’il n’a aucun moyen de lutter contre la menace actuelle, le Docteur fait la même chose en s’envoyant une copie de ce qu'il a vécu dans la simulation à lui-même dans le monde réel afin d’être "sauvé".

                        Lui :(Un temps.) Soit. Mais justement, ce festival constant de l’auto-référence n’est pas un peu épuisant ? Avec un épisode comme celui-ci, j’ai l’impression de tout le temps me demander ce qui relève de la référence ou du manque d’inspiration. Je reconnais que la cécité du Docteur est une bonne idée, que l’épisode est bien filmé, qu’il pose des questions intéressantes sur la réalité, avec une réflexion assez glauque sur le suicide… Mais pourquoi ne pas justement s’attarder sur ce qui donne du sens aux événements, et pas sur toutes les digressions autour ? J’avais commencé la saison 10 parce qu’elle promettait de revenir à quelque chose de plus simple, mais quand j’ai vu cet épisode, j’ai compris que Moffat resterait toujours Moffat, pour le meilleur et pour le pire…

                        Elle : Moffat a clairement des limites dans son écriture, mais je suis bien contente qu’il soit resté finalement, il conserve toujours un certain niveau et explore des concepts intéressants. Formellement, il est toujours bien au-dessus des autres scénaristes, peu importe le poids des années.

                        Lui : Tu me conseillerais de regarder la suite de la saison ?

                        Elle : Le run de Capaldi n'est clairement pas le meilleur, et la saison 11 n’a pas été aidée par un Matt Lucas assez mauvais dans le rôle du Docteur…

                         

                        Matt Lucas

                         

                        Lui : Tu m’étonnes…

                        Elle : Mais vu qu’il n’a fait qu’une saison, et qu’il est ensuite parti rejoindre le DC Cinematic Universe, Moffat a pu reprendre les choses en main avec la saison 12, qui est bien meilleure, même si le final est décevant.

                        Lui : Et c’est qui le nouveau Docteur ?

                        Elle :… Je ne sais pas si je devrais te le dire…

                        Lui : Je ne vois pas ce qui pourrait être pire que Matt Lucas…

                        Elle : C’est Jenna-Louise Coleman.

                        Lui :(Un temps.) C’est une blague ?

                        Elle : Non, Moffat voulait retravailler avec elle, et vu que sa sitcom sur ABC n’a pas fonctionné, elle a pu reprendre le rôle. Mais il y a une explication intéressante dans l’arc de la saison 12 !

                        Lui : Et après ça, on osera dire que Moffat n'a pas fait son temps… Et la compagne, c’est qui ?

                        Elle : Eh bien… Avec les coupes de budget de la BBC, l’équipe de production a eu l’idée de faire revenir Clara dans le rôle de la compagne. Une actrice pour les deux rôles principaux, moins de frais et de problèmes de planning…

                        Lui : Je trouvais Bill transparente, mais quand je t’écoute j’ai l’impression que j’étais en plein âge d’or de la série.

                        Elle : Non mais je t’assure, la saison 12 vaut le détour.

                         

                        Clara et Clara dans le Tardis

                         

                        Contrôleur, interrompant brusquement la conversation : Bonjour messieurs-dames, puis-je vous demander vos billets ?

                        Lui : Ah, vous tombez bien, nous n’avons vu passer personne depuis plus d’une demi-heure.

                        Contrôleur : Ça m’étonnerait Monsieur, nous ne sommes pas encore partis.

                        Lui : Ah ?

                        Elle, au Contrôleur : Il faut croire que les débats de Whovians figent l’espace-temps.

                        Contrôleur, totalement impassible : Si vous le dites. Monsieur, je suis au regret de vous annoncer que vous n’êtes pas à la bonne place.

                        Lui : Oui, je sais bien, mais c’est elle qui a pris…

                        Contrôleur : Vous devriez être à la place…

                        Elle et Lui, en même temps : I39 !

                        Contrôleur : Exactement.

                        Elle : Mais regardez, c’est ma …

                         

                        Elle se retourne et constate qu’ils sont tous les deux installés à une place I39. Il parcourt à son tour l’allée du regard et constate que toutes les places sont nommées I39.

                         

                        Lui : Mais qu’est-ce que…

                        Contrôleur : Vous êtes bien Christopher ?

                        Lui : Oui, c’est moi, mais vous voyez bien que…

                        Contrôleur : Veuillez descendre du train avec moi, je crois qu’il y a un problème avec… Christopher ? Chris… To… Pher…

                         

                        L’image se brouille et s’assombrit.

                         

                        ??? : Chris ? Chris ?

                         

                        Il se réveille aux côtés d'un homme en costard cravate.

                         

                        ??? : Ça va Monsieur Chibnall ? Pas trop nauséeux ?

                        Chris Chibnall :… Que vient-il de se passer ? Où suis-je ?

                        ??? : Excusez-nous pour les petits couacs sur la fin, nous pensions pourtant que tout était au point. Mais bon, comme vous vous en doutez, une simulation financée par la BBC ne peut pas être totalement au point. Ah ah. Je plaisante bien sûr.

                        Chris Chibnall : D’ac… cord. Qui êtes-vous, déjà ?

                        ??? : Vous aviez quelques réticences à reprendre la série l’an prochain. La BBC nous a contactés afin de s’assurer que vous ne quitteriez pas le navire au dernier moment. J’espère que cette petite simulation vous aura convaincu en tout cas. Je pense que vous avez compris que personne ne gagnerait à laisser Steven Moffat continuer à mener sa barque pour les prochaines années. N’est-ce pas ?

                        Chris Chibnall : Je… Oui, je comprends. Et cette femme, dans le train, qui était-elle ?

                        ??? : Une simple simulation, tout simplement. Voyons, une fan de Moffat aujourd'hui, c'est aussi rare qu'un canard mandarin dans l'île de Roa. Alors… On se met au travail ?

                         

                        Chris Chibnall

                         

                        J’ai aimé :

                         

                        • Le flan, c'est très bon...
                        • Moffat sait toujours distiller le mystère et écrire un script dynamique...

                         

                        Je n’ai pas aimé :

                         

                        • ... mais ses artifices commencent à sérieusement se répéter.
                        • Je préfère la crème brûlée et le far breton.
                        • Cette saison existe-t-elle vraiment ? Ou n'est-ce qu'une vaste simulation d'une série vieillissante ?

                         

                        Ma note : 13/20.

                         

                         

                        Le Coin du Fan

                         

                        • On ne connaîtra jamais vraiment la "très bonne idée" dont a usé Missy pour échapper aux Daleks à la fin de The Witch's Familiar. Quoiqu'il en soit, il semblerait qu'elle est restée leur prisonnière quelques temps puisqu'elle était au courant des rumeurs qui circulaient parmi les Daleks (quelles comères, ces Daleks).

                         

                         

                        • L'évocation de la saga Harry Potter par Bill Potts n'est pas sans rappeler l'usage qu'en avait fait le dixième Docteur pour sauver Shakespeare (et le monde) de terribles sorcières de l'espace en saison 3 (cette série vous fait écrire de ces phrases...).

                         

                         

                        Capaldi dans le bureau oval Le onzième Docteur dans le bureau ovale

                         

                         

                        Le Coin du Nardole

                         

                        Peu importe en définitive que les Moines en robe rouge prennent la Terre.

                        Car notre cœur, lui, appartient à Nardole.

                        Oui, Nardolos, notre mission touche bientôt à sa fin. Tout d'abord objet de railleries, le Nardole a petit à petit fait son chemin jusque dans le cœur de chacun. Combien de critiques se moquaient de ce petit personnage débonnaire il y a quelques semaines, sans se rendre compte que, pas à pas, il gagnait du terrain, jusqu'à devenir un gage essentiel de qualité dans un bon épisode de Doctor Who. Après de longues études, le CON (Centre d'Observation de la Nardolisation) a pu parvenir à un schéma décrivant le processus de Nardolisation en chacun de nous. Le Nardolos nouvellement converti n'a pas souhaité que son nom soit cité, désapprouvant totalement les propos injurieux qu'il a pu tenir par le passé lors de l'annonce du retour de Nardole pour un second Noël.

                         

                        Étape 1 - Le choc, le déni, la colère

                        Annonce du Nardole

                        Notez la violence du smiley


                        Étape 2 - Le marchandage

                        inquiétude sur Nardole


                        Étape 3 - La dépression/le délire

                        Le délire du fan aveugle


                        Étape 4 - L'acceptation, les premiers pas maladroits vers un amour total

                        Donnardole

                        Sentez-vous le petit cœur du ancien hater qui commence à battre au rythme des pas de Nardole ?

                         

                        Nardole et le Doc

                        Stay Tuned, Stay Nardoled !

                        Critique : Twin Peaks 3.01

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                        Ça y est, on les a vus.

                        Attention, cet article englobe la critique des épisodes 1 et 2 de la saison 3.

                         

                        On en a parlé pendant des mois, le retour de la série culte des années 90 était attendue au sein de la rédac comme le (Lionel) Messi à Paris, donc trêve d’introduction, attaquons tout de suite la critique.

                         

                         

                        Crazy Clown Time

                         

                        Je m’étais beaucoup demandé à quoi ressemblerait l’ouverture de cette troisième saison. Dans quel état serait l’Agent Dale Cooper ? David Lynch et Mark Frost joueraient-ils la carte du suspense et retarderaient-ils son entrée en jeu ? En fait pas du tout, cela commence directement par lui, toujours enfermé depuis vingt-six ans dans la Black Lodge, et on le retrouve en pleine discussion avec le Géant, ce dernier lui donnant des indices (ou peut-être ne sont-ce que des phrases sans queue ni tête, on ne sait jamais avec ces gens-là). Voilà, ça c’est fait.

                         

                        Le Géant de la Black Lodge.

                        Queskidi ?

                         

                        On ne s’y attarde pas trop, car le récit est en marche, avec déjà des longueurs d’avance sur le spectateur. Lors de ces deux premiers épisodes, on retourne plusieurs fois à Twin Peaks, mais sans trop s’y attarder, juste histoire de prendre des nouvelles de certains habitants comme le docteur Jacoby, Ben et son frère ou le bureau de shérif. On y donne en passant une excuse pour justifier l’absence de Harry S. Truman au casting (il est malade), Michael Ontkean ayant pris sa retraite des plateaux de tournage et ayant refusé de reprendre le rôle. Ailleurs, dans le Dakota, le doppelganger (double maléfique) de Dale Cooper est devenu un criminel qui sème cadavre sur cadavre derrière lui. Comme par hasard, dans ce même état des USA, deux cadavres mutilés sont découverts, tandis qu’à New York, un étudiant est payé à regarder une mystérieuse cage en verre vide. S’ajoute une saynète à Las Vegas, et voilà présentés les enjeux de la saison à venir.

                         

                        Le méchant Cooper au volant de sa voiture.

                        I'm deranged.

                         

                        On est clairement dans la veine des grands films de David Lynch, ces films noirs et pervers sur lesquels planent une ombre de surnaturel (Mullholland Drive, Blue Velvet ou Lost Highway). Retrouver cet univers, après Inland Empire, sa dernière incursion derrière les caméras il y a onze ans déjà, fait un bien fou et est un vrai courant d’air frais dans le milieu souvent formaté des scénarios (télé ou ciné). D’ailleurs, Lynch semble prendre plaisir à son retour et s’amuse à s’auto-référencer. Le méchant Dale Cooper porte un vêtement en peau de serpent comme Sailor dans Sailor et Lula, sa première arrivée en voiture rappelle énormément le générique de Lost Highway avec l’excellente I’m Deranged du grand David Bowie. La tête du monstre de la Black Lodge ne rappelle-t-elle pas le bébé difforme d’Eraserhead ? Et cette lampe rouge, près de Margaret au téléphone, ne l’a-t-on pas déjà vue dans d’autres films de Lynch ?

                        Bref, le pilote réussit sa mission : ressusciter l’univers de Lynch et lancer les pistes de la saison à venir. Qui est cette créature qui a attaqué le couple ? Qui a perpétré le meurtre sauvage de Buckhorn ? (perso, j’ai une petite idée) Et comment le méchant Dale arrive à discuter au téléphone avec Phillip Jeffries aka David Bowie, l’agent du FBI mystérieusement disparu dans le film Fire Walk With Me ? On a dix-huit épisodes pour connaître les réponses, même si connaissant le loustic lynchien, on n’aura pas toutes les solutions.

                         

                        Laura Palmer s'enlève le visage.

                        Et pourquoi pas ?

                         

                         

                        Are you sure ?

                         

                        À qui s’adresse ce retour ? Clairement pas à ceux qui aiment être pris par la main par une série (The Walking Dead ?) ou ceux qui aiment les grosses ficelles bien visibles et sécurisantes (The OA ?). Ceux-là resteront sur le carreau, car la série ne fait aucun cadeau et lâche ses spectateurs dans la nature sans boussole ou balise de sauvetage. Ce pilote s’adresse donc quasi exclusivement aux fans de la série mère, aux supporters inconditionnels et invétérés de l’univers de Lynch, bref aux aventuriers adeptes de bizarrerie. On a d’ailleurs durant le visionnage l’impression de voir une succession de courts-métrages du cinéaste, sans forcément de lien entre eux.

                        Et le soulagement est total : le réalisateur lauréat de la Palme d’or en 1990 revient en grande forme et n’a rien perdu de son talent. En effet, qui d’autre arriverait à faire monter l’angoisse avec uniquement un plan fixe d’une prison de verre vide ? Réponse : quasi personne. La scène de la découverte des cadavres de Buckhorn est un beau condensé de son savoir-faire, c’est-à-dire réussir à filmer une situation vue des milliers de fois dans d’autres films (une femme appelle la police et se plaint d’une odeur de mort dans l’appartement voisin), mais transcendée par un second degré permanent, des personnages farfelues, un peu dingues et une sensation étrange, une forme de menace sous-jacente et impalpable, comme si tout pouvait dégénérer dans quelque chose de profondément inattendu, voire d’effrayant. Comme un rêve qui deviendrait cauchemar.

                         

                        La voisine de la morte dans un couloir.

                        Il y a quelqu'un ?

                         

                        Surprendre sans cesse le spectateur est le créneau de David Lynch, au risque d’aller loin, très loin, trop loin parfois. Par exemple, dans l’épisode 2, un nouveau résident de la Black Lodge est présenté. Il s’agit d’une créature non-humaine et surnaturelle, mais David Lynch prend le contre-pied de nos prévisions, nous qui attendions un monstre grimaçant et éructant et propose….un arbuste dégarni, avec une tête en forme de chewing-gum géant, éclairé par des effets stroboscopiques. Sans équivalent. Alors s’agit-il d’une idée géniale qui deviendra une référence culte, ou un truc ridicule, kistch et WTF de chez WTF ? À l’heure actuelle, nous sommes trop la tête dans le guidon pour trancher. Mais le résultat est saisissant. Par contre, concernant la scène où Laura Palmer s’envole, on peut d’ores et déjà l’affirmer : l’effet est très moche.

                        Car oui, laissez les pleines cartes à David Lynch nous expose à certaines bizarreries d’un goût parfois discutable. Ceci pour confirmer que le visionnage de ces épisodes de Twin Peaks ne plaira pas à tout le monde. La lenteur du rythme, le côté illogique et n’importe quoi de la majorité des scènes va rebuter beaucoup de monde. Mais que David Lynch ait carte blanche pour pouvoir faire ce qui lui passe par la tête reste une excellente nouvelle. D’ailleurs, par rapport à la série initiale assez soft et prude, ce retour n'y va pas avec le dos de la cuillère. Les rares scène de violence sont assez frappantes, avec en point d’orgue la découverte bien crade dans un lit d’une tête coupée associée à un corps différent tronçonné au niveau du cou. Niveau nudité, on est tout de même loin de Game Of Thrones, mais on aperçoit une paire de fesses et de seins. Encourageant, car cela signifie que David a les coudées franches pour pouvoir laisser exprimer son rapport très twisted à la violence et au sexe. Cela ne peut apporter que de bonnes choses.

                         

                        Cooper et Mike face à une drôle de créature.

                        Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?!

                         

                         

                        These are my friend

                         

                        Au final, j’ai peu parlé de la ville de Twin Peaks dans ma critique et c’est normal, car les deux épisodes y vont très peu et seulement pour des intrigues un peu secondaires ou pour une balade nocturne à l’ancienne dans ses forêts. Et surtout parce que les scènes qui se passent à Twin Peaks sont les moins efficaces de toutes, celles qui font un peu sortir du récit. Oui, oui.

                        J’avoue, j’ai ressenti un effet bizarre, en revoyant mes personnages chéris. Ce sont bien les mêmes, mais le passage du temps a frappé, ils sont vieillis, plus bouffis, moins alertes, j’ai un peu de mal à les remettre. En fait, c’est vraiment comme revoir une très ancienne connaissance et se dire « waouh, il a pris un sacré coup de vieux ». Si Kyle MacLachlan ou Michael Horse s’en sortent bien, j’ai eu des difficultés à reconnaître Richard Beymer (Benjamin), David Patrick Kelly (Jerry), Harry Goaz (Andy) et Kimmy Robertson (Lucy), à réaliser qu’il s’agissait bien des mêmes acteurs. Les revoir faire leurs numéros passés (Lucy qui explique le fonctionnement du standard) m’a semblé bizarre, un brin poussif, comme une mauvaise caricature de ce que j’aimais jadis. Quant à Laura Palmer (Sheryl Lee), un de mes phantasmes pré-pubères, je ne préfère pas en parler, le choc de la revoir m’a fait un choc au cœur, même si la pauvre n'y est pour rien. C'est que cela me renvoie juste à mes angoisses vis-à-vis de la dégénération irrémédiable du corps humain. Cela explique que je sois resté un peu à la porte de toutes les scènes se passant dans la Black Lodge, et que je n’aie pas totalement réussi à m’y immerger. Je pense qu’il faudra un certain nombre d’épisodes pour que cet effet étrange s’estompe entièrement (j’appréhende le retour d’Audrey Horne).

                         

                        Benjamin Horne dans son bureau.

                        Benjamin Horne, si si.

                         

                        Difficile donc de retrouver tout le monde avec quasi trente ans de plus au compteur, mais à la toute fin du deuxième épisode quelque chose se produit et ce, par le biais des Palmer. Cela commence par Leland qu’on aperçoit dans la Black Lodge, et il est rassurant de constater que ce dernier a toujours la même tête de fou. Puis il y a une séquence où Sarah regarde dans son salon, fascinée, un reportage animalier ultra violent. On comprend alors que la série se décide enfin à revenir à Twin Peaks, s’y poser un peu plus longuement. En effet, l’épisode se termine au Bang Bang Bar où se trouve Shelly Johnson à une table, buvant avec des amies, tandis qu’un James Marshall perturbé par un accident de moto traîne dans les parages. Sur la scène du boui-boui, se produit un clone de Julee Cruise qui chante une chanson planante. Il y a alors une sorte de déclic qui se produit lors de cette séquence, un sentiment de familiarité et une chaleur rassurante, sortie de l’écran.

                        Ça y est, on est (enfin) de retour à la maison…

                         

                        Le concert du Bang Bang.

                        La Femme ? Non, Dieu merci.

                         

                        Alors qu’on pouvait craindre que David Lynch et Mark Frost aient perdu la foi et allaient revenir avec un Twin Peaksédulcoré, voire indigne de la série mère, il n’en est rien. Au contraire, cette troisième saison pousse d’entrée les manettes de l’abscons, de l’étrange et du décalé à fond, au risque de perdre ses spectateurs en route ou tomber dans le grotesque. Twin Peaks fait du Twin Peaks, ce qui est un vrai soulagement. C’est aussi ce qui était attendu et c’est pour cela qu’on ne crie pas tout de suite au génie. Car l’ensemble est pour l’instant assez froid, sans véritable accroche émotionnelle ; l’œuvre, comme toujours chez Lynch, devra attendre d’être arrivée à son terme, pour qu’on puisse la juger dans son ensemble.

                        En tout cas, avec ces deux épisodes fous, tout est sur les rails pour qu’on (re)devienne accro à notre dose d’étrange et de décalé hebdomadaire.

                         

                        J'ai aimé :

                         

                        • Le générique est revenu à la note près et de nouvelles images de fond.
                        • Kyle Mackaklane s’en sort bien avec les cheveux longs.
                        • C’est un plaisir de constater que David Lynch ne bride pas sa folie créatrice et nous livre une suite de scènes décalées ou flippantes, quasi oniriques. Tant de prise de risque fait du bien.
                        • Que James Marshall me soit apparu plus sympathique en une scène qu'en deux saisons de la vieille Twin Peaks.

                         

                        Je n'ai pas aimé :

                         

                        • Finalement, cela ne se passe quasiment jamais à Twin Peaks.
                        • Certaines scènes à la limite du #nawak#comiqueinvolontaire#quescequecestquecetruc.
                        • Quand même, c’est moche de vieillir.

                         

                        Mes notes : 16/20 pour le premier épisode, 15/20 pour le deuxième.

                         

                        J’aurais donné mon âme au diable pour le savoir :

                         

                        • Que voit le méchant Dale Cooper dans le reflet du miroir au-dessus du lavabo lorsqu’il se lave les mains dans le motel, après son énième meurtre ?

                         

                        Bonus 1

                         

                        J'étais aussi très curieux de savoir comment la série allait traiter la question de Bob, l’entité démoniaque, sachant que Frank Silva, son interprète, est décédé en 1995. Allait-elle éluder la question et ne pas l’évoquer du tout ? Bah non, au contraire, Bob est cité lors d’une scène. Il est donc encore présent. Comment les auteurs vont-ils faire pour le réintroduire ? C'est une question intrigante. C’est néanmoins un bel hommage à Frank Silva que de garder ce personnage et de continuer à en faire une menace (un autre hommage lui est rendu lors du générique). Si on ajoute à cela la séquence du baiser entre Dale et Laura, qui reproduit ce qui avait été fait et annoncé il y a vingt-six ans (à un nain près), on peut être rassuré : Twin Peaks va être raccord et cohérente avec sa propre légende.

                         

                        Dale et Laura s'embrassent.

                         

                        Bonus 2

                         

                        Bizarre, vous avez dit bizarre ? Mais que fout Jacques Renauld dans le bar, à la fin ? N’est-il pas censé être mort, étouffé par un coussin par Leland Palmer ?

                         

                        Gif de Jacques Renauld.

                         

                        Les chansons des titres des paragraphes :

                         

                         

                         

                        Critique : Doctor Who (2005) 10.07

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                        Où comment les promesses du premier volet n’aboutissent qu’à du vent.

                        Le deuxième épisode d’un triptyque est très souvent le meilleur épisode de la saga. Alors que le premier a la tâche ingrate d’imposer les bases de l’histoire et que le dernier a le devoir parfois laborieux de clore les intrigues, celui du milieu possède le loisir de se poser, prendre son temps, de développer les personnages ou d’agrandir son monde.

                        Mais Moffat et Harness, les scénaristes de The Pyramide at the End of The World, en ont décidé autrement et de ce fait, nous ont fait une vilaine farce.

                         

                         

                        C’est qui les patrons ?

                         

                        Le principal souci de l’épisode est qu’il ne respecte pas cette loi universelle du triptyque et laisse totalement tomber la majeure partie des éléments du premier volet. En effet, du premier acte ne subsistent que les Moines ; tout le reste est parti à la trappe. Exit donc le Pape, le Veritas, l’histoire de la simulation virtuelle. Bye-bye Missy qui n’apparaît pas une seule seconde, alors que la fin d’Extremis promettait une alliance entre elle et le Docteur pour contrer la menace.

                         

                        Le Docteur en mode aveugle mais tranquille passant la barrière de sécurité de l'ONU.

                         

                        Dans ce nouvel épisode, il y est question de vaisseau spatial en forme de pyramide, de virus mortel, tandis que les Moines se proposent d’aider l’Humanité à ne pas s’auto-détruire contre une servitude éternelle.

                        On continue dans les travers des scénarios Moffatiens, à savoir l’overdose d’idées à peine exploitées, à l’image de ces pyramides vieilles de 5000 ans qui apparaissent soudainement sur le sol terrien. Cela aurait pu être pas mal, mais au final, ça ne servira à rien, juste un décorum pour lancer l’épisode. Pareil pour le Doomday Clock, soit l’horloge conceptuelle créée en 1947 qui calcule le temps qui reste à l’Humanité avant la fin du Monde fixée à minuit. (Pour l’anecdote, cette horloge a été avancée à minuit moins deux minutes et demie depuis l’investiture de Donald Trump). L’idée est vraiment sympa, mais pas vraiment poussée. En fait, on a le sentiment que Moffat, avant chaque scénario, chipe des idées en regardant les reportages sur les OVNIS diffusés sur le câble ou en lisant des magazines dans la salle d’attente de son docteur, mais sans jamais faire l’effort de les approfondir, privilégiant la quantité à la qualité.

                         

                         

                        La liste de la mort

                         

                        Comme il est vraiment difficile de trouver quelque chose de valable dans cet épisode, je vais lister les autres problèmes :

                        1- Le rythme est très lénifiant. Entre les allers-retours à la pyramide et les discussions autour d’une table avec tous les représentants de la Terre, l’épisode ne décolle jamais et semble s’étirer au-delà du raisonnable.

                        2- Doctor Who est à la base une série pour les enfants, on est d’accord. Mais lorsque celle-ci est acculée dans une impasse scénaristique, elle a parfois le mauvais réflexe de sombrer dans une naïveté gênante et niaise. Ici, toutes les nations (enfin trois à quatre représentants, car il faut y aller mollo sur le budget casting) décident de s’allier contre les Moines et de mettre fin à leurs conflits en une poignée de mains. Tellement utopique. De même, les Moines acceptent le consentement des humains à leur domination, mais seulement si cela est motivé, non pas par la peur ou par la stratégie mais par... l’Amour. Cette incursion de Céline Dion dans l’écriture du scénario est assez inattendue.

                        3- Au stade où on est, cela ne changera plus. Moffat ne sait pas écrire des personnages, ce ne sont que des moteurs ou rouages de l’intrigue. On atteint ici son chef-d’œuvre de m’en-foutisme avec la scientifique, dont il faut attendre les dernières scènes pour que le Docteur lui demande... son prénom, tout simplement.

                         

                        La scientifique qu'on s'en fout et son collègue qu'on s'en fout.

                         

                        4- Notre Nardoudou n’est pas très en forme. Il est même très en retrait. J’ai peur qu’il ne couve quelque chose. Et Bill est toujours sympa, mais on est en droit de se demander à quoi elle sert.

                        5- Un SUPER Docteur, tellement trop balèze que ça mérite un paragraphe.

                         

                         

                        Doctor Uber Alles

                         

                        C’est vraiment un Docteur super puissant qui apparaît dans cet épisode. Déjà, il est promu Président de la Terre. Oui, carrément. Alors, comme je ne suis pas une bible en matière de Doctor Who, peut-être a-t-il déjà été désigné ainsi par le passé, mais ce titre ronflant et unanime m’a vraiment surpris. Il semble de plus avoir de nouveaux pouvoirs magiques, car il arrive à mettre en ligne et en format PDF tous les documents ultrasecrets rien qu’avec un simple toucher des écrans d’ordinateur. Tranquillou.

                        L’arc sur sa perte de vue trouve son dénouement ici. Et avouons-le, quelle perte de temps que fut cette idée non exploitée. Cela fait trois épisodes que le Docteur est aveugle, mais dans l’ensemble, cela ne change pas grand-chose à ses actions, il peut courir sans se prendre des murs, voire fabriquer des bombes. Alors certes, il a des lunettes qui lui donnent une vison 3D, mais tout de même. Par contre, quand le scénario le décide, il devient incapable d’agir seul et doit demander de l’aide à Nardole. Mais jamais à Bill, car pour un prétexte des plus débiles (« lui avouer serait me l’avouer à moi, bla-bla-bla »), il lui cache son handicap. Et cela donne un fil rouge pénible où plusieurs fois dans l’épisode, le Docteur est à deux doigts de tout révéler à sa compagne ; mais il est toujours interrompu par quelque chose, procédé hyper-méga-lourd.

                         

                        Les Moines, monstres moches.

                         

                        Tout cela pour nous amener de manière forcée, avec zéro finesse d’écriture, à la scène de dénouement où, alors que le virus est en voie d’être neutralisé et que les Moines sont renvoyés à leurs bacs à sable, la cécité du Docteur, qui jusque-là n’avait jamais été un énorme problème, va lui causer la mort. En effet, enfermé dans une pièce qui va exploser, il ne peut pas ouvrir une porte fermée par une combinaison de chiffres à replacer dans le bon ordre. C’est pas de bol. D’autant que comme par hasard, Nardole est tombé évanoui et ne peut le secourir. Le Docteur n’a pas le choix et avoue tout à Bill, qui prend la décision d’offrir la Terre entière (!!) aux Moines, pour que ceux-ci redonnent la vue au Docteur (par magie sans doute) et lui permettent de s’en sortir. Le Docteur retrouve donc ses sens et le troisième volet est lancé : il faut reprendre la planète des griffes des monstres.

                        Mais si on prend du recul, faire perdre la vue au Docteur n’aura servi à rien du tout, ce n’était juste qu’un procédé grossier pour faire avancer l’action sur deux à trois épisodes. Encore une idée originale qui aurait pu créer une vraie nouveauté dans la saga de Doctor Who, mais Moffat, fidèle à lui-même, n’en fait rien et gâche la cartouche.

                         

                        Un épisode assez catastrophique, auquel il est difficile de trouver des choses à sauver. Un Docteur hyper-puissant, des tas d’idées jetées en l’air pour du vent et la fin d’un arc (le Docteur aveugle) qui au final n’aura servi à rien et n’aura été exploité que lorsque le scénario le nécessitait.

                        Bref, un épisode inutile et frustrant.

                         

                        J’ai aimé :


                        • …….

                         

                        Je n’ai pas aimé :


                        • Tout ce bruit une nouvelle fois pour rien.
                        • Ils n'ont rien compris au fonctionnement d’un triptyque.

                         

                        Ma note : 7/20.

                         

                         

                        Le Coin du Nardole

                         

                        C'est aujourd'hui jour de deuil. Notre grand prophète, annonciateur d'on ne sait encore quoi, est... mort.

                        Oui, vous avez bien lu. L'impossible est survenu. Le robot-cyborg a succombé au virus-plus-dangereux-tu-meurs. Alors, comment un robot peut mourir d'une telle façon ? De nombreuses questions restent encore en suspens. Nardole est-il vraiment ce qu'il prétendait être ? Est-il un simple mortel ? Est-il un Time Lord qui va se régénérer au prochain épisode ?

                        La communauté des Nardolos attend des réponses et porte le deuil, faute de mieux.


                          Bilan : Manon 20 ans saison 1

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                          Trois ans après, Manon revient sur Arte avec une nouvelle trilogie d’épisodes. Verdict sur ce qui vous attend à partir de ce soir.

                          Ç’avait été l’une des belles surprises sérielles de l’année 2014, en proposant un récit plein de justesse sur l’adolescence à problèmes et la violence qui peut parfois en ressortir. Jean-Xavier de Lestrade, réalisateur de documentaires, avait porté à l’écran sur trois épisodes un beau portrait de jeune femme en rapport avec son environnement, chose rare à la télévision, et d’autant plus française. Et trois ans plus tard, il revient presque sans prévenir avec la suite de la vie de Manon, âgée à présent de 20 ans, à nouveau sur trois épisodes de 52 minutes. Et c’est (presque) aussi bien.

                           

                           

                          Girlhood

                           

                          Le projet ressemble assez à celui du réalisateur américain Richard Linklater, et ce n’est pas un hasard si le créateur cite "Boyhood" dans ses références. Suivre un personnage sur une longue tranche de vie avec un degré de réalisme accru grâce au procédé filmique, c’est un fantasme fictionnel rarement atteint, que permet plus facilement la série mais qui n’est pas si souvent utilisé dans un contexte aussi social. Dans le registre documentaire en revanche, les références abondent, comme par exemple "Que deviendront-ils ?" de Michel Fresnel, qui suivait des adolescents dans le cadre scolaire sur douze années. Et qui sait, peut-être que Jean-Xavier de Lestrade sortira un "Manon 25 ans" dans quelques années, poursuivant ainsi encore plus loin l’évolution de son personnage.

                          Mais en attendant, Manon a 20 ans et cherche sa place dans la société, notamment au niveau professionnel. Maintenant qu’elle est parvenue à maîtriser sa violence et s’est séparée de sa mère, elle a le potentiel d’évoluer dans un cadre sain, même si la série montrera que l’émancipation sera plus complexe que prévue. Ainsi, elle essaye de s’épanouir au travail, de trouver des amis, elle fait des rencontres amoureuses… Toujours avec difficulté lorsqu’il faut s’ouvrir aux autres, et encore plus lorsque, par contraintes sociales, il faut au contraire se restreindre. Au final, tout au long des trois épisodes, Manon est constamment à la recherche de la vérité, même si cela passe par des actions instinctives, des regrets, ou des conflits professionnels.

                           

                          Manon 20 ans

                           

                           

                          Une authenticité gênée par trop de conflits

                           

                          À ce niveau, les créateurs, aidés par l’authenticité des acteurs, font preuve d’une grande justesse en n’oubliant pas ce qu’est la vie et ce qui définit une personne qui existe réellement : des actes parfois incohérents, des refus de s’ouvrir à l’autre, de lutter, des jugements subjectifs. Et tout cela sans perdre pour autant de vue l’actualité sociale dans laquelle évolue les personnages : difficulté de trouver un travail, homosexualité encore mal vue dans certains contextes... On pourrait même tout à fait défendre que la série prend une position féministe, pas seulement parce que le personnage principal est féminin, mais surtout parce que la série aborde l’avortement, la situation des LGBT et le sexisme dans le milieu professionnel, avec un engagement sincère.

                          Néanmoins, il y a tout de même un défaut d’écriture commun à ces trois épisodes, qui ne semblait pas parcourir la première trilogie de 2014 : un échec relatif dans les tentatives de créer du conflit artificiel, trop "fictionnel" en quelque sorte. L’exemple le plus probant : la plupart des employés qui se conduisent comme des enflures envers Manon. C’est poussé à un point tel (même si heureusement présent que dans le premier épisode) qu’on a l’impression que Jean-Xavier de Lestrade a cherché à recréer une ambiance nocive de lycée rappelant la première trilogie. Ce n’est pas crédible, et ça ne sert qu’à artificiellement accentuer la solitude de Manon. C’est d’autant plus le cas concernant l’employé vindicatif (dont nous avons oublié le nom, mille excuses) qui se fait virer dans le premier épisode, extrêmement agressif envers Manon dès leur première rencontre, sans aucune raison. Le conflit ainsi créé apparaît tout de suite comme une mauvaise ficelle d’écriture sérielle afin d’amener sa quête de vérité professionnelle, et heureusement le personnage lui aussi disparaît rapidement.

                          Pour le reste, tout se justifie par rapport au passage vers l’âge adulte de Manon, y compris sa quête œdipienne et son évolution assez surprenante, sa petite histoire d’amour avec Bruno, ou sa rencontre par hasard avec Lola. Parvenir à condenser tout cela en seulement trois épisodes sans que ça ne paraisse jamais trop rapide est en lui-même déjà un exploit narratif, appuyé par une justesse d’ensemble rafraîchissante. En tout cas, cela donne envie de voir une troisième trilogie d’ici quelques années, quitte à être patient.


                          Au final, Manon 20 ans est une suite réussie de la série qui avait fait une petite sensation sur Arte il y a de cela trois ans. Cette nouvelle trilogie n'est pas sans défauts d'écriture, mais reste tout à fait cohérente et amène son personnage sur d'autres sujets, d'autres explorations sociétales et psychologiques. Avant toute chose, Manon 20 ans est portée par une équipe créative talentueuse, autant derrière que devant la caméra.

                           

                          J'ai aimé :


                          • La justesse globale dans l'écriture des personnages et leurs relations
                          • Le traitement de certains sujets peu courants
                          • Le plaisir devant l'accomplissement d'un procédé d'écriture sur la longueur

                           

                          Je n'ai pas aimé :


                          • Quelques personnages et conflits qui manquent de subtilité

                           

                          Ma note : environ 13,5/20 pour l'ensemble de la série.

                          Critique : The Leftovers 3.08

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                          Retour sur une fin de série parfaite pour une série déjà classique.

                          Autant dire tout de suite que conclure un show n'a rien d'aisé, encore moins quand ce dernier est aussi complexe, évasif et brillant que The Leftovers, le petit bijou de HBO qui a su, au fil de sa pourtant courte durée de vie, se hisser au rang des meilleures. "Tout est résolu. Rien n'est résolu. Puis c'est la fin." Voilà le synopsis du final de The Leftovers, et contrairement aux apparences, il s'agit probablement du résumé le plus pertinent qu'il est possible de faire.

                           

                           

                          Let the Mystery Be...

                           

                          Le final choisit, lors de son générique, de reprendre les airs de la chanson "Let the Mystery Be", choix loin d'être anodin et indiquant qu'il ne fallait pas s'attendre à trouver une réponse aux grandes questions de la série, ayant toujours privilégié de se concentrer sur les personnages en quête de réponses dans leurs parcours, plutôt que sur les réponses en elles-mêmes. Mais en principe, toute personne étant arrivée jusqu'à cet épisode l'avait accepté depuis bien longtemps. Alors, oui, The Leftovers a finalement bien "let the mystery be". Mais pas celui qu'on croyait...

                           

                          Nora : “I didn't think you'd believe me.”

                          Kevin : “I believe you.”

                          Nora : “You do?”

                          Kevin : “Why wouldn't I believe you... you're here.”

                          Nora : “I'm here.”

                           

                          Ce final est à mon sens absolument parfait car il fait reposer toute la conclusion de la série sur un seul élément : pouvons-nous croire l'histoire de Nora ? Le mensonge et la vérité étant des thèmes récurrents de ce final, bien plus que lors du reste de la série, le doute est complètement permis. Je pense que l'épisode est assez explicite là-dessus, mais même dans certains détails, une ambiguïté est volontairement laissée afin de nous laisser dans le flou. Repassez-vous la scène où Nora est dans la capsule, à deux doigts d'être immergée. Voyez-vous qu'elle prend sa respiration un bon coup ? Oui mais, n'a-t-elle pas aussi l'air de dire "STOP", au dernier moment ?

                           

                          The Book of Nora - Going through

                           

                          Que dire des symboles religieux ou juste idéologiques qui ont toujours traversé la série ; que nous révèlent-ils dans ce final ? Nora gravit une montagne pour libérer un bouc émissaire de sa charge, représentant tous les pêchés commis par des invités à un mariage auquel elle a assisté plus tôt dans la journée. La scène suivante, elle raconte son histoire. N'est-ce pas un signe qu'elle a finalement décidé de trahir son code et de mentir à son tour ?

                          Oui mais, est-ce le plus cohérent avec son personnage ? Ayant toujours été caractérisée par son pragmatisme, sa carapace, et son sens absolu de la vérité peu importe à quel point cette dernière peut blesser, Nora ne ment pas – "I don't lie", rappelle-t-elle aux scientifiques. Oui mais, est-ce bien totalement vrai ? Nous l'avons déjà vue mentir par le passé, notamment en rapport avec cette fameuse expérience pour passer de l'autre côté.

                          Alors, a-t-elle abandonné à la dernière seconde et est-elle restée en Australie des années durant, ou a-t-elle réellement vécu ce qu'elle raconte ? Ni les preuves tangibles, ni les symboles, ni le passif de la série (le "book of Kevin" étant finalement ni totalement vrai, ni totalement faux) ne pourront nous aider là-dessus. Il faut se rendre à l'évidence : nous ne saurons sans doute jamais. Et c'est justement là que l'épisode sonne plus juste que jamais.

                           

                           

                          I'm here.

                           

                          Ce qu'il y a de brillant, c'est que la série fonctionne à la perfection avec les deux réponses choisies. Peu importe la solution que l'on préfère retenir, la morale est délivrée, le personnage de Nora magnifié, la série bouclant la boucle. Soit il s'agit d'une morale percutante sur le deuil, la nécessité de laisser les choses derrière soi et d'avancer pour être heureux. Soit il s'agit d'une leçon de vie sur le travail sur soi, l'acceptation de ne pas trouver les réponses à ce que l'on cherche et de se concentrer sur l'importance de ce qu'on a. Et bien sûr, puisque tout cela n'a rien d'incompatible, et que la série laisse le doute, c'est qu'il s'agit sûrement des deux.

                          Et c'est bien normal et complètement cohérent. The Leftovers ayant toujours reposé sur une ambiguïté entre le rationnel et le mystique, préférant livrer une histoire sur ses personnages, cette fin centrée sur l'histoire d'amour entre Nora et Kevin est la quintessence de tout le message de la série. Le final, plus largement, est une énorme synthèse du show, et la morale de l'histoire.

                          Je ne peux pas faire une critique de ce final en ne blablatant seulement que sur son message sans dire un mot sur sa forme. Malgré son caractère très intimiste et son casting réduit, nécessaire pour délivrer son message, le final remplit son cahier des charges et nous informe sur le sort de la plupart des personnages de la série, de façon sobre mais étrangement satisfaisante – l'épisode précédent était, il faut dire, plutôt chargé en caméos. Est-il également utile de rappeler à quel point les acteurs sont fantastiques, mais que Carrie Coon est absolument renversante et bouleversante dans son speech final ? Que la réalisatrice de l'épisode nous offre un excellent produit, ou que la bande-son est tellement excellente qu'elle constitue presque toujours un argument soulevé lorsque la série est mentionnée ?

                           

                           

                          Mon avis, dans tout ceci ? Il n'a pas vraiment d'importance, car l'histoire de Nora, si elle est vraie, est brillante ; et si c'est un mensonge, elle reste complètement bouleversante malgré tout. Le final est construit de telle sorte qu'aucune interprétation retenue n'empêche au spectateur d'être porté par l'épisode. En ce qui me concerne cela dit, je préfère croire Nora. Ce personnage est absolument tragique sous tous ses aspects, et ils ont trouvé le moyen de rendre son histoire encore plus désespérante même à la toute fin, avec cette idée brillante et sortie de nulle part de laisser Nora raconter la vision d'un monde où ce sont 98% de la population qui ont disparu. Alors que l'on vient d'assister à trois saisons d'humains tentant tant bien que mal de remonter la pente et de se tourmenter pour "si peu", voilà que le final remet tout en perspective. Au milieu de cette "vérité" (encore une fois, si l'on décide d'interpréter littéralement le discours final), Nora ne trouve sa place nulle part.

                           

                          Nora : “I understood that here in this place, they were the lucky ones. In a world full of orphans, they still had each other. And I was a ghost. I was a ghost who had no place there.”

                           

                          Bien sûr, c'est sans compter sur le fait que, si la série aime nous faire pleurer toutes les larmes de notre corps, elle conclut à chaque fois sur une note positive. Kevin, la seule personne au(x) monde(s) pouvant véritablement comprendre Nora malgré toutes les différences qui les séparent, la retrouve. Un tableau tellement irréaliste après ce qu'ils ont traversé, mais pourtant tellement évident, qu'il ne leur reste plus qu'à se regarder en souriant et en pleurant. Et je les ai très vite rejoints dans cet état-là.

                           

                          The Book of Nora - scène finale

                          Oui, j'ai pleuré aussi.

                           

                          Mais par rapport aux précédentes fins "heureuses" des deux premières saisons, celle-ci a sans doute la plus grande importance, puisqu'elle conclut également la série. The Leftovers, c'est un show ayant eu plusieurs dérives mystiques, des symboles pour le moins douteux et faisant figurer un culte extrêmement imprécis – qui brille d'ailleurs par son absence totale lors des événements de ce final ne retenant donc après des années de deuil, que l'essentiel. Mais The Leftovers c'est au fond une série sur ceux qui sont laissés derrière et qui doivent tenter de trouver une motivation pour vivre tous les jours. Et par conséquent, The Leftovers, c'est une série qui a toujours eu a cœur de délivrer un message auquel absolument tout le monde peut s'identifier : vivre avec le deuil, ou plutôt vivre avec la perte de quelque chose – pas forcément d'une personne. Le message final se résume alors au dialogue que j'ai déjà mis au tout début. Alors, que retenir de la série se focalisant sur des personnages cherchant une réponse au sens de la vie ?

                           

                          “I'm here.”

                           

                          Ce qui compte le plus, c'est que Nora et Kevin soient là, à ce moment précis. L'être ici, le moment présent, voilà la vraie réponse. Au fond, des thèmes qui n'ont rien de bien nouveau dans cette série, mais toujours présentés avec une exécution magistrale. Il est normal de les retrouver dans le final, qui reprend en fait tous les thèmes majeurs que je n'ai pas encore mentionnés mais qui traversent bel et bien toute la série : la famille, le souvenir, le "foyer"... Et puis, pouvait-on vraiment tourner de façon plus belle la maxime Carpe diem ? La série l'avait déjà fait, à chaque fin de saison en fait, mais jamais avec autant de puissance et de degrés d'interprétation.

                          Pardonnez le côté potentiellement éparpillé de la critique, il est encore assez difficile de rassembler mes esprits avec tout ça en tête, mais je me serais senti coupable si j'avais laissé ce monument télévisuel sans dernier au revoir. Tout comme Nora, je pense qu'il me faudra un peu de temps pour faire mon deuil de la série, pourtant ce final parvient à la fois à me laisser renversé comme je l'ai rarement été, mais aussi complètement apaisé, satisfait.

                           

                          Bravo à The Leftovers qui nous laisse, une dernière fois, bouleversés.


                          J'ai aimé :

                           

                          • "Let the Mystery Be", très jolie voie empruntée par les scénaristes qui ont pris tout le monde à revers
                          • Le fait d'avoir conclu par un centric sur Nora, tout en gardant une portée très large sur le show
                          • La bande-son qui, à l'image du final, est sobre, mais parfaite
                          • Les acteurs sont excellents, et Carrie Coon est phénoménale
                          • La remise en perspective de toute la série sur certains aspects
                          • Gros bilan des thématiques et réponse finale belle à en pleurer, une fois de plus
                          • ...
                          • Tout, en gros.

                           

                          Ma note : 19/20.

                           

                          Une maison

                          Critique : Doctor Who (2005) 10.08

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                          Vous avez un nouveau message.

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                                                                 Chris

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                          Steven et Chris

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                          J’ai aimé :


                          • Un postulat de départ assez intrigant.
                          • Peter Capaldi et Pearl Mackie jouent parfaitement leur scène de confrontation.
                          • Je n'ai plus de critique à écrire pour cette saison.

                           

                          Je n’ai pas aimé :


                          • Tout ce bruit une nouvelle fois pour rien.
                          • Ils n'ont rien compris au fonctionnement d’un triptyque.
                          • Un scénario incohérent fait de bouts de ficelle.
                          • Une saison qui prend l'eau de partout.

                           

                          Ma note : 7/20.

                           


                            Le Coin du Nardole

                             

                            Ne tremblez plus, mes petits Nardolos.

                            Nardole est bel et bien en vie cette semaine, plus fringant et fringué que jamais (le noir l'amincit et le bonnet lui sied à merveille).

                            Alors si vous aussi vous voulez être sapés comme jamais, voici quelques photos pour vous prises par notre spécialiste mode, Cristinard Doldula, pour vivre la Nardolitude au quotidien ! Inutile de vous dire qu'à la rédaction de Série-All, le rouge est tendance en ce moment. Allez, à vous les Nardolos, et n'hésitez pas à nous envoyer vos cosplays sur les réseaux sociaux !

                             

                            La Nardolitude, what else

                            Critique : Doctor Who (2005) 10.09

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                            Dans l’espace, personne ne vous entend Gatisser.

                            [Début de Transmission : 12:05 UT / 05:05 MT]

                             

                            [Application de la requête initiale]

                             

                            [Disque dur > Mémoire interne > Archive]

                             

                            [Début de l'extraction]

                             

                            [Transfert en cours]

                             

                            [Interruption du transfert : 26819 / 94852444244]

                             

                            [Passage en manuel]

                             

                            [Disque dur > Mémoire interne > Q&A]

                             

                            [Bonjour, ici XB314. Que puis-je faire pour vous ?]

                             

                            [Demande de scan sur : fichier 26819]

                             

                            [Scan en cours]

                             

                            [Bonjour, ici XB314. Que puis-je faire pour vous ?]

                             

                            [Bonjour XB314. Demande détails : fichier 26819]

                             

                            [Fin du scan]

                             

                            [Dossier 26819 : Empress of Mars. Microfilm 2017, BBC. Section : Mars dans la culture populaire terrienne. Propriétaire : Musée de la pré-expansion, New Paris, Secteur 8, Ma...]

                             

                            [Auteur ?]

                             

                            [Mark Gatiss, 1966-2043. Terrien. Grande-Bretagne, ancienne Europe Centrale Ouest]

                             

                            [Contenu ?]

                             

                            [Microfilm de télévision. Doctor Who 2005. Deuxième relance de la série. Saison 10, Épisode 9 : Le Docteur arrive sur Mars pour aider l'armée britannique victorienne face à...]

                             

                            [Non, ce n'est pas ça qui m'intéresse. Le fichier est visiblement bloquant. Je ne comprends pas pourquoi. Lancement du visioscan]

                             

                            [Visioscan en cours]

                             

                            [Analyse de l'œuvre en cours]

                             

                            [Il s'agit d'une adaptation de l'œuvre d'Edgar Rice Burroughs : « Le Cycle de Mars », Œuvre pré-expansion. Écrite entre 1919 et 1964. Onze volumes. Pour plus d'informations sur Edgar Rice Burroughs, veuillez consulter les sections 3,4,5 et 6 du Musée]

                             

                            [Non. Continue]

                             

                            [Le scénariste intègre le personnage phare du Docteur, figure populaire terrienne dans un contexte de littérature classique. Forte dépréciation de Burroughs à l'époque. Sa réhabilitation vers la fin du 21ème siècle, combinée à un facteur aggravant de réchauffement climatique, contribuera au lancement de l'expansion. Il est intéressant de constater que le microfilm démontre les lacunes terriennes sur Mars, encore à l'époque. Mauvaise géographie des lieux. Description géologique et atmosphérique de Mars déplorable]

                             

                            [T'es un bavard toi. Demande détail : récit]

                             

                            [Le scénariste réintroduit les Ice Warriors, méchants de la série dite classique (Pour série originelle, veuillez consulter les archives centrales : secteur 6, Tokyo 4, Galimède). Construction d'un canevas classique de la série : le Docteur et sa compagne arrivent dans un endroit X où ils doivent affronter un ennemi Y. Aucune espèce d'ajout substantiel de la part du scénariste. Synopsis minime. À noter la citation d'œuvres annexes issues de la culture populaire dans le récit (Voir : références). Personnages secondaires caractérisés comme dans un sous slasher lambda]

                             

                            [Demande détail : slasher]

                             

                            [Slasher : Mode cinématographique de la fin du 20ème, début du 21ème. Un slasher (de l'anglais terrien « slasher movie ») est un sous-genre très spécifique rattaché au film d'horreur. Un slasher met systématiquement en scène les meurtres d’un tueur, qui élimine méthodiquement un groupe d'individus, souvent à l’arme blanche. Genre complètement disparu après le début de l'ère d'expansion au profit des récits d'aventures galactiques. Exemple type : la série des Indiana Jones à partir du 14. Voir détails ?]

                             

                            [Non. Reprise du visioscan]

                             

                            [Il est à noter que même pour l'époque, la « production value » est très faible. La réinterprétation des Ice Warriors est faite de façon pauvre, avec des éléments repris d'autres œuvres, sans aucune volonté de réinventer le monstre à l'époque moderne]

                             

                            [Oui, je vois ça. 2017 tu disais ? Avatar 2qui a révolutionné le cinéma sort deux ans plus tard. La comparaison fait mal. Poursuis]

                             

                            [Le récit fait sentir un net amour de l'auteur pour la chose politique. Grossièrement, il tente de faire une analogie entre le colonialisme anglais en Inde et en Afrique et sur Mars. Le vieux modèle victorien est vu comme dépassé face à la jeunesse de Bill. La saison tente d'ailleurs d'établir ce parallèle plusieurs autres fois (Voir détails). Le problème est que le scénario ne semble donner aucune matière à la future interprète de Toŕnade. Aucun monologue. Aucune construction pour lui donner la place qu'elle devrait prendre. Il est d'ailleurs intéressant de constater que la série avait connu un problème tout à fait similaire en saison 3 et que...]

                             

                            [Si je comprends bien, c'est complètement nul ?]

                             

                            [Oui Monsieur. Mes analyses sur l'histoire du show indiquent clairement une baisse de la qualité de celui-ci à partir de ce point. Baisse qui s'est prolongée à moyen terme, selon plusieurs de mes projections, avant que la série ne soit sauvée par...]

                             

                            [Ok, j'ai compris. Le problème est que je n'ai toujours pas trouvé ce qui a pu bloquer. Je vais devoir venir faire directement l'extraction manuellement et...]

                             

                            [Oui Monsieur ?]

                             

                            [Tu peux me repasser le protocole initial ?]

                             

                            [Lancement du protocole initial...]

                             

                            [Directive 1 : Faire l'extraction des derniers fichiers du Musée de la pré-expansion avant destruction du site à 18:00 UT]


                            [Directive 2 : Préserver les fichiers après extraction et les ramener au spatioport d'Encelade]


                            [Directive 3 : Compte tenu de l'urgence de la demande, merci de ne préserver que les fichiers les plus importants]


                            [Directive 4 : En cas de problème : voir avec XB314, chargé de la maintenance sur place]


                            [Directive 5 : 50 000 crédits UT pour cette mission]

                             

                            [Il est là le souci. Tu as fait un scan interprétatif XB314 ?]

                             

                            [Oui, Monsieur]


                            [Pourquoi ?]

                             

                            [Compte tenu de l'urgence de la mission, j'ai effectué un pré-tri. J'ai estimé que l’œuvre était négligeable]


                            [Cela est entré en contradiction avec ma demande de transfert complet. D'où le plantage du système. J'avais étrangement déjà eu un problème similaire sur la Lune terrienne avec un épisode de la même série]

                             

                            [Quels sont les ordres Monsieur?]

                             

                            [Supprime le fichier. Je ne comprends même pas pourquoi, ni comment cette chose avait sa place dans un musée. Les humains s'attachent parfois à des objets sans valeur aucune, par pur sentimentalisme ridicule.

                             

                            [Suppression du fichier]

                             

                            [Reprise du transfert]

                             

                            [Ça fonctionne. Je décroche. Éteins-toi à la fin du transfert]

                             

                            [Oui, Monsieur]


                            [Fin du transfert]

                             

                            [Mode : Off]

                             

                            [Fin de Transmission : 12:15 UT / 05:15 MT]

                             

                            J'ai aimé :

                             

                            • Au moins, j'ai découvert The Vikings et c'est vrai que ça a l'air chouettos :

                             

                             

                            Je n'ai pas aimé :

                             

                            • Les références à la pop culture aussi forcées que dans cette critique.
                            • Capaldi qui n'y croit plus du tout cette saison.
                            • Bill qui sombre.
                            • Michelle Gomez qui re-re-sombre (apparemment, il y a un niveau en dessous du fond de la mer).
                            • Le tout dernier plan, absolument incompréhensible.

                             

                            Ma note : 07/20.

                             

                             

                            Le Coin du Fan

                             

                            Vous aussi, vous vous êtes demandé pourquoi un oeil apparaissait dans l'écran à la fin de l'épisode et que tout le monde sur Internet a l'air de s'exciter dessus ? Eh bien en fait, cette créature n'est autre que l'Alpha Centauri, un alien qui date de la série classique. Plus précisément de la période de la fin du Troisième Docteur dans l'histoire The Curse of Peladon, qui voyait le retour des Ice Warriors ainsi que l'apparition de cet Alpha Centauri.

                             

                            Alpah Centauri, Doctor Who

                             

                            Il est vrai que cette grosse... heum, bête cylindrique à l'oeil de cyclope et parée d'une merveilleuse cape (qui soyons francs, ressemble un peu à une teub), personne ne s'attendait à la revoir. Un peu à la manière des Mogellans du premier épisode de la saison, qui avaient fait un caméo auprès des Daleks. Le problème, c'est que l'Alpha Centauri a à peine plus d'importance qu'eux. Cela a certes permis de placer Empress of Mars dans la chronologie des histoires des Ice Warriors dans la série, mais d'une façon complètement inexpliquée pour 90% des spectateurs. On se demande alors pourquoi ce caméo n'a pas eu plus d'importance dans le reste de l'épisode...

                            Un truc plutôt cool, en revanche, c'est qu'ils ont rappelé l'actrice originale ayant fait la voix de la créature, Ysanne Churchman, aujourd'hui âgée de 92 ans.

                            Sinon, on peut aussi noter dans l'épisode un petit troll de Gatiss qui arrive à placer "Sleep No More" dans son script en référence à son précédent épisode. Gatiss se met aussi à s'auto-référence et à faire du méta ? En attendant, j'aurais toujours préféré un séquel à Sleep No More qu'Empress of Mars...

                             

                             

                            Journal de Nardole - 10/06/2017 :

                             

                            Aujourd'hui, je suis monté dans le Tardis.

                            Il a démarré tout seul.

                            J'étais bien perdu.

                            Je suis allé voir Missy.

                            J'avais peur.

                            Elle m'a aidé.

                            Nous avons sauvé le Docteur et Bill.

                            C'était bien.

                            J'ai eu une tartine de Nutella au goûter.

                            C'était bon.

                            Critique : Better Call Saul 3.09

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                            Où Irène gagne au loto.

                            Le neuvième épisode réserve toujours de mauvaises surprises à Jimmy. En saison 1, il était confronté au mépris de son frère dans une scène déchirante qui annonçait la déchéance de Jimmy et l'émergence future de Saul Goodman. En saison 2, il inversait la vapeur en piégeant à son tour son frère, qui en ressortait grièvement blessé. Nous voici au neuvième épisode de la saison 3, et l'heure de l'addition est arrivée pour Jimmy. Qui va en payer le prix cette fois-ci ? Kim.

                             

                             

                            La confiance règne

                             

                            Contrairement à Breaking Bad, Better Call Saul n’a que très rarement recours à une mécanique du choc, du spectaculaire. Les épisodes pivots de la série, comme l’a été Chicanery plus tôt cette saison, ne sont bien souvent que des étapes dans la construction des personnages, bien loins d’un Walter White réduisant en cendres le QG de Tuco ou d’un avion explosant dans le ciel d’Albuquerque. En ce sens, Better Call Saul est peut-être l’une des séries les moins spectaculaires que j’ai eu l’occasion de voir, et ce refus de basculer dans le phénoménal lui accorde une aura particulière. Certes, Jimmy McGill n’a pas l’aura paradoxale d’un Walter White, et les conflits autour de Mesa Verde ne peuvent rivaliser avec la traque que menait Hank pour mettre fin au trafic du cartel, mais il y a dans Better Call Saul des qualités moins évidentes, et pourtant supérieures à celles de la série-mère : une écriture plus subtile, confiante en elle-même et en l’intelligence de ses spectateurs, pour prendre le temps de se raconter.


                            Les petits gâteaux chats de Saul (le glaçage c'est dégueu) 


                            Parfois, la série pousse assez loin ce rapport de confiance. Dans cet épisode, elle nous demande par exemple de faire le lien avec une intrigue de la saison 1 (Jimmy VS Sandpiper Crossing), sans à aucun moment nous faciliter la tâche en nous rappelant les enjeux et les protagonistes de cette affaire. En dépit de tout l’amour que j’ai pour la série, j’ai eu un mal fou à raccorder les wagons lors de la séquence introductive, me demandant même si je n’avais pas sauté un épisode...

                            Il est pourtant logique, narrativement parlant, que la série revienne sur cette intrigue de la saison 1 afin de pouvoir observer le chemin parcouru depuis. L’époque du Jimmy McGill, fervent défenseur du troisième âge dans son costume (de chevalier) blanc est désormais révolue. Le voici à présent en train d’abuser de la naïveté d’une vieille dame, allant même jusqu'à truquer une partie de bingo (je sais, c'est honteux...) pour parvenir à ses fins.


                            Le bingo de Jimmy


                            On peut ici encore une fois reconnaître l’intelligence de la série, qui ne condamne jamais le glissement qui s’opère entre Jimmy et Saul, mais nous laisse spectateurs et juges de cette transformation, allant même jusqu'à totalement dédramatiser le destin de cette pauvre Irène en le présentant sous la forme d'un montage plus porté vers l'humour de cette situation que vers le drame. La série emprunte ainsi le regard de Saul sur sa victime : rien n'est fondamentalement grave dans une arnaque, tant que la finalité en vaut la peine. Que Saul arnaque des inconnus, c'est une chose. Qu'il empiète à présent sur le territoire de Jimmy pour monter ses stratagèmes en est une autre.

                            Nous avons connu Jimmy, nous nous sommes attachés à lui, mais nous avons toujours su que sa moralité était faillible, sur la corde raide, constamment bousculée par les éléments extérieurs. À présent, Jimmy n’est plus victime de son environnement. Au contraire, il le conditionne. Pour le meilleur et pour le pire.

                             

                             

                            Comme une boule de bingo dans une soufflerie

                             

                            Jimmy n’est pas le seul à ressentir ce besoin d’émancipation. Tous les personnages de la série tentent de se libérer des chaînes qui les entravent depuis trois saisons. Dans l’épisode précédent, Kim rompait avec son passé en remboursant Howard, Chuck renouait avec le monde extérieur en acceptant sa maladie pour ce qu’elle était, et Nacho prenait la décision la plus dangereuse de son existence pour sauver sa famille de l’emprise de Don Hector. Mais le prix de la liberté peut parfois s’avérer bien amer : Jimmy la gagne au détriment de la pauvre Irène, Nacho risque sa vie, Kim y perd sa santé… Contrairement aux apparences, seul Chuck semble finalement être sorti vainqueur du procès qu’il a mené contre son frère, retrouvant le contrôle de sa vie et promettant enfin à Howard de retourner les armes de la loi contre lui.

                             

                             Chuck et son mixeur plongeant


                            Prendre son destin en main n’est donc pas sans danger, et le plus sage reste parfois d’accepter de se laisser porter par une force supérieure, tel Mike découvrant la toute-puissance de Gustavo Fring et de l’empire qu’il contrôle. Si Better Call Saul est en définitive supérieure sur bien des points à Breaking Bad, c’est peut-être aussi dans sa peinture de la nature humaine. Là où la série-mère avait souvent recours à l’ironie pour faire avancer ses personnages tels des pions sur l’échiquier du destin de Walter White, le spin-off prend le temps de donner vie à ses protagonistes. Comme cette très belle scène au milieu de la nuit, dans laquelle Nacho tente de convaincre son père de ne pas résister aux événements à venir. Ces visages, découpés dans le clair-obscur, d’un père et de son fils qui ne parviennent pas à s’entendre, remettent plus que jamais l’humain au centre du récit. Et la vision d’une Kim, en sang, hagarde, nous saisit profondément.

                             

                            Le père de Nacho

                             

                             

                            Kim aime bien, châtie bien

                             

                            J’ai toujours aimé Kim, bien que le personnage ne soit pas forcément le plus abordable de la série. Sa relation avec Jimmy, par exemple, a toujours été plutôt trouble, notamment cette saison où leurs rapports de couple ont quasiment totalement disparu au profit de leur collaboration professionnelle. En tant que spectateur, j’ai eu tendance à considérer Kim à travers le regard de Jimmy. Elle est la raison pour laquelle il se bat, l’un des facteurs essentiels de sa transformation en Saul Goodman.

                            Mais à trop regarder le personnage de Saul, j’en suis venu à négliger la pauvre Kim. Les indices étaient pourtant là, disséminés dans les épisodes précédents. Kim, la profondément morale Kim, qui ne supporte pas d’avoir humilié Chuck au tribunal, qui s'éloigne progressivement de cet homme qui n'est plus celui qu'elle a connu, qui refuse l'aide de quiconque pour se sortir d'une mauvaise situation, qui porte à bout de bras un cabinet au bord du gouffre... On peut saluer ici l'intelligence du montage, qui réutilise un effet aperçu précédemment dans Expenses (le montage cut mimant sa courte sieste dans la voiture et le réveil brutal qui s'ensuit) pour représenter la brutalité et le traumatisme de l'accident.

                             

                            L'accident de Kim

                             

                            Chicanery n’était en définitive pas l’épisode qui nous montrait la chute de Chuck, mais amorçait celle de Kim. Quel chemin va à présent emprunter le personnage, dernier symbole de pureté au carrefour qui sépare Jimmy McGill de Saul Goodman ? Un conseil, Kim : emprunte la prochaine sortie, si tu ne veux pas finir dans le mur…

                             

                            La saison poursuit sa très solide lancée avec un épisode qui continue de poser toutes les pièces du puzzle Saul Goodman, empruntant parfois des chemins surprenants (Chuck, Jimmy) ou déchirants (Kim, Nacho). Fall est sans doute ce que Better Call Saul peut nous offrir de plus "spectaculaire". Mais  nous savons bien que ce n'est pas pour cela que nous regardons la série. L'essentiel n'est pas tant dans la brutalité de cet accident que dans les conséquences qu'il aura sur le personnage de Kim... Car Better Call Saul n'a toujours été que ça : des personnages.


                            J'ai aimé :

                             

                            • Bob Odenkirk est formidable, et rend la transformation de Jimmy en Saul assez difficule à accepter.
                            • Irène et le papa de Nacho sont trop mignons, non ? J'espère qu'ils se rencontreront et auront leur propre spin-off...
                            • Chuck se rebelle et s'en prend enfin aux bonnes personnes. Et ça fait du bien.
                            • Toute la puissance de Gus Fring perçue à travers le regard de Mike.

                             

                            Je n'ai pas aimé :

                             

                            • Kim poussée à bout.
                            • ON NE TRUQUE PAS UNE PARTIE DE BINGO !!!!
                            • Une saison de ronrons avec Mike...

                             

                            Ma note : 15/20.

                             


                            Le Coin du Fan :

                             

                            Puisque le site a pris du repos pour les épisodes précédents, voici donc un super coin du fan qui vous résume tout ce que vous avez raté précédemment !

                             

                            Easter eggs de l'épisode 6 :

                             

                            • La stressée et stressante Lydia de Breaking Bad fait sa première apparition dans le spin-off, accompagnant Gus sur les lieux de la laverie qui deviendra le gigantesque laboratoire de Walter et Jesse.

                             

                            Lydia et Gus

                               

                              • Ce bon vieux Krazy-8 passe saluer Nacho et papy Hector, après être déjà apparu la saison dernière. Et il travaille toujours pour la boutique de son père, Tampico, dans laquelle Walter a acheté le couffin de son fils.

                                 

                                Krazy-8 passe faire coucou

                                 

                                Easter-egg de l'épisode 7 :

                                 

                                • Lors de la scène du bar, Jimmy propose à Kim de se faire passer pour Kevin Costner afin de monter une arnaque. Cette dernière ne voit pas du tout le rapport entre l'acteur et son copain. Pourtant, cette astuce a déjà fonctionné par le passé, et Saul s'en vantera même auprès de Walter White. Mais Kim ne voit pas le rapport.

                                 

                                Saul est Kevin CostnerJimmy est Kevin Costner

                                 

                                Easter-egg de l'épisode 8 :

                                 

                                • La boîte récupérée par Jimmy dans le flashback au début de l'épisode est la même qu'a conservé Gene dans le flashforward au début du tout premier épisode de la série. Difficile d'oublier totalement son passé, j'imagine...

                                   

                                    Les pansements de GeneLes pansements de Jimmy

                                     

                                    Easter-egg de l'épisode 9 :

                                     

                                    • Lors de son footing au centre commercial, Saul passe devant une boutique qui ne laissera pas les fans indifférents !

                                     

                                    • À la fin de l'épisode, Saul rentre au bureau avec une bouteille de Zafiro Añejo, la célèbre tequila bleue qu'utilisera Gus Fring pour se débarrasser de Don Eladio et ses hommes, et à laquelle Jimmy et Ken Wins s'étaient déjà saoûlés dans Switch.

                                     

                                    Saul et sa bouteille

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